De abitibiexpress.ca
Le Refuge Pageau a soigné puis relâché son premier spécimen d'urubu à tête rouge à vie cet été. La présence accrue de cette espèce d'oiseau dans la région est un autre signe bien tangible des changements climatiquesJonathan Sirois, technicien en santé animale au Refuge Pageau, a eu le privilège de relâcher l'oiseau.
L'urubu à tête rouge, que l'on surnomme parfois le vautour du Québec, est un oiseau nécrophage qui se nourrit des cadavres d'animaux dans la nature.
«C'est la première fois qu'on en soigne un ici au Refuge. Et ce n'est pas un oiseau qui avait été recueilli en Outaouais puis conduit ici. Il devait être en train de mourir de faim. Il est rentré dans un garage chez un monsieur de Rouyn-Noranda. Ce dernier a appelé les agents de la faune, qui nous l'ont amené ici», relate Félix Offroy, directeur général du Refuge Pageau et lui-même passionné de la faune ailée.
Reprendre des forces
L'urubu n'était pas blessé, mais il était grandement affaibli parce que sous-nourri.
«Il était sans doute juvénile. On lui a donné de la nourriture, un toit et une sécurité pendant environ un mois et demi, le temps de lui permettre de reprendre ses forces. Puis, on l'a transféré dans une voilière, où on a pu s'assurer qu'il était capable de s'alimenter par lui-même dans un plus grand espace. Il mangeait bien et il volait bien, alors on a pu lui rendre sa liberté avant la migration vers le sud», précise M. Offroy.
«Cet oiseau nécrophage joue un rôle important pour la décomposition des carasses animales dans la nature, poursuit-il, en ajoutant que cette espèce est protégée à certains endroits aux États-Unis. Il joue donc un rôle important pour les écosystèmes. Ces oiseaux ont un sens de l'odorat très développé et peuvent détecter les gaz produits par la décomposition des animaux du haut des airs, bien plus souvent qu'ils ne vont voir les carcasses.»
«Au Refuge, on n'étudie pas les données sur la température, mais on est à même de constater les effets du réchauffement par ces signes que l'on observe dans la nature» - Félix Offroy
Le nord se rapproche du sud
La présence accrue de cet oiseau dans la région, tout comme celle de plus en plus d'autres espèces animales comme le geai bleu, le grand pic ou le raton laveur, témoigne selon Félix Offroy du phénomène des changements climatiques qui s'opèrent dans le Nord québécois.
«La carte de répartition des oiseaux nicheurs ne place même pas l'urubu à tête rouge dans notre région. Si on en voyait un à l'occasion il y a quelques années, on remarque de nos jours plusieurs observations durant l'été. Au Refuge, on n'étudie pas les données sur la température, mais on est à même de constater les effets du réchauffement par ce que l'on observe dans la nature», confie-t-il.