De aisnenouvelle.frLA FERE - Il hait les chats depuis qu’ils ont tué ses oiseaux. Cet homme, qui vit avec un arsenal de guerre, a achevé au calibre 12 un chaton broyé dans un piège.
Les énormes dents du piège à mâchoires se sont refermées sur le chaton, le broyant inexorablement. En dépit de tous ses efforts, l'animal n'a pu se dégager des griffes de fer.
Ses miaulements ont guidé sa maîtresse, une adolescente de 16 ans. Après avoir escaladé un mur la jeune fille a juste eu le temps de voir son petit chat miauler une dernière fois avant que son voisin, dans la cour duquel se trouvait le piège, ne le tue d'un coup de fusil.
La scène se passe à La Fère, le 15 août dernier.
Jeudi, le père de l'adolescente s'est constitué partie civile devant le tribunal correctionnel de Laon. Le voisin devait répondre de sévices graves ou actes de cruauté envers un animal, de destruction volontaire sans nécessité d'un animal, de détention sans motif légitime de substance ou produit explosif et de détention sans autorisation d'armes ou munitions de première ou quatrième catégorie.
Car chez lui les policiers ont découvert un véritable arsenal. Des obus, dont un en activité, trois fusils de calibre douze, des sacs de jute dans lesquels se trouvait de la poudre noire. Le tout à côté de l'uniforme militaire soigneusement plié du père du Laférois. Et non loin des soixante-dix pièges à mâchoires glanés par ce chauffeur routier au gré de ses parcours. « Un obus c'est tout vissé. Je le mets dans un baquet d'eau, je dévisse la tête… Je n'ai jamais eu aucun problème », a assuré à la substitut Verbrugghen le quinquagénaire, initié aux armes par son père, qui a « fait la Seconde guerre mondiale ».
Les démineurs ont investi les lieux
C'est peut-être son père qui lui a soufflé l'idée du dispositif découvert par les policiers : une ficelle accrochée au lit, reliée à la fenêtre puis à la porte permettant, en cas d'ouverture de cette dernière, de faire basculer sur l'intrus des bouteilles d'eau.
Aussitôt, les démineurs ont pris possession de la petite maison aux pièces sombres et sans meubles (le quinquagénaire les a vendus pour payer la maison de retraite à ses parents, aujourd'hui décédés), figée dans les années soixante.
Une maison qui, un temps, a abrité le secret de ce chauffeur routier sans vie sociale, qui a partagé sa vie entre ses parents, avec lesquels il a vécu jusqu'à leur départ en maison de retraite, et son travail. Ce secret ce sont des perruches. « Des oiseaux magnifiques, il en a eu jusqu'à trente. Il les a installés dans son garage car c'était le seul endroit bien éclairé de la maison », note Me Myriam Panzani, avocate du prévenu.
Un jour, en rentrant du travail, le Laférois constate que tous ses oiseaux ont été tués par des chats.
Depuis, il voue aux félins une haine implacable.
« La cruauté exercée sur le chat est certaine »
La substitut Verbrugghen a requis à l'encontre de cet homme, au casier judiciaire vierge, un an de prison avec sursis et 200 euros d'amende : « La cruauté exercée sur ce petit chat est certaine. Par ailleurs ce monsieur n'est pas dangereux que pour les chats. Il n'a pas conscience de la dangerosité des obus. Et les poudres explosives ont été prises en charge par les démineurs et non placées sous scellés car il y avait un risque. »
Me Myriam Panzani, après avoir dépeint le quotidien particulier du prévenu, qui avait été hospitalisé d'office après la garde à vue et qui suit désormais un traitement, a plaidé la relaxe pour la destruction volontaire d'animal, arguant « qu'il n'a tué le petit chat que pour abréger ses souffrances. »
Le tribunal a condamné le Laférois à quatre mois de prison avec sursis, 100 euros d'amende. Il devra en outre verser à la partie civile (dont la famille a déménagé depuis) 200 euros au titre du préjudice moral.
Florence DELTOUR
Source : http://www.aisnenouvelle.fr/article/faits-divers-%E2%80%93-justice/lamoureux-des-oiseaux-acheve-au-fusil-un-chaton-broye-par-un-piege