De laprovence.comRéchauffement climatique oblige, cet oiseau exotique est de plus en plus présent en Vaucluse, en particulier dans les roches des Dentelles de Montmirail, où il fait son trouLes guêpiers, ou "merops apiester", arrivent d'Afrique de l'Ouest au début du mois de mai. Une de leurs colonies niche dans les Dentelles de Montmirail. Ces oiseaux migrateurs repartent dès les premiers orages de septembre.Le viticulteur Alain Ignace nous montre les trous creusés par les guêpiers qui nichent sur son domaine d'une année sur l'autre. A cause du désherbant et des insecticides, de nombreux petits passereaux sont moins fréquents dans nos garrigues et nos vignobles. Mais ce n'est pas l'unique raison.
"S'il y a beaucoup moins d'hirondelles qu'avant, c'est aussi parce qu'il n'y a plus de troupeaux de moutons autour des fermes, explique Alain Ignace, vigneron à Beaumes-de-Venise. Et les hirondelles se nourrissent uniquement des mouches qui sont maintenant plus rares. Mais nous avons d'autres oiseaux qui arrivent d'Afrique pour la saison estivale. Les guêpiers qui viennent en groupe nicher dans des trous à hauteur d'homme ."
De fins météorologues
Les guêpiers d'Afrique pour les uns ou d'Europe pour les autres (mais merops apiester pour les ornithologues), nichent depuis très longtemps dans nos massifs vauclusiens sans qu'on ne leur prête trop attention.
Très exigeant pour le choix du lieu et la texture de la terre pour creuser son habitat, volant généralement assez haut dans le ciel, contrairement aux oiseaux qui pépient à proximité des maisons, le guêpier ne s'est pas trop fait remarquer.
Pourtant, ceux qui l'ont approché ont pu constater qu'il était remarquable.
Au pied des dentelles de Montmirail comme dans d'autres massifs vauclusiens et de Provence, cet oiseau d'Afrique de l'Ouest est donc fréquent mais relativement discret.
Comme pour les premiers chants de cigale, qui servent de repère pour évaluer le début des vendanges sur une parcelle (le raisin arrive à maturité environ deux mois et vingt jours après le premier chant d'une cigale dans une vigne), les guêpiers d'Europe sont également fins météorologues.
"Ils arrivent toujours entre le 1 et le 10 mai, observe empiriquement Alain Ignace. Cette année, ils sont arrivés le 10. Ce qui correspond bien au retard de l'arrivée de l'été. Leur départ, au mois de septembre, correspond toujours avec l'arrivée d'un orage. Ce sont des oiseaux qui n'aiment pas la pluie. D'ailleurs, alors qu'ils sont très familiers le matin lorsqu'ils se posent au bord de leur nid, lorsqu'il pleut, ils sont au fond de leur trou".
Les agriculteurs - qui ne connaissent pas toujours le nom précis de ces oiseaux qu'ils rebaptisent - vivent en osmose avec la nature qu'ils écoutent lorsqu'elle parle, lorsqu'elle chante.
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L'art de la photo
Pour signifier qu'il ne peut être disponible sur commande, l'agriculteur utilise parfois l'expression "Je ne suis pas pendu à un crochet !". Dépendant et adapté au temps qu'il fait, le guêpier pourrait reprendre cette expression populaire à son compte.
Au lever du jour, ce volatile aime se poser sur les piquets de vigne ou les arbustes à proximité de son nid.
C'est le meilleur moment pour l'observer, voire le photographier. Mais encore faut-il qu'il fasse beau. Car en cas d'intempéries, il est invisible, cloîtré au fond de son trou.
Mais comme il a quand même un besoin impérieux de se dégourdir les ailes, au premier rayon de soleil de la journée, il va se risquer à faire une petite sortie. En fin d'après midi, après la sieste finalement, tous ensemble, ils se retrouvent tous très haut dans le ciel.
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"Les jeunes oiseaux aident les parents"
Frédéric Lamouroux, ornithologue au parc du Pont de Gau (Camargue), observe les guêpiers depuis de nombreuses années :
"Il y a beaucoup d'espèces de guêpiers. Celui qui vient nicher en Vaucluse, et depuis quelques années, avec le réchauffement, beaucoup plus haut en France, est le merops apiester. Lorsqu'il repart, il va passer l'hiver au sud du Sahara. Cet oiseau a une structure familiale intéressante parce que certains jeunes peuvent aider pour nourrir les nichées suivantes. De par cette organisation on pense qu'ils sont fidèles aux lieux où ils vivent. Ils sont très exigeants en nidification puisque la terre pour faire leur trou doit être meuble, bien exposée, sans prédateur, avec de l'eau à proximité. Si les insecticides font du tort, les oiseaux savent rapidement s'adapter. Il faut se méfier lorsque l'on parle de la fréquence ou la disparition d'une espèce. Parfois, juste elle se déplace. C'est le cas de l'hirondelle qui va ailleurs par manque d'insectes mais aussi par manque de granges ouvertes pour nicher".
Bernard Sorbier
Source : http://www.laprovence.com/article/actualites/2393639/vaucluse-ces-guepiers-dafrique-qui-volent-la-vedette-aux-hirondelles.html