De seclin@lavoixdunord.fr
Il ne fait pas bon essayer de rentrer dans la volière où un couple de buses cherche le repos... On aura été quitte à rentrer la tête dans les épaules.
Quentin Dhuiège avait prévenu. Le jeune homme de 27 ans explique : « Je ne savais pas quoi faire après le bac. Et puis, mes parents sont chasseurs, ils sont devenus puristes et se sont mis à la fauconnerie. » Le Pévélois a appris à connaître le milieu de la fauconnerie et s'est pris de passion pour les rapaces au point de décider, il y a environ trois ans, d'en faire son métier. « J'ai effectué plusieurs stages en Belgique pour mieux connaître les oiseaux et, aujourd'hui, je sais les manipuler, poursuit-il. C'est de l'effarouchement, pas de la chasse ! » Alors qu'il commence à développer son élevage (« Il y a eu trois jeunes, cette année », confie-t-il), les clients commencent à s'intéresser, eux aussi, à cette façon de faire fuir les nuisibles. « En général, ils ont essayé d'autres techniques plus conventionnelles, mais ça ne marche pas ! » Le rapace, lui, est efficace, esthétique et naturel. La principale cible, ce sont surtout les pigeons qui envahissent les villes. Mais il propose aussi ses services contre les goélands, les corneilles, les nuées d'étourneaux qui peuvent ravager les cultures en quelques jours... Sans oublier les piégeages par cages et la lutte contre les lapins, pour laquelle il dispose d'un couple de furets.
Certificat d'élevage
Avec un certificat pour l'élevage d'agrément, un autre pour l'effarouchement et des autorisations pour posséder des espèces protégées, Quentin Dhuiège a fait ses premières armes à l'université de technologie de Compiègne, où une colonie de pigeons avait décidé de squatter, rendant le campus invivable. Aujourd'hui, il travaille aussi pour des entreprises, des cartonneries ou une verrerie, des gares. Il est également en contact avec les responsables d'un aéroport... « Effaroucher, c'est créer un milieu hostile. Il faut attaquer et maintenir régulièrement la pression, explique-t-il encore.
Le pigeon est très rapide et, contre lui, il faut créer une réelle surprise pour l'éloigner durablement. Pour ça, les buses de Harris sont les plus faciles à dresser (on parle d'affaitage dans le milieu) elles ne volent pas à une hauteur phénoménale mais sont très bonnes en milieu urbain.
» Et le fauconnier dévoile les principales étapes de son métier : l'élevage, en veillant à ce que ce soient les parents qui nourrissent l'oisillon et pas l'homme, afin de développer une certaine agressivité faire voler les rapaces et leur apprendre à revenir. « Un jour, j'ai perdu une buse pendant trois jours dans une déchetterie du Pas-de-Calais parce qu'il y avait beaucoup de vent maintenant, je lui mets un émetteur », se souvient-il en souriant de cette mésaventure.
Quant à la chasse, si elle est question d'instinct, c'est aussi une affaire de dosage de nourriture. « Un oiseau qui travaille tous les jours doit être pesé quotidiennement, afin qu'il ait sa bonne ration de poussins. S'il n'est pas assez nourri, il sera trop faible et moins performant, mais il faut qu'il ait suffisamment mangé pour ne pas tuer le nuisible à chasser. Il faut entretenir la faim après, c'est une question d'habitude.
» Si le fauconnier maîtrise la technique, il reste modeste : « Ces oiseaux sont très intelligents, parfois un peu trop...
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