De rtbf.be
Les eaux rejetées par la société Hesby Frost, une usine de légumes surgelés, vont en effet servir à alimenter une réserve ornithologique en péril. Le projet pourrait sauver des espèces rares, comme la panure à moustache
La société Hesby Frost, une usine de légumes surgelés issue de l'ancienne Marie Thumas, s'apprête à acheter le décanteur de Hollogne-sur-Geer. L'entreprise va gérer ce site à l'abandon avec des fermiers et avec un groupe de sauvegarde de l'environnement.
Le décanteur de Hollogne, c'est une quarantaine d'hectares, avec sept bassins où les eaux d'une râperie de betteraves de la Raffinerie Tirlemontoise sont longtemps venues s'épurer. Des oiseaux, parfois rares, ont pris l'habitude d'y nicher. Le gorge bleu à miroir, la panure à moustache, et le grèbe à cou noir.
Mais voilà, l'industrie sucrière s'est arrêtée, voici deux ans. Et ce coin de paradis pour l'avifaune est menacé. Philippe Finken, de l'association Natagora: "Si nous ne le remettons pas sous eau régulièrement, le site va se reboiser et il va s'appauvrir en termes d'espèces qui viennent s'abriter. On a déjà ici l'exemple de deux bassins qui nécessiteraient un apport d'eau assez urgemment. D'un côté une très belle roselière et de l'autre côté un bassin qui est en train de se reboiser par des saules".
Il se trouve qu'à deux kilomètres de là, une usine de légumes surgelés rejette ses eaux de blanchiment des haricots et des petits pois dans une rivière voisine. Et il se trouve que ses cultivateurs ont besoin parfois d'énormément d'eau pour arroser. Jean-Marc Pirard, de la coopérative agricole des fournisseurs: "Je vais prendre l'exemple extrême de l'épinard pour lequel parfois, entre le semis et la récolte, s'écoule un laps de temps de 4 semaines donc tout stress hydrique en cette période se solde par des différences de rendement fort importantes. On se trouve avec des cultures qui nécessitent absolument la possibilité d'irrigation pour palier les périodes de sécheresse".
D'où le projet des trois partenaires : la firme, Hesby Frost rachète la parcelle ; elle envoie un quart de million d'hectolitres excédentaires. Les fermiers s'en servent pour irriguer, et les amis de la nature, pour sauver le biotope, à aménager en site pédagogique.
Le budget n'est pas encore totalement bouclé. Le calendrier et les modalités de gestion restent à définir, mais le principe est acquis.
Un projet qui va permettre de concilier la nature et l'industrie, l'économie et l'écologie.
M. Gretry