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Grâce aux quelques 1100 mangeoires à oiseaux installées dans la forêt d’Oxford et à des techniques analytiques des chercheurs anglais ont pu étudier les interactions sociales des chauves-souris.Murins de Daubenton avec leurs bagues d'identification. Andrew Harrington
Lors du meeting de la British Ecological Society’s, Tom August du Centre pour l’Ecologie & l’Hydrologie a exposé une représentation de la vie sociale des chauves-souris. Il s’est concentré sur deux espèces, le murin de Daubenton (Myotis daubentonii) et le murin de Natterer (M. nattereri).
Le chercheur a examiné des centaines de chauves-souris qui utilisent les mangeoires à oiseaux, disséminées un peu partout dans la forêt d’Oxford, comme perchoirs l'été, durant une période de cinq ans. Les chauves-souris sont équipées de minuscules bagues en aluminium avec un numéro unique, permettant d’identifier chaque individu. Les chercheurs ont ensuite utilisé des méthodes d’analyse des réseaux sociaux pour obtenir une image détaillée de la vie sociale de ces deux espèces.
Ils ont constaté que même si les chauves-souris changent régulièrement de perchoirs, elles vont presque toujours se percher avec le même groupe, formant des groupes sociaux dont les membres sont exclusifs.
Selon Tom August : « Les deux espèces de chauve-souris que nous avons étudiées sont connues pour changer de perchoirs fréquemment, ce qui rend l’étude de leur population difficile. Cependant, le grand nombre de chauves-souris avec des bagues d'identification et le repérage systématique des mangeoires, nous ont permis de comprendre les interactions individuelles à grande échelle. Nous montrons que les populations sont composées de groupes sociaux et que chaque groupe social a un territoire qui chevauche peu avec ceux des autres groupes. »
Les résultats ont des implications importantes tant pour les chauves-souris que pour les humains. Les chauves-souris sont des espèces menacées, notamment en raison de la diminution de leur habitat, en révélant la manière dont les chauves-souris vivent en groupes sociaux distincts, l'étude montre que les efforts de conservation devraient se concentrer sur des groupes plutôt que sur des individus.
Les chauves-souris peuvent aussi être porteuses de plusieurs maladies dangereuses pour l'homme, dont la rage. Selon Tom August : « Comprendre comment les chauves-souris au sein d'une population interagissent les unes avec les autres nous aidera à savoir comment ces maladies se propagent dans cette population et peut fournir des moyens de limiter les risques de contamination à l’homme. »
J.I.
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