De zegreenweb.com
Après des examens post-mortem sur des milan royaux, des scientifiques ont constaté plusieurs cas de blessures liées au port d'un appareil de suivi...
Les appareils de suivi des oiseaux jouent un rôle déterminant dans la compréhension de leur comportement et par extension dans la sauvegarde des espèces menacées. De plus en plus utilisés, ils auront par exemple aidé à la réintroduction du milan royal en Grande-Bretagne. Au bord de l’extinction il y a encore deux décennies, sa population s’élève désormais à environ deux-milles individus outre-Manche.
Des examens post-mortem effectués sur certains spécimens de l’espèce inquiètent cependant les experts. Depuis l’An 2000, les vétérinaires de la Société zoologique de Londres (Grande-Bretagne) ont autopsié 180 milans royaux. Un sur dix avait été équipé d’un transmetteur radio, satellite ou GPS sur le dos et parmi ceux-ci quatre présentaient des blessures liées aux appareils, qu’ils avaient portés pendant trois à cinq ans.
Les dispositifs de suivi auraient même provoqué la mort directe de l’un d’entre eux et accéléré celle des autres. Les chercheurs ont par ailleurs constaté que deux spécimens ne se sont pas accouplés, sans avoir pu déterminer pourquoi. Il serait enfin vraisemblable que d’autres décès liés aux appareils de suivi n’aient pas été comptabilisés.
C’est la première fois que les scientifiques se penchent sur cette question, ce que déplore Andrew Dixon, membre de l’association International Wildlife Consultants, qui souligne « le profil important de la plupart des projets de suivi des oiseaux ». Les conclusions de la Société zoologique de Londres ont néanmoins amené l’organisme public Natural England et l’organisation British Trust for Ornithology à publier de nouvelles consignes quant aux examens post-mortem des oiseaux.
« Tant que d’autres études à long-terme ne seront pas effectuées, il sera impossible de déterminer si nos résultats sont signe d’un plus gros problème chez les milans royaux. Il est également nécessaire d’appliquer ces études à d’autres oiseaux portant des appareils de suivi puisque nous ne savons pas si ce sont les milans royaux qui présentent une prédisposition à de telles blessures ou si d’autres sont également en danger », a de son côté préconisé Rebecca Vaughan-Higgins, de la Société zoologique de Londres, laquelle s’est aussi aperçue que les milans royaux portant un dispositif sur leur queue et non dans le dos ne présentaient quant à eux aucune blessure liée audit appareil. Précisons que cette forme de suivi se fait sur une durée plus courte, d’une part car les appareils ne peuvent être placés sur l’oiseau qu’une fois qu’il a quitté son nid, d’autre part car il se détache tout seul avec la mue des plumes. Ainsi l’oiseau ne le porte qu’un an, alors que les autres appareils montés sur le dos sont maintenus même lorsque les batteries sont à plat, les enlever étant une opération délicate qui ne provoquerait que davantage de stress chez l’animal.
« A chaque fois que vous ajouterez un poids sur un oiseau, cela aura un certain effet. Il est important de faire en sorte que ça reste un minimum», renchérit Ian Carter, ornithologue au sein du Natural England. Ne reste plus qu’à réfléchir aux moyens d’améliorer les appareils de suivis et d’en réduire les contraintes. Sans perdre de vue qu’ils sont primordiaux dans l’étude et la sauvegarde des oiseaux.
Crédits photos : flickr - kristos_b / FurLined