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Jeune monarque de Fatu Hiva. (Photos de Tom Ghestemme)
Le Monarque de Fatu Hiva, ou oma’o ke’eke’e en marquisien, est un oiseau endémique de cette île de l’archipel des Marquises. Si en 2000, les estimations de la taille de population étaient comprises entre 200 et 500 couples, en 2006 les chiffres ne s’élevaient plus qu’à 275 individus ; les prospections les plus récentes ont montré qu’il ne restait plus que 70 monarques de Fatu Hiva dans le monde.
Ce Monarque, le plus gros de son genre, possède la particularité d’avoir de “gros sourcils” (touffes de plumes au dessus des yeux). Les adultes sont entièrement noirs tandis que les jeunes sont colorés de marron, roux et blanc.
Le oma’o ke’eke’e peut se retrouver dans tous les types d’habitats boisés entre le niveau de la mer et 750 m d’altitude, mais préfère les vallées humides possédant une forêt dense et luxuriante. Il y chasse des insectes et des araignées de toutes sortes et nourrit parfois son poussin avec des queues de geckos, ressource renouvelable, puisque la queue repousse !
Monarque de Fatu-Hiva sur son nid.
Un chant original
Le oma’o possède un chant original, ressemblant au “miaulement du chat à qui l’on marche sur la queue”. Très peu de connaissances existent sur cette espèce, par exemple la couleur de l’œuf n’a seulement été découverte qu’en août 2011.
Côté culturel, il jouit d’un statut particulier auprès des habitants de l’île : parfois oiseau de mauvais augure, il apporte des nouvelles aux gens qui comprennent des mots lorsque l’oiseau chante (en marquisien ! ). Il a donc une aura assez forte sur les personnes de plus de 40 ans, qui possèdent toutes des histoires se rapportant à un événement annoncé par l’oiseau ; les plus jeunes quant à eux n’ont jamais vu l’espèce !
Les rats noirs arrivés récemment sur l’île, cachés dans les marchandises apportées par les bateaux de commerce, sont responsables de cette situation. Ils montent le long des troncs et attaquent les nids. Les très fortes densités de rats empêchent les oiseaux de se reproduire et progressivement la population de monarque vieillit, sans remplacement des générations.
Les chats harets, retournés à l’état sauvage, peuvent capturer des oiseaux adultes et constituent une menace pour cette population très réduite. La protection contre les rats est réalisée toute l’année par dératisation sur l’ensemble des territoires des oiseaux, à l’aide d’anticoagulants déposés dans des stations prévues à cet effet sur tous les territoires accessibles connus et par le piégeage des chats dans les zones abritant les derniers monarques.
Un programme de sauvegarde
Ces actions sont indispensables à la réussite du programme de sauvegarde ; actuellement 26 oiseaux dont 9 couples sont protégés et aucune prédation de nid n’est à déplorer depuis décembre 2009, dans les zones protégées contre les rats.
Ce programme est financé par le Territoire de la Polynésie Française, BirdLife International et la Critical Ecosystem Partnership Fund. Les financements du territoire pour cette espèce ne sont pas assurés pour 2011 et 2012, ce qui place cette espèce dans une situation très inquiétante, car sa survie dépend entièrement de la poursuite des actions de conservation.
La société d’ornithologie de Polynésie “Manu” (SOP - Manu) lance donc un appel pour la sauvegarde de cette espèce qui peut disparaître dans les années à venir. Si un certain nombre de sociétés ou de particuliers donnent chacun quelques milliers de Fcfp, cette somme permettra d’étendre les actions de conservation pour cette espèce la plus menacée de Polynésie.
Par ailleurs, Thomas Ghestemme (Chargé des programmes Oiseaux Terrestres à la Société d’Ornithologie de Polynésie depuis 2008) au nom de la SOP - Manu souhaite remercier les habitants les plus impliqués dans le programme : Emmanuel Terorohauepa, Lionel Cantois, Simone et Roberto Maraetaata, Turia et Arthur Matohi, Stephano Tueinui, ainsi que Emmanuelle Portier et Stéphane Ricatte, bénévoles de la SOP qui ont participé au programme. K
A. K.
(d’après un communiqué de Thomas Ghestemme)