Comme chaque année, entre fin août et mi-novembre, les oiseaux migrateurs reprennent la route vers le sud. Et comme chaque année, des passionnés les guettent et les observent, procédant à un décompte.
La majeure partie des sites d’observations de la migration des oiseaux, en France, se répartissent sur le front ouest ou sur la diagonale nord-est/sud-ouest. Chaque année, des observateurs amoureux des oiseaux, équipés de jumelles, viennent observer cette migration et s’appliquer à compter les passages. Les décomptes quotidiens sont rapportés sur le site www.migraction.net.
Sur ce site, est expliqué que, "grâce à sa géographie, sa diversité et son climat varié, la France est une étape cruciale pour des millions d’oiseaux migrateurs". Ils sont nombreux à survoler le parc naturel de la Grande Corniche (dans les Alpes-Maritimes) qui possède un "camp de migration" près du fort militaire de la Revère. Installé à 675 mètres au-dessus du village d’Eze, il s’agit d'un des principaux sites d'observation en Méditerranée.
En 2010, 130.000 oiseaux migrateurs ont été aperçus au-dessus du parc naturel, rapporte TV5monde. En dix ans, plus d'un million d'oiseaux de 129 espèces différentes y ont été recensés apportant une mine d'informations aux ornithologues. Guidés par Michel Belaud, un expert de la Ligue pour la protection des oiseaux, les observateurs recensent les oiseaux qui les survolent.
Une diversité d'espèces étonnante
"Ce matin nous avons vu des guêpiers d'Europe, mes préférés aux six couleurs", s'émerveille le spécialiste. Mardi, 3.210 guêpiers d'Europe, aux touches rouges, jaunes et bleues, ont défilé au-dessus de leurs têtes. C’est "un record" pour le site, souligne le naturaliste. Jacques, un bénévole du camp du fort de la Revère explique "on peut passer deux cents heures sans rien voir", la récompense suprême étant "une coche" dans son livre d'oiseaux, lorsqu'on aperçoit une espèce pour la première fois. Emu, Jacques vient de cocher le faucon d'Eléonore, une apparition rare.
Fin août déjà, "94 cigognes blanches sont passées en vol groupé, telles des grands voiliers" mais il faudra encore attendre un mois pour voir passer, en octobre, des pigeons ramiers (ou palombes) qui peuvent être plus de 20.000 par jour. Ceux-ci volent pendant quatre heures d'affilée, indique l’expert. L'observateur attend surtout avec impatience les circaètes Jean-le-blanc, avec leurs ailes d'une envergure de 1,75 mètres. Ces aigles sont les plus grands à planer ici et à fondre en piqué sur les collines pour attraper des serpents.
Des trajectoires différentes selon les oiseaux
Ces rapaces, qui se servent de la brise marine et des courants dynamiques pour leurs vols planés, arrivent du nord-est de l'Europe et longe la côte jusqu'en Espagne. Comme l’explique M. Belaud, en hiver, lorsque les reptiles hivernent, les circaètes ne pourraient pas survivre. Mais les oiseaux migrateurs sont dotés d'une "mémoire génétique" déterminant les bonnes dates de départ pour l'Afrique et d'un "compas" pour sélectionner une trajectoire sûre, résume le naturaliste.
Pour changer de continent, les oiseaux passent par le détroit de Gibraltar, au sud de l’Espagne, où la traversée ne représente que 15 kilomètres. D’autres oiseaux préfèrent cependant passer à l’est, par Eilat, en Israël. Sur une carte, Michel Belaud indique les trajectoires empruntées par dix cigognes suisses équipées de balises. Neuf avaient fait le bon choix en passant par Gibraltar, réussissant à atteindre le Mali ou la Mauritanie pour se reproduire. La dixième avait opté pour une traversée directe de la Méditerranée et était morte près des côtes tunisiennes.