De canoe.ca
Du haut d'une colline, nous admirons ce splendide patrimoine culturel de l'humanité tel que proclamé par l'UNESCO, la ville de Cuzco, la capitale de l'Empire Inca.
Tout nous semble exceptionnel dans cette cité où les pierres et les briques racontent l'histoire de ce pays de rêve, le Pérou, depuis sa fondation jusqu'à sa colonisation par les Espagnols.
Sur les toits rouges dominent deux statuettes, celles du bonheur et de la prospérité, ces espoirs recherchés par toutes les civilisations qui se sont succédé dans la vallée sacrée des Incas.
Au milieu de mes émerveillements, des appels bruyants attirent soudain mon attention. Camouflées au sommet d'un feuillu dense, des voix débitent un répertoire de cris disparates, d'imitations allant de miaulements aux claquements de becs accompagnés de sons éraillés et rugueux. On dirait une bande de joyeux lurons en plein festival. Un débat d'experts…
La capitale des Incas
Le guide finalement repère un magnifique couple d'oiseaux exclusifs au Nouveau Monde. Il les nomme geais Incas, ces geais dont l'appellation fait aujourd'hui l'objet de débats passionnés parmi les experts. En 2009, à «l'International Ornithological Congress» des spécialistes ont suggéré de séparer le geai vert vivant en Amérique du Nord du geai Incas observé en Amérique du Sud.
Laissons les divers groupes de spécialistes en débattre pour décrire les magnifiques photos qui ont résulté de cette rencontre. Les deux sexes sont semblables avec des parties supérieures et le dessus des ailes d'un beau vert doux tandis que les parties inférieures sont généralement d'un vert-jaune pâle.
La tête, la calotte et la nuque sont bleues, mais ce qui impressionne le plus c'est une courte crête à la base de la mandibule supérieure formée par les petites plumes nasales et frontales qui ressemblent à de curieux pompons.
Omnivore, le geai Inca se nourrit de tout ce qui peut lui tomber sous le bec: insectes, graines, petits fruits, glands, oeufs et ce sans-gêne peut même dévorer les petits d'autres espèces.
Particulièrement débrouillard, ce membre de la famille si réputée des corvidés a appris à se servir de brindilles pour débusquer les insectes réfugiés sous des abris de fortune.
Des geais Incas
Des aides domestiquesLe bonheur et la prospérité
Également astucieux, mais surtout désireux de ne pas s'épuiser en élevant ses petits, le couple reproducteur du sud se distingue du couple plutôt solitaire et renfermé de geais verts du nord en rassemblant ses semblables dans le but exclusif de les utiliser comme des aides ménagers. Les petits au nombre de 3 à 5 sont nourris principalement par ces embauchés (ces aides domestiques) involontaires.
Évolution surprenante de cet oiseau mais fort explicable dans cette région où les conflits ont toujours visé à améliorer le sort du vainqueur.
Repères
Nom français:
Geai Inca ( vert)
Nom scientifique:
Cyanocorax yncas
Description:
Exclusif au Nouveau-Monde, aspect inoubliable. Deux sexes semblables. Unique geai ayant un plumage vert. Calotte et nuque bleus. Du noir sur la tête, le menton, la gorge et la bavette.
Distribution:
Du sud du Texas au Mexique et en Amérique Centrale (absent du Nicaragua, du Panama) Amérique du Sud: Colombie, Venezuela, Équateur, Pérou, Bolivie
Intriguer même les experts
Notre collaborateur
Jean Léveillé est un médecin spécialiste en médecine nucléaire qui depuis plus de 25 ans s'intéresse au sens de la vie sur Terre. L'oiseau est rapidement apparu comme un sujet fascinant pour étudier son incroyable diversité. Il lui a permis de côtoyer des guides spécialisés et des peuples particulièrement proches de la faune ailée. À son retour, il a voulu partager ces connaissances avec les gens de son pays et d'ailleurs. Il écrit dans des revues, publie des livres en langue française et anglaise et donne des conférences s'adressant à tous les publics incluant les écoliers. Il a récemment participé en compagnie de son inséparable complice Denise à un film de la série Humanima qui sera diffusé entre autres sur la chaîne internationale de TV5 en 2012. Depuis plusieurs années, il nous invite à le suivre chaque samedi dans le cahier weekend. La chronique Drôles d'oiseaux nous présente quelques-unes de ses 110 000 photos. Elle relate ses rencontres avec des oiseaux surprenants, des populations étonnantes, croisés dans plus de 110 pays…
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