De midilibre.fr
Les étangs gelés, il devient impossible au flamand rose de manger. (FRANÇOISE TALLIEU)
Leur instinct de survie les pousse encore à se réfugier au fond de la pièce, à notre approche, mais avec une lenteur qui laisse deviner leur degré d’affaiblissement. Il y a quelques heures encore, ces trois flamants roses étaient voués à mourir de froid.
“Requinquer” les flamands
Repérés sur les salins de Campignol, l’étang de Bages, et celui de Port-la-Nouvelle, ils ont été conduits, hier matin, dans les locaux de la Ligue de protection des oiseaux, à Mandirac.
Là, dans une pièce transformée en centre de collecte et de transit, ils grappillent quelques croquettes versées dans des bassines d’eau, non loin d’un chauffage d’appoint, en attendant d’être conduits dans un centre de soin créé dans l’urgence au sein de la clinique vétérinaire du docteur Péricard, à Sigean.
Le spécialiste de la faune sauvage anciennement attaché à la Réserve africaine, va “requinquer” les volatiles - par gavage s’il le faut - et réactiver la circulation sanguine dans les pattes en les suspendant dans un linge, avant de les relâcher.
Trente et un volatiles ont déjà été sauvés, depuis les premières opérations de récupération, mercredi, à Gruissan. Ils sont aujourd’hui partis pour le parc ornithologique du Pont de Gau, en Camargue. Devant l’ampleur du phénomène, la préfecture a autorisé, samedi, les sites de Mandirac et Sigean à accueillir les oiseaux en détresse.
"Le flamand se laisse prendre les pattes dans la glace"
S’il n’est pas le seul à souffrir du froid, le flamant rose est particulièrement exposé car il trouve sa nourriture exclusivement dans les étangs. Ces derniers étant gelés, il lui devient impossible de manger. Son organisme puise alors dans ses réserves.
"Après la graisse, les muscles sont attaqués, détaille Mathieu Bourgeois, chargé de mission à la LPO. Comme il n’a plus la force de voler, il se laisse prendre les pattes dans la glace". Un millier de flamants roses subirait la vague de froid, dans l’Aude.
"5 700 avaient été comptabilisés, à l’entrée de l’hiver, révèle le spécialiste. 4 000 ont pu gagner l’Espagne et l’Afrique. Les autres, trop faibles pour braver le vent, sont restés".
Quinze oiseaux étaient encore soignés, hier, à Sigean, tandis que d’autres, prisonniers sur l’étang de Pissevaches, attendaient d’être sauvés par les pompiers. L’hécatombe devrait néanmoins toucher à sa fin puisque les températures sont annoncées positives dès mardi.