De paris.fr
Sur les 178 espèces d’oiseaux qui se reproduisent en Île-de-France, une espèce sur quatre est actuellement menacée. La bécassine des marais, le butor étoilé et le râle des genêts... ne font plus partie de nos paysages. La Sarcelle d’été, le Busard cendré ou le Guêpier d’Europe... sont en voie d'extinction. Pour la première fois, la démarche d’élaboration d’une Liste rouge régionale des espèces menacées a été appliquée aux oiseaux nicheurs d’Île-de-France. Ce premier état des lieux révèle une situation particulièrement préoccupante : 39 espèces sur 151 évaluées sont actuellement menacées dans la région.
151 espèces évaluées
Sur les 178 espèces d’oiseaux qui se reproduisent en Île-de-France (ou s’y sont reproduits depuis 1950), une catégorie de menace a été attribuée à 151 d’entre elles. Les espèces introduites et les nicheurs accidentels n’ont pas été évalués. Le constat est alarmant ! Dix espèces sont déjà considérées comme disparues de la région au cours des 50 dernières années (ex : la Bécassine des marais, le Butor étoilé ou le Râle des genêts). Quatorze sont « en danger critique d’extinction » (ex : la Sarcelle d’été, le Busard cendré ou le Guêpier d’Europe), 7 sont classées « en danger » (ex : le Cochevis huppé, le Phragmite des joncs et la Fauvette pitchou) et 18 sont «vulnérables » (ex : le Vanneau huppé, l’Alouette lulu ou le Gobemouche noir). Ce sont donc 39 espèces qui sont actuellement menacées dans la région soit plus d’une espèce sur quatre.
Un constat à rapprocher de celui de la Liste rouge des oiseaux menacés de France, publiée en mai 2011, puisque la situation francilienne s’aligne sur la situation nationale : dans les deux cas, ce sont un peu plus du quart des espèces nicheuses qui sont menacées.
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Oiseaux des champs
La moitié du territoire de l'Ile-de-France est constituée de terres agricoles, la productivité accrue de l'agriculture avec une hausse considérable de l'emploi de produits chimiques a fortement contribué à la disparition de plusieurs espèces d'oiseaux nicheurs. Il s’agit majoritairement d’espèces insectivores, particulièrement affectées par l’usage des pesticides qui les prive de leur ressource alimentaire. 6 espèces parmi les 10 éteintes de notre région sont des espèces qui dépendaient des espaces ruraux agricoles.
Dans certains cas l'action des produits chimique peut nuire de manière indirecte. Exemple: pour le faucon pélerin, la présence d'insecticide DDT dans les organes digestifs des petits rongeurs dont il se nourrit provoque un amincissement de la coquille des oeufs. Trop fine elle s'écrase au moment de la couvaison.
Oiseaux des marais
En Île-de-France les zones humides se restreignent et ne représentent plus qu’environ 2% du territoire contre 5% il y a plus d’un siècle. Ainsi bécassine des marais, Butor étoilé, Guifettes noire et moustac ont disparu de la région ces 60 dernières années. La Rousserolle turdoïde, le Canard souchet, la Sarcelle d’été et la Sterne naine qui se reproduisent aussi dans les milieux aquatiques sont « En danger critique d’extinction ».
Oiseaux des bois
En forêt, la Grive musicienne ou le Grosbec casse-noyaux sont en augmentation. En revanche, les populations de Pie-grièche grise et de Pic cendré, affichent un déclin rapide et encore mal expliqué. Le déclin des populations régionales de Pouillot siffleur et de Mésange boréale s’inscrit dans un contexte plus vaste, probablement lié en partie aux changements climatiques.
Côté positif
Pour d’autres espèces, telles que la Chouette chevêche ou l’Œdicnème criard, le développement de programmes de conservation spécifiques permet d’obtenir des résultats satisfaisants en Île-de-France. Ces deux espèces ne sont plus directement menacées dans la région. Le martin-pêcheur niche à nouveau à Paris. Et le faucon pèlerin, attiré par les pigeons qui sont ses proies favorites, revient dans les terrains de la Petite ceinture, à Beaugrenelle et à la Défense.
Cette Liste rouge pose donc les premières bases d’une meilleure connaissance des espèces menacées de la région et encourage la poursuite et l’accentuation des efforts de protection des espèces mais aussi et surtout de leurs habitats et de leurs ressources alimentaires. Car on ne saurait protéger efficacement une espèce sans préserver d’abord l’habitat dont elle dépend, et son bon état de fonctionnement.