De estrepublicain.fr
La nichée de grands corbeaux récupérée in extremis avant le dynamitage du château d’eau de Villers-la-Combe, fin mars, n’a pas survécu. La LPO se fâche. Le dynamitage du château d’eau du Chaney, fin mars, à Villers-la-Combe, n’a pas fini de provoquer des remous. Après les tentatives désespérées des habitants du secteur pour repousser cette échéance, c’est désormais la Ligue de protection des oiseaux (LPO) qui s’en mêle.
On s’en souvient, à la dernière minute, un représentant de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) avait procédé au sauvetage d’une nichée de grands corbeaux, dont le nid était perché à 18 mètres de hauteur, sous la partie sommitale de l’édifice. Les oisillons n’ont pas survécu. Or, il s’agit d’une espèce rare, « à ne pas confondre avec la corneille noire ou le corbeau freux » et intégralement protégée. Les amis des oiseaux n’entendent pas en rester là.
Environ trois semaines avant les travaux, « les deux maires de Villers-la-Combe et Vellerot-lès-Vercel ont été informés de la présence de cette espèce protégée », indique la LPO, qui estime que « la démolition a été réalisée en toute connaissance de cause, alors qu’un report à mi-mai, puisque la démolition n’était pas liée à une menace pour la sécurité publique, aurait suffi à l’envol des jeunes ».
Malgré leur prise en charge par le Centre Athénas du Jura, spécialisé dans les soins aux animaux en difficulté et en particulier aux oiseaux, les oisillons n’ont pas survécu en raison du stress qu’ils ont enduré, trouble lié à la préparation du dynamitage.
« La perturbation des lieux, débutée dès le dimanche matin, s’est accentuée le lundi, malgré les alertes sur des travaux en contradiction avec la loi » dénonce la LPO, qui pointe les entreprises Pellegrini et Dubat T.P.
Extrêmement remontée et visiblement bien décidée à provoquer une prise de conscience générale de tous les acteurs de cette malheureuse opération, l’association précise : « La LPO a agi en amont en prévenant l’ONCFS à partir du 21 février…, soit plus d’un mois avant le lancement des travaux, puis, en désespoir de cause, ne pouvant se résoudre à l’issue fatidique qu’un minimum de concertation et d’organisation aurait permis d’éviter, en se rendant sur les lieux le lundi en fin de journée, confirmant, ce que tout le monde savait ou presque, à savoir l’existence d’un nid occupé par une espèce protégée par la loi. Elle a demandé de mettre fin au préjudice. »
Cela a visiblement été pris en compte trop tard. Ce n’est que le mardi matin, l’explosion étant programmée à 15 h, qu’un agent de l’ONCFS est monté pour prélever le nid et ses six occupants, âgés d’une dizaine de jours.
La LPO, qui dénonce ces entorses faites en toute connaissance de cause à la loi par les divers protagonistes, rappelle que ces faits, même si le délit n’est pas entièrement constitué, sont répréhensibles, punissables d’un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende. Et demande « que toute la lumière soit faite sur cette affaire et que les auteurs répondent de leurs actes ».
Fred JIMENEZ
Sources : http://www.estrepublicain.fr/doubs/2012/04/16/ils-auraient-pu-etre-sauves