De lavoixdunord.frLa cigogne est la livreuse de bébés des images d'Épinal. À Saint-Venant, la seule plate-forme artificielle de nidification connue dans le département a vu naître cinq adorables cigogneaux. En cadeau de baptême, chacun a reçu deux bagues. On était invité à la cérémonie.
Une opération «baguage», c'est le comble pour un oiseau migrateur!PAR ISABELLE MASTIN
bethune@info-artois.fr
Tournoyant dans les airs, le bel oiseau semble inquiet. Il n'ose approcher mais ne quitte pas son nid des yeux. Ni la bande d'énergumènes agglutinés sur l'herbe. D'habitude, la rue du Bas-Hamel, au bout du bout de Saint-Venant, est réputée si tranquille... Cela dit, pas de chasseurs en vue - l'espèce est protégée - et si ces hommes et ces femmes sont armés, ce n'est que d'appareils photos. Leur idée : immortaliser un événement assez rare pour que la Ligue de protection des oiseaux et la police de l'environnement se soient déplacées.
Le couple réputé d'une fidélité exemplaire qui a élu domicile sur la plate-forme en janvier 2010 a vu éclore ce printemps cinq cigogneaux. Un record ! « D'habitude, c'est plutôt trois ou quatre », explique Claude Dubois, le président départemental de la LPO. Ceux-ci ont à peine cinq semaines. Le moment idéal pour les baguer : leurs ailes ne sont pas complètement formées, ils ne risquent pas de se carapater. Ce qui ne constitue pas une raison pour les traiter sans égards. « Seul un bagueur peut se charger de l'opération », poursuit le président tandis que celui auquel il fait allusion s'installe dans une nacelle.
Si le cigogneau ne vient à Albert Millot, alors il ira à lui. Technicien pour le parc naturel régional Caps et Marais d'Opale, il fait partie de la trentaine de professionnels de la région disposant d'une « autorisation de capture ». L'un des plus forts effectifs avec la région PACA. Logique : « On est sur un axe de migration. » Un couloir à oiseaux.
Albert n'est pas sujet au vertige mais c'est sans brusquerie qu'il se laisse hisser jusqu'au nid. « Le baguage n'est pas un acte anodin. C'est stressant pour l'oiseau. Sa sécurité passe avant tout. » Aller vite sans se précipiter. Il cueille délicatement chacun des cigogneaux, qu'il dépose à ses pieds dans la nacelle. Première sortie pour les oisillons pétrifiés qui découvrent ébahis le plancher des vaches.
De ses mains expertes, Albert Millot fixe deux bagues. Une par patte, d'un diamètre adapté pour suivre la cigogne toute sa vie (26 ans en gros). « La bague en aluminium est celle du Muséum d'histoire naturelle de Paris. L'autre, en plastique, porte le nom identifiant l'oiseau.
» Avantage de la seconde : le nom est lisible à la longue-vue. La première sert surtout lors de la découverte du cadavre d'un oiseau.
En quelques minutes, la fratrie retrouve son nid. À quoi serviront ces bagues ? « Les observations qu'on nous transmet renseignent sur la fidélité dans les couples, sur ce que deviennent les jeunes, mais aussi sur les migrations. » Où l'on apprend que plus que les axes, ce sont les dates de départ qui changent. « L'influence du réchauffement climatique. » Mais il faudra patienter avant d'avoir des nouvelles des cinq cigogneaux baptisés lundi. « Il faut environ 4 ans pour qu'ils atteignent leur mâturité sexuelle.
» Et pour que, comme leurs frères et soeurs bagués l'an dernier, les prenne l'envie de faire leur nid. « Il est possible qu'ils reviennent ici, en tout cas dans un rayon de 20 km. » La cigogne est attachée à ses racines.
Une chance pour cette plate-forme unique dans le département. Presque le hasard. Claude Dubois se souvient qu'il y a trois ans, « le couple nidifiait sur un arbre juste là, dans la peupleraie. » Il s'y trouvait bien jusqu'à ce que le propriétaire abatte ledit arbre... « La loi l'interdit, on parle d'une espèce protégée. » La solution, après concertation, est devenue cette plate-forme. France Télécom, partenaire de la LPO, a offert le poteau et les services techniques saint-venantais ont fait le reste. « Le jour où on l'a installée, ils nous observaient. Puis le mâle est venu, et la femelle a suivi. » La crémaillière au bout des pattes.
Source : http://www.lavoixdunord.fr/region/dans-le-seul-nid-artificiel-du-departement-cinq-jna30b0n519230 
Sujet: Dans le seul nid « artificiel » du département, cinq cigogneaux sont nés à Saint-Venant 
Sam 16 Juin - 18:49
