Quand les mammifères et les oiseaux communiquent pour se protéger
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joel16 Administrateur
Messages : 12739 Date de naissance : 16/04/1963 Date d'inscription : 14/05/2009 Age : 61 Localisation : Lagarde sur le Né Emploi/loisirs : Ambulancier / Eleveur de Kakariki et Fondateur du Forum Humeur : Bonne , oui mais ... !
Sujet: Quand les mammifères et les oiseaux communiquent pour se protéger Mer 20 Juin - 10:55
De ornithomedia.com
Des individus appartenant à différentes espèces peuvent réussir à communiquer s'ils utilisent le même mode de communication (auditif par exemple) et si les signaux émis peuvent être perçus mutuellement. Les objectifs de cette communication sont variés : signaler la présence d'un prédateur, être tenu informé de son arrivée, s'associer pour l'éloigner, rechercher de la nourriture ... Des études récentes ont révélé l'existence de systèmes d'alarme entre des oiseaux et des mammifères. Dans une thèse publiée en 2012, Joshua Shipp, un étudiant de la California State University, a analysé l'effet des cris d'alarme de quatre espèces d'oiseaux sur un rongeur, le Spermophile de Californie.
La diffusion de cris de houspillage de la Mésange nonnette (Poecile palustris) peut entraîner la réaction de quatre espèces d'oiseaux. Photographie : Steffen Hannert / Wikipedia
La communication entre les individus d'une même espèce peut avoir plusieurs fonctions : le signalement ou l'éloignement d'un prédateur, la collecte d'informations sur des sources de nourriture, la capture de proies, l'élimination de concurrents, la formation d'alliances, ... Mais des animaux appartenant à des espèces différentes peuvent aussi échanger des informations pour des raisons diverses, qui dépendent du type de relation qui existe entre eux. Certains prédateurs peuvent imiter leurs proies ou émettre des signaux visuels trompeurs pour augmenter les chances de les capturer. Les proies ont élaboré différentes tactiques pour repérer le plus en amont possible les signaux émis par leurs prédateurs ou les indices laissés par eux (urines, fèces, ..). Les proies peuvent aussi signaler à leurs prédateurs qu'elles sont toxiques, dangereuses ou difficiles à tuer. Par exemple, le chant de l'Alouette des champs (Alauda arvensis) constituerait un indicateur de l'état de santé de l'oiseau : on a découvert que les Faucons émerillons (Falco columbarius) chassaient de préférence les alouettes chantant mal ou peu quand elles étaient poursuivies ! Des espèces en compétition pour la même source de nourriture s'observent entre elles afin de profiter de leurs capacités respectives à trouver des proies : c'est le cas des Pygargues à tête blanche (Haliaeetus albicilla), qui suivent les corvidés et les urubus car ils localisent plus facilement qu'eux les carcasses. Beaucoup d'oiseaux migrateurs choisissent en priorité pour nicher les secteurs où la densité en oiseaux appartenant à d'autres espèces est élevée : il s'agit en effet d'un indice que le secteur est riche en nourriture et/ou pauvre en prédateurs. De nombreuses espèces vivent en groupes, ce qui leur permet de bénéficier de la protection du groupe, de la vigilance de ses membres et d'une augmentation de la probabilité de trouver de la nourriture, surtout durant la mauvaise saison. Des espèces différentes peuvent s'associer pour chasser un prédateur (lire Le houspillage ou mobbing) : on a constaté que les cris de houspillage de certaines espèces en faisaient réagir d'autres; ainsi, quatre espèces ont été attirées par la diffusion de cris de houspillage de la Mésange nonnette (Poecile palustris), six par ceux du Carouge à épaulettes (Agelaius phoeniceus), et 31 par ceux de la Mésange bicolore (Baeolophus bicolor) ! Cette communication entre passereaux est parfois très élaborée : les Sittelles à poitrine rousse (Sitta canadensis) ajustent ainsi leur réaction en fonction des variations des cris des Mésanges à tête noire (Poecile atricapillus).
Des systèmes d'alarme hétérospécifiques
Le Cardinal rouge (Cardinalis cardinalis) est en alerte quand il entend les battements d'ailes d'une Tourterelle triste (Zenaida macroura) s'envolant brusquement. Photographies : Naturespicsonline.com / Stephen Wolfe / Wikipedia
Des oiseaux peuvent réagir aux signaux d'alarme ou aux bruits de fuite émis par des espèces très différentes : par exemple, les Cardinaux rouges (Cardinalis cardinalis) et les Moineaux domestiques (Passer domesticus) augmentent leur vigilance quand ils entendent les battements d'ailes des Tourterelles tristes (Zenaida macroura) s'envolant brusquement. Des recherches récentes ont révélé l'existence de signaux d'alarme hétérospécifiques, y compris entre des oiseaux et des mammifères, voire des reptiles ! Les Oplurus de Cuvier (Oplurus cuvieri), des petits iguanes de Madagascar, sont vigilants quand ils entendent les cris d'alarme du Tchitrec malgache (Terpsiphone mutata), et l'Iguane marin des Galápagos (Amblyrhynchus cristatus) réagit à ceux du Moqueur des Galápagos (Mimus parvulus). La Mangouste rayée (Mungos mungo) est réceptive aux signaux émis par trois espèces de pluviers, probablement parce qu'ils ont l'Aigle martial (Polemaetus bellicosus) comme prédateur commun. Le Dik-dik de Gunther (Madoqua guentheri), une toute petite antilope, est attentif aux cris du Touraco masqué (Corythaixoides personatus) car ils constituent les proies des mêmes prédateurs.
Le Singe vervet (Cercopithecus pygerythrus) reconnaît et répond aux cris d'alarme du Spréo superbe (Lamprotornis superbus). Photographies : Fanny Schertzer / Lip Kee Yap / Wikipedia
Beaucoup d'interactions entre oiseaux et mammifères impliquent des primates : le Singe vervet (Cercopithecus pygerythrus) reconnaît et répond aux cris d'alarme du Spréo superbe (Lamprotornis superbus). Le Calao à casque jaune (Ceratogymna elata) est sensible aux cris des Cercopithèques diane (Cercopithecus diana), tandis que le Calao à casque noir (Ceratogymna atrata) répond à la fois aux cris du Cercopithèque diane et du Mone de Campbell (Cercopithecus (mona) campbelli). De son côté, le Cercopithèque diane écoute les alarmes des perdrix. Deux espèces de calaos du genre Tockus avertissent les Mangoustes naines (Helogale parvula) de la présence de dangers, et leur collaboration est constante, étroite et exclusive : ces oiseaux les avertissent ainsi spécifiquement des dangers les concernant. Les Écureuils roux (Sciurus vulgaris) réagissent aux cris des Geais des chênes (Garrulus glandarius), les deux espèces ayant plusieurs prédateurs communs (épervier, chouette, martre, chat). De même, le Tamia rayé (Tamias striatus) répond aux cris de la Mésange bicolore.
Le cas remarquable du Spermophile de Californie
Spermophile de Californie (Otospermophilus beecheyi). Photographie : Howcheng / Wikipedia
Généralement, les systèmes d'alarme hétérospécifiques n'impliquent que deux espèces. Joshua Ship a étudié entre octobre 2008 et février 2011 les réactions du Spermophile de Californie (Otospermophilus beecheyi) à la diffusion de cris d'alarme d'oiseaux partageant son habitat : le Colin de Californie (Callipepla californica) (écoutez son cri d'alarme), le Tohi de Californie (Melozone crissalis) (écoutez son cri d'alarme), le Tohi tacheté (Pipilo maculatus) (écoutez son cri d'alarme) et le Bruant chanteur (Melospiza melodia) (écoutez son cri d'alarme).
Voir la vidéo :
Joshua a diffusé les cris et les chants de ces derniers à proximité de colonies de spermophiles dans deux secteurs des Loma Linda Hills (sud de la Californie). Il a également testé l'effet des cris d'alarme du Geai des chênes (Garrulus glandarius), un oiseau absent de son habitat et d'Amérique du Nord. Son objectif était de vérifier si les cris d'alarme de ces oiseaux augmentaient la vigilance du rongeur et provoquaient chez lui un comportement de fuite et si leurs chants, émis quand la situation est calme, avaient l'effet inverse. Il a constaté que les spermophiles réagissaient aux cris alarmes du Colin de Californie, du Tohi de Californie et du Bruant chanteur, mais pas à ceux du Tohi tacheté. Leurs chants n'avaient pas d'effet. Les cris d'alarme du Geai des chênes, inconnus et donc surprenants pour les spermophiles, les faisaient fuir mais sans augmenter leur vigilance. Ce système d'alarme, impliquant un mammifère et trois espèces d'oiseaux, est le plus élaboré jamais décrit entre des vertébrés appartenant à des ordres différents.
Pourquoi les spermophiles réagissent-ils aux cris de certains oiseaux ?
Le Seprmophile de Californie réagit aux cris d'alarme du Colin de Californie, du Tohi de Californie et du Bruant chanteur. Photographies : William H. Majoros / Walter Siegmund / DickDaniels / Wikipedia
Les biologistes estiment généralement que la réaction d'un oiseau à un signal d'alarme hétérospécifique serait liée à la similarité de ce dernier avec le sien, du fait notamment de l'existence d'un ancêtre commun : par exemple, les Mésanges charbonnières (Parus major) réagissent aux cris de la Mésange à tête noire (Poecile atricapillus), qui vit pourtant en Amérique du Nord. Mais la ressemblance entre les cris d'alarme ou de houspillage d'oiseaux distincts pourrait aussi s'expliquer par la convergence évolutive, qui aboutirait à l'apparition d'un modèle optimal de signal, facile à localiser et à large bande passante pour être audible par un maximum d'espèces. Il existe ainsi une certaine similarité entre le cri d'alarme du Spermophile de Californie et celui du Tohi de Californie : mais la ressemblance n'est pas évidente avec ceux du Colin de Californie et du Bruant chanteur. L'apprentissage et la transmission de la signification des cris de ces deux espèces expliquent certainement davantage la réaction de vigilance accrue des spermophiles à leur diffusion. Le Colin de Californie, le Tohi de Californie et le Bruant chanteur sont des oiseaux diurnes, relativement communs et ayant les mêmes ennemis que les spermophiles, et ils constituent donc des "avertisseurs sonores" fiables. Le Tohi tacheté étant plus rare et ses prédateurs différents, ses cris d'alarme seraient moins utiles pour le rongeur L'absence de réaction des spemorphiles aux chants des oiseaux s'explique peut-être parce que ces derniers font partie du bruit de fond et ne contiennent pas d'information significative. Il est probable que les populations de spermophiles de l'Oregon, qui ne sont pas en contact avec le Tohi de Californie, ne réagiraient pas à la diffusion de cris d'alarme de ces derniers. Cette collaboration entre espèces distinctes, qui contribue à améliorer le taux de survie, suppose que la disparition de l'une d'entre elles pourrait avoir un effet défavorable sur l'état des populations des autres.
Shipp Joshua (2012). Interspecies communication and alarm call eavesdropping on multiple birds by a sympatric mammal. Californie State University. http://dspace.calstate.edu/handle/10211.2/1137
Messages : 3887 Date de naissance : 30/09/1946 Date d'inscription : 01/01/2010 Age : 78 Localisation : Cévennes Emploi/loisirs : retraitée Humeur : Du jour
Sujet: Re: Quand les mammifères et les oiseaux communiquent pour se protéger Mer 20 Juin - 11:53
Très intéressant.
Chez moi, ma chienne Daisy se précipite pour voir ce qui se passe quand les kak lancent leur cri d'alarme. Et vice versa. Si c'est pas de la communication entre espèces ça. lol. D'ailleurs, je me précipite aussi.
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joel16 Administrateur
Messages : 12739 Date de naissance : 16/04/1963 Date d'inscription : 14/05/2009 Age : 61 Localisation : Lagarde sur le Né Emploi/loisirs : Ambulancier / Eleveur de Kakariki et Fondateur du Forum Humeur : Bonne , oui mais ... !
Sujet: Re: Quand les mammifères et les oiseaux communiquent pour se protéger Mer 20 Juin - 14:30
Et tu aboies ou tu cries comme les Kak ? Je te rassure chez moi c'est la même chose mis à part que fabienne roule au lieu d'accourir
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taichoup29 Administrateur
Messages : 1892 Date de naissance : 30/12/1956 Date d'inscription : 17/08/2010 Age : 67 Localisation : Bretagne Emploi/loisirs : Infirmier en invalidité, éleveur amateur Humeur : Calme et sérieux
Sujet: Re: Quand les mammifères et les oiseaux communiquent pour se protéger Mer 20 Juin - 14:31
J'ai aussi remarqué cela lorsque je vends une calopsitte ou que je déplace des inséparables et que l'oiseau concerné pousse des cris de désapprobation, automatiquement dans chaque box et même dehors, les kakariki poussent leur cri d'alerte, les Calopsittes volent partout, les serins volettent aussi, bref ça crée un souc pas possible.
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Sujet: Re: Quand les mammifères et les oiseaux communiquent pour se protéger
Quand les mammifères et les oiseaux communiquent pour se protéger