De journaldemontreal.comUne vacance en Martinique l’hiver c’est le soleil, la plage et des soirées rythmées par des musiques exotiques et stimulantes. Y retourner prend souvent la forme d’un petit pèlerinage où le goût du différent nous amène à découvrir des oasis tropicales aux rencontres inattendues.
Ainsi en est-il de ce discret jardin privé où une fière Martiniquaise désirait absolument nous présenter ses petits colibris. Au milieu de ce véritable paradis-terrestre, un oiseau-mouche, comme elle l’appelait familièrement, d’une beauté exceptionnelle venait cueillir son précieux nectar. Les pétales légers et effilochés lui semblaient exclusifs en raison de son long bec noir subtilement recourbé.
VRAI OU FAUX DON JUAN ?
Aussitôt, notre hôtesse nous décrit le comportement assez particulier de son visiteur : le colibri madère. Depuis des années elle observe le stratagème de ces mâles excentriques aux mœurs particulières lorsque vient le temps de la reproduction. Ils sont véritablement obsédés par le besoin de séduire le plus grand nombre de femelles et ils défendent avec acharnement leur territoire de « chasse ». Tout d’abord, il leur faut bien maîtriser les chorégraphies qui feront scintiller les coloris du plumage aux miroitements exceptionnels et auxquels bien peu d’admiratrices sauront résister.
Se méfier des amants passionnés même chez les oiseaux.
Rapidement charmée, l’heureuse conquête se laisse étourdir par les promesses du beau Brummell, par ce magicien du paraître qui dès la copulation satisfaite s’enfuit en s’empressant d’oublier toute responsabilité parentale. Vagabond, évitant toute relation stable, il multiplie les coups de foudre sans lendemain tout en se réservant un vaste territoire alimentaire dont il se réserve l’exclusivité.
Abandonnée, monoparentale, la femelle doit ériger le nid, couver les œufs, nourrir puis élever seule les petits. Rapidement les vivres viennent à manquer, car le maître des lieux multiplie les tournées pour vider les fleurs de « sa banlieue » tout en épargnant un assez vaste centre.
Affamées, épuisées, les « ex » désespérées et flouées tentent une ultime démarche. À leur grande surprise, elles découvrent que le royaume du « beau gars » recèle encore de nombreuses fleurs intactes et gorgées de nectar.
Mais, pour obtenir un laissez-passer, les mères doivent à chacune de leurs visites consentir au maître des lieux une autre et une autre faveur sexuelle. Ont-elles vraiment le choix ?
Source : http://www.journaldemontreal.com/2012/06/30/le-colibri-madere