De sur-la-toile.comLes oiseaux marins apportent la preuve que les eaux de la côte ouest de l'Amérique du Nord deviennent aussi polluées que la tristement célèbre mer du Nord. Cette nouvelle étude a été menée par Stephanie Avery-Gomm de l'Université de Colombie-Britannique au Canada. Elle a étudié le contenu des estomacs d'oiseaux marins vivant sur la côte ouest du Canada, mais aussi sur les côtes des états de Washington et de l'Oregon aux États-Unis.
L'oiseau utilisé est le fulmar boréal. Ces oiseaux nichent en grandes colonies sur les falaises. Ils ont la taille des goélands avec une envergure de 1 à 1,2 mètre. Ils se distinguent des mouettes ou des goélands principalement par leurs vols qui les rapprochent des oiseaux de haute mer : ils volent en s'appuyant longuement sur chacune de leurs ailes.
Un de leurs habitats préférés se trouve être le nord du Pacifique, lieu de l'étude. Comme l'indique l'auteure principale Stéphanie Avery-Gomm, ces oiseaux jouent le même rôle que les canaris dans les mines, ils sont des indicateurs de danger. Les fulmars boréaux sont les éclaireurs de la pollution aux plastiques des océans. Leurs estomacs contiennent un cliché instantané du niveau de pollution de la partie de l'océan dans laquelle ils vivent.
Ils se nourrissent exclusivement dans les eaux océaniques, avalant du même coup le plastique. Cet élément de pollution reste pendant un bon moment dans l'estomac des fulmars, ce qui facilite leur analyse et leur échantillonnage. Depuis le début des années 1980, cette technique d'analyse est utilisée pour mesurer le niveau de pollution au plastique dans la mer du Nord. On a pu voir sur ces dernières décennies une augmentation notable du niveau des plastiques polluant les eaux.
67 cadavres de fulmars ont été disséqués. 92,5% d'entre eux contenaient des plastiques. Il y avait environ 36 morceaux de plastiques différents par oiseau, chiffre insensé ! Le record sur l'échantillon est de 454 morceaux de plastiques pour un seul estomac. Bien sûr, chacun de ces morceaux de plastique représente une petite quantité puisque le poids de plastique par estomac est en moyenne de 0,385 gramme.
Les chercheurs précisent que, sur cette population d'oiseaux, le poids d'un corps est d'environ 2,25 kilogrammes, ce qui rend non négligeable la quantité de plastique détectée. Malgré la proximité d'une grande pollution dans le Pacifique, le plastique n'était pas encore considéré comme un problème sur ces côtes d'Amérique du Nord. Et pourtant, l'étude trouve des chiffres similaires aux prélèvements faits dans la mer du Nord.
Face à cette nouvelle, les chercheurs proposent un suivi annuel du taux de pollution aux plastiques observé dans les estomacs des fulmars. Ces chiffres permettront de connaitre l'évolution de la pollution, mais aussi l'efficacité des politiques environnementales, qui ne manqueront pas d'être élaborées.
Pour aller plus loin: Stephanie Avery-Gomm, Patrick D. O’Hara, Lydia Kleine, Victoria Bowes, Laurie K. Wilson, Karen L. Barry. Northern fulmars as biological monitors of trends of plastic pollution in the eastern North Pacific Marine Pollution Bulletin.
Source : http://www.sur-la-toile.com/article-16064-Les-oiseaux-marins-temoins-de-la-pollution-du-Pacifique..html