De lepoint.frRenards, faucons, hérons... La capitale n'attire pas que les touristes, la gent animale y semble aussi à l'aise et recolonise la ville. Visite guidée. Sur les bords du lac Daumesnil, au bois de Vincennes. © GARDEL Bertrand / hemis.fr Ils reviennent... D'année en année, le nombre d'espèces animales résidant dans la capitale augmente. Aujourd'hui, elles seraient 1 400. À l'instar de nombreuses villes européennes, Paris a profondément remanié sa politique des espaces verts : on coupe moins les arbres, on laisse pousser fleurs et mauvaises herbes et, surtout, la quantité de pesticides a diminué de 90 % en 10 ans !
Qui dit moins de pesticides dit plus d'insectes et de prédateurs... Parmi les insectes, outre les redoutables termites et charmantes libellules, on compte aujourd'hui 300 ruches dans Paris : bois et jardins, bien sûr, mais aussi la verrière du Grand Palais, le très chic Opéra ou encore le toit de la mairie du 4e arrondissement. Désormais, chaque quartier a son miel : parc Georges-Brassens, Luxembourg, Parc floral... même le Crédit municipal vend le "miel de ma tante" produit par ses ruches dans le Marais.
Poissons-chats dans la Seine
Dans la Seine, tout un monde de "petites bêtes" grouille aussi : moules, méduses d'eau douce et pléthore d'écrevisses ! Importée pour repeupler la Seine à la fin du XIXe siècle, l'écrevisse rouge américaine a tellement pris ses aises que, pour lutter contre sa prolifération, des silures ont été introduits en 1980. Véritable monstre caché des bas-fonds de la Seine, le silure peut atteindre 2 mètres et 50 kg et s'avère un redoutable carnivore s'attaquant aux poissons, aux crustacés et même aux rats !
Le poisson-chat n'est pas non plus parisien d'origine : il se serait échappé des aquariums du Muséum d'histoire naturelle, lors d'une vidange de bassin, pour coloniser ensuite la Seine, via les égouts. Le temps est révolu quand, il y a 40 ans, la Seine ne comptait plus que trois ou quatre sortes de poissons. Grâce à de gros efforts d'assainissement et d'oxygénation du fleuve, une trentaine d'espèces cohabitent aujourd'hui : gardons, tanches, goujons, truites, perches, brochets ou encore anguilles sont revenus, et l'on peut parfois apercevoir des rats musqués grignoter le long des berges.
Le faucon à Notre-Dame
Si vous pensez que le pigeon est l'emblème du ciel de Paris, revoyez vos copies, car, des soixante espèces d'oiseaux de la capitale, le faucon crécerelle, qui niche dans les tours de Notre-Dame, reste le roi. Une cinquantaine de couples habitent intra-muros, avec une prédilection pour les nobles bâtiments et hauts points de vue : arc de triomphe, tour Eiffel, Invalides, Sacré-Coeur, tour Saint-Jacques... Mais l'événement du moment est l'arrivée ces dernières années de l'épervier d'Europe, avec six couples qui auraient élu domicile aux Buttes-Chaumont, au parc Montsouris, au Père-Lachaise, à la BNF et, tout récemment, à Montmartre.
Amoureux des oiseaux et ornithologues en herbe, à vos jumelles ! Direction les parcs Montsouris, de Bercy ou Martin-Luther-King pour y admirer le héron cendré, parfaitement adapté au milieu urbain. Avec un peu de chance, vous apercevrez un martin-pêcheur sur les bords de la Seine et des grives ou goélands argentés au Jardin des plantes. Enfin, armé de patience, à la nuit tombée, rendez-vous à Montmartre pour débusquer la chouette hulotte, comme le rapporte le Paris sauvage (éditions Petite plume de carotte) : "C'est le plus discret des animaux parisiens. Même en volant, elle se fait silencieuse, et ce n'est qu'à la nuit tombée qu'elle débarrasse la capitale de quelques petits rongeurs."
Des perruches au Père-Lachaise
Et des rongeurs, il y a en a autant que d'habitants, soit six millions sous nos pieds. Sous terre également, le grillon a élu domicile. Il apprécie la chaleur et l'humidité du métro et il chante du côté d'Oberkampf et de Bonne Nouvelle. Il a même son association, la Ligue de protection des grillons du métro parisien. Tout comme la pipistrelle, la chauve-souris du 14e, pour laquelle les associations ont obtenu que des travaux soient réalisés en fonction de sa période d'hibernation, ou encore les hérissons de la porte de la Chapelle, unique colonie intra-muros, menacée par un projet de travaux et âprement défendue par ses protecteurs.
Le renard, s'il n'a pas son association de défense, n'en a pas moins l'indulgence des Parisiens dont il vient faire parfois les poubelles vers Les Halles, la nuit... Il existe une belle tribu au cimetière de Thiais, mais certains spécimens habiteraient aussi Paris intra-muros. On pourrait même l'apercevoir dans le métro ! Plus exotiques et incongrus, certains animaux sont devenus parisiens malgré eux. Ainsi, les perruches, au plumage vert, se rencontrent désormais couramment au Parc floral ou au Père-Lachaise. Également, la tortue de Floride, abandonnée dans les parcs publics et qui fait de gros dégâts, car elle est très vorace : elle s'attaquerait même aux canards et aux oiseaux ! Quant aux reptiles, n'ayez pas trop de craintes, les cas de boas ou pythons en liberté se cantonnent à quelques très rares faits divers. Le seul reptile que connaisse Paris est le lézard des murailles sur les berges de la Seine...
Par Sophie Bartczak
Source : http://www.lepoint.fr/societe/ou-voir-des-animaux-sauvages-a-paris-28-07-2012-1490491_23.php