De granville.maville.comLe chapelet d'îles protège ses oiseaux depuis plus de quarante ans.De quoi se lisser les plumes et se reproduire en toute quiétude.Les 1 000 couples de cormorans huppés représentent 1 % de la population mondiale. Les 800 couples de goélands marins placent Chausey entre la 2e et la 3e place au niveau national, quand les 200 couples d'huîtriers-pie en font la 1re colonie française. Chez les oiseaux on se passe le mot. Au large de Granville, se trouve un territoire bien tranquille sur lequel on peut se reproduire et se nourrir.
« Le site présente un intérêt régional et national voire international pour certaines espèces », explique Fabrice Gallien, responsable de la réserve ornithologique de Chausey auprès du Groupe ornithologique normand (GONm). Le site compte en effet la 1re colonie française d'huîtriers-pie, oscille entre la 2e et la 3e place avec sa colonie de goélands marins et constitue le seul site de reproduction français pour le harle huppé. Les 1 000 couples de cormorans huppés représentent quant à eux 1 % de la population mondiale.
Des îlots très protégés
Les ornithologues ont recensé « 235 espèces qui ont été vues au moins une fois depuis qu'on y travaille, avec en moyenne 130 espèces annuellement », précise le scientifique. Avoir découvert le premier nid de harle huppé en 2008 et aperçu deux ans plus tard une sterne de Dougall « pour la première fois en Normandie », a autant marqué cet amoureux de Chausey que l'ornithologie régionale.
La SCI, propriétaire des îlots et des deux tiers de la grande île, a d'ailleurs pris le parti de protéger très tôt les oiseaux marins sédentaires et autres invités des pays nordiques. « Ce sont des précurseurs, explique-t-il. Ils ont commencé à protéger le site vers 1970, avant même la demande de création de la réserve de chasse. »
Le naturaliste, aidé d'une quarantaine de bénévoles du GONm, travaille sur la grande île mais se focalise particulièrement sur les îlots. « Entre le 15 juin et le 15 septembre, l'accès y est toléré. Des arrêtés préfectoraux le limite le reste de l'année pour protéger les oiseaux nicheurs. » Outre le risque d'écraser un oeuf ou un poussin, les visiteurs venus admirer le point de vue dérangent les adultes qui laissent leurs nids à la merci des rats, du soleil ou des intempéries. Après plus de dix ans de travail, le scientifique constate que globalement la réglementation est respectée. « Au printemps, au moment du comptage des nids sur les îlots, on nous interpelle pour nous dire que c'est interdit. C'est le signe que c'est passé dans les moeurs. »
Veiller aux relationsde bon voisinage
Fabrice Gallien est également en lien avec les professionnels de la mer qui travaillent à Chausey. Les goélands, macreuses et eiders ayant une fâcheuse tendance à piocher dans les moulières des mytiliculteurs. « Nous avons compris l'enjeu pour les professionnels. Un groupe de travail a été mis en place il y a plus de dix ans. L'effarouchement et la destruction ont été encadrés avec des quotas et des conditions bien définies, précise-t-il. Les résultats sont bons, il n'y a pas d'exagération de chaque côté. » Parfois il a fallu mettre fin à de vieilles idées reçues chez les pêcheurs. « Une légende laisse entendre que le cormoran pourrait avaler sept fois son poids en poisson, c'est techniquement impossible », affirme Fabrice Gallien.
Mélanie CONTENT.
Pour en savoir plus. Oiseaux des Îles Chausey, textes de Fabrice Gallien, aquarelles de Jean-Loup Eve. Éditions Aquarelles, 120 pages, 25 €. www.editionsaquarelles.com
Source : http://www.granville.maville.com/actu/actudet_-Chausey-un-royaume-pour-les-oiseaux_fil-2212915_actu.Htm