De ornithomedia.comEn octobre 2012, Bruno Tredez a pu observer et photographier une scène parentale amusante dans le parc national de Ruaha (Tanzanie).Mâle adulte de Ganga à face noire (Pterocles decoratus) abritant son poussin du soleil, parc national de Ruaha (Tanzanie), octobre 2012.
Photographie : Bruno Tredez / Bruno.tredez.com Les gangas sont des oiseaux terrestres vivant dans les milieux désertiques et semi-désertiques et remarquablement bien adaptés à ces conditions de vie difficiles.
Par exemple, les couleurs et les dessins de leur plumage rappellent les couleurs du sol, leurs ailes pointues et leur puissante musculature leur permettent de parcourir rapidement (leur vitesse peut atteindre 70 km/h) de grandes distances pour aller boire, leur métabolisme les aide à évacuer facilement la chaleur, leur évapotranspiration est retardée au maximum (jusqu'à ce que la température atteigne les 50 °C), ils possèdent un système rénal adapté à la rétention des sels minéraux, ils urinent peu, leur activité est concentrée durant les périodes les plus fraîches de la journée, ils bougent peu quand le soleil est haut dans le ciel, et leur saison de nidification semble programmée pour coïncider avec une relative abondance de nourriture (liée à la saison des pluies).
Il faut noter que leur thermorégulation est plus ou moins performante selon les espèces : par exemple, le Ganga unibande (Pterocles orientalis) peut dissiper 89 % de sa chaleur métabolique à 40 °C contre 53% pour le Ganga cata (Pterocles alchata).
Leur capacité à élever et à prendre soin de leur progéniture sous des températures accablantes est remarquable : ils doivent en effet tout faire pour s'assurer que leurs poussins soient protégés au maximum de la chaleur et soient suffisamment hydratés.
Les deux sexes développent des plaques incubatrices et se relayent pour couver, les mâles la nuit et les femelles, grâce leur coloration plus cryptique, plutôt pendant la journée. Les mâles sont en grande partie responsable de la surveillance des éventuels dangers.
Les poussins, très précoces, quittent leur "nid" (généralement une simple dépression dans le sol) dès que le plumage du dernier est sec. A l'âge d’un jour, ils peuvent se nourrir seuls et mangent des graines comme leurs parents. Ceux-ci les emmènent dans les bons emplacements et leur montrent où et comment s’alimenter. Les poussins suivent leurs parents de près, et s'il ne subsiste que deux petits (la ponte est généralement composée de trois oeufs), l’un reste près du mâle et l’autre près de la femelle.
Poussins de Gangas à face noire (Pterocles decoratus) marchant près de leurs parents pour s'abriter du soleil, parc national de Ruaha (Tanzanie), octobre 2012.
Photographie : Bruno Tredez / Bruno.tredez.com Les mécanismes de thermorégulation des poussins sont loin d’être parfaits, surtout durant les premiers jours, et ils profitent alors au maximum de l’ombre offerte par leurs parents, parfois en marchant entre leurs pattes. Le Ganga namaqua (Pterocles namaqua) ébouriffe par exemple les plumes de son manteau pour fournir le maximum d'ombre.
Lors dun séjour en octobre 2012 en Tanzanie, Bruno Tredez a pu photographier un couple de Gangas à face noire (Pterocles decoratus) avec leurs poussins s'abritant du soleil en restant sous ou à côté d'eux.
La fourniture d'ombre occupe certainement une grande partie de l'emploi du temps des adultes durant la période de nidification, en dehors de la durée consacrée à la recherche de nourriture et au nourrissage : une étude menée sur une autre espèce adaptée aux milieux arides, le Sirli du désert (Alaemon alaudipes), a permis de découvrir que les adultes consacraient cinq heures par jour à protéger leurs poussins des radiations (30 % du temps à la fin du mois de juin). Un manque d'attention peut en effet rapidement leur être fatal.
Pendant la nuit, les poussins dorment blottis contre leurs parents..
Les gangas adultes doivent quotidiennement rejoindre les rares points d'eau pour boire et ramener de quoi abreuver leurs poussins. En observant le comportement de quatre espèces dans le désert du Negev (Israël), on a observé que les heures d'arrivée différaient selon les gangas et que leur durée sur place était influencée par le nombre d'oiseaux présents. Dans le désert du Kalahari, les mâles de gangas sont capables de voler sur 80 kilomètres pour plonger leur plumage dans une rivière et revenir rafraîchir leurs œufs ou leurs petits.
Les adultes (essentiellement les mâles) plongent leur ventre dans l'eau et gonflent leurs plumes tout en se balançant. Leurs plumes ont une structure particulière (il existe des interactions entre leur kératine et l'eau) leur permettant une absorption rapide. Elles peuvent emmagasiner de 15 à 20 ml de liquide par gramme, soit près de trois fois la capacité d'absorption d'une éponge synthétique.
De retour à l'endroit où les petits les attendent, les mâles marchent les pattes largement écartées, et les petits peuvent s'hydrater.
Le développement des poussins est relativement rapide et ils sont complètement emplumés après trois semaines environ. Ils sont tributaires de l’eau rapportée par les parents pendant deux mois environ.
Poussin de Gangas à face noire (Pterocles decoratus) marchant près d'un de ses parents pour s'abriter du soleil, parc national de Ruaha (Tanzanie), octobre 2012 (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Bruno Tredez / Bruno.tredez.comPoussin de Gangas à face noire (Pterocles decoratus) marchant près d'un de ses parents (la femelle) pour s'abriter du soleil, parc national de Ruaha (Tanzanie), octobre 2012 (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Bruno Tredez / Bruno.tredez.comMâle adulte de Ganga à face noire (Pterocles decoratus) abritant son poussin du soleil, parc national de Ruaha (Tanzanie), octobre 2012 (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Bruno Tredez / Bruno.tredez.com urce(s)
■Reuven Yosef, Piotr Zduniak (2011). Drinking schedule of four sandgrouse species (Pterocles spp.) in relation to sunrise and season. Acta ethologica. Volume 14, numéro 1, page 35. http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10211-010-0088-z?LI=true
■David H. Thomas, A. Paul Robin (1977. Comparative studies of thermoregulatory and osmoregulatory behaviour and physiology of five species of sandgrouse (Aves: Pterocliidae) in Morocco. Journal of Zoology. Volume 183, numéro 2, pages 229–249. http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1469-7998.1977.tb04184.x/abstract
■Shelley A. Hinsley, Peter N. Ferns, David H. Thomas et Berry Pinshow (1993). Black-Bellied Sandgrouse (Pterocles orientalis) and Pin-Tailed Sandgrouse (Pterocles alchata): Closely Related Species with Differing Bioenergetic Adaptations to Arid Zones. Physiological Zoology. Volume 66, Numéro 1, pages 20-42. http://www.jstor.org
■B. I. Tieleman, J. B. Williams, G. H. Visser (2003). Variation in allocation of time, water and energy in Hoopoe Larks from the Arabian Desert. Functional Ecology. Volume 17, numéro 6, pages 869–876, Décembre. http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1046/j.0269-8463.2003.00801.x/full
■Wikipedia. Pterocliformes. http://fr.wikipedia.org/wiki/Pterocliformes
Source : http://www.ornithomedia.com/breves/gangas-tete-noire-adultes-abritant-leurs-poussins-soleil-brulant-00403.html