De lindependant.frNon, ce n’est pas du pipeau. Et le phénomène prend même de l’ampleur dans les P.-O. En l’espace d’un mois à peine, cinq à six affaires de capture illégale d’oiseaux chanteurs protégés ont été portées à la connaissance des services de l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) sur le département, à Matemale, dans la plaine du Roussillon, au Serrat d’en Vaquer à Perpignan... même si elles n’ont pas donné lieu à saisie comme ce fut dernièrement le cas en Cerdagne.
Des individus mettent, en effet, en place des dispositifs bien rodés à l’aide de filets japonais à mailles très fines ou de bâtonnets enduits de glu. Un appelant, autrement dit un oiseau appât est positionné à proximité ou bien un magnétophone avec une bande-son reproduisant des chants d’oiseaux afin de les attirer. Le tout installé dans des buissons ou des champs de chardons dans le but de piéger des chardonnerets, des pinsons des arbres, des bruants fous et autres verdiers d’Europe.
Jugés sur leur plumage et leur ramage
Or, ces jolis petits oiseaux au chant mélodieux sont répertoriés parmi les espèces protégées. Et leurs ravisseurs ne sont pas des passionnés d’ornithologie trop amoureux de la nature qui voudraient frénétiquement les mettre en cage pour pouvoir les admirer et les écouter chaque jour. Ce sont des trafiquants qui attrapent intentionnellement et illégalement les oiseaux. Pour les revendre en vue de croisements ou, surtout, pour les meilleurs chanteurs à des amateurs qui les font participer à des concours de beauté et de chant, très prisés semble-t-il côté espagnol. Les volatiles sont alors jugés autant sur leur plumage que sur leur ramage, sur la mélodie de leurs gazouillis, la longueur et le nombre de strophes.
Le 1er novembre, à Palau-de-Cerdagne, un garde-chasse particulier a aperçu un individu dans un champ, dont il avait déjà repéré le manège suspect. Il a donc décidé de l’épier. Il a découvert qu’il se saisissait de petits oiseaux. Il a aussitôt alerté l’ONCFS. Sur place, dans le véhicule, huit oiseaux dans des cages ont été saisis. Deux pinsons des arbres et six chardonnerets élégants, dont un mort en raison du spray dissolvant utilisé par ces braconniers pour enlever la glu sur leurs pattes.
Revendus quelques dizaines d’euros ou beaucoup plus... Les sept vivants ont été rapidement relâchés, mais l’un d’eux n’a pu prendre son envol et a succombé suite au stress généré par sa capture. A également été retrouvé le matériel utilisé pour le rapt : tube de glu, bâtonnets et magnétophone.
Le dossier a été transmis à la brigade de gendarmerie de Saillagouse. Les militaires avec les agents de l’ONCFS ont effectué des perquisitions jeudi au domicile du mis en cause à Osséja. Six autres oiseaux protégés ont été saisis, dont trois chardonnerets, un verdier d’Europe, un bruant fou et deux pinsons des arbres. Selon les différentes déclarations, le suspect, âgé de 21 ans, qui devrait être poursuivi en justice (lire ci-contre) en aurait eu une cinquantaine chez lui à un moment donné. Il aurait reconnu les revendre plusieurs dizaines d’euros chacun. Le prix pouvant rapidement monter si l’oiseau est un bon chanteur. Une proposition pour l’un de ses spécimens lui aurait ainsi été faite à 1 500 euros. Il l’aurait refusée, estimant qu’il valait bien plus. Or, l’oiseau serait mort peu de temps après.
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De lourdes peines et amendes encourues
L’arrêté ministériel du 29 octobre 2009 fixe la liste des espèces d’oiseaux protégés et les modalités. Dans ce cadre, deux contraventions ont été dressées au jeune homme intercepté en Cerdagne pour “chasse sans permis” et “chasse à l’aide d’un moyen prohibé”, passibles chacune d’une amende pouvant aller jusqu’à 1 500 euros. Il devrait en outre être appelé à répondre devant la justice ultérieurement de quatre chefs de prévention : capture d’espèce protégée, destruction d’espèce protégée, non-déclaration d’ouverture d’un établissement détenant des espèces de la faune non-domestique et défaut de certificat de capacité. Pour chaque délit, il encourt une peine maximum d’un an de prison ferme et de 15 000 euros d’amende.
Rappelons que les services de l’ONCFS luttent au quotidien contre les atteintes à la faune non domestique. Avant les oiseaux, ils avaient notamment saisi 51 mygales en février au domicile d’un père de famille à Prades. En juillet, 94 tortues, dont la plupart d’espèces protégées, ont été confisquées à un couple de Pia.
Source : http://www.lindependant.fr/2012/11/10/des-oiseaux-proteges-captures-pour-les-concours-de-chant,178375.php