De actualites-news-environnement.comL’utilisation d’anticoagulants dits rodenticides, pour empoisonner les rats et d’autres nuisibles, contribuerait à tuer de grand nombre de rapaces et d’oiseaux chaque année et constituerait donc une menace pour la biodiversité. Les législateurs au Canada et aux Etats-Unis légifèrent actuellement pour restreindre l’utilisation de poisons contre les rongeurs et fabriqués à base d’anticoagulants, alors que des études montrent que les toxines s’accumulent chez les rapaces et d’autres animaux, d'après un article du journal Nature.
Les produits chimiques en question sont des anticoagulants de la classe des rodenticides, qui fonctionnent comme les anticoagulants humains tels que la warfarine. La warfarine est elle-même utilisée comme un poison contre les rats, mais elle appartient à ce que les toxicologues environnementaux appellent la première génération d’anticoagulants de la classe des rodenticides, et est dont moins mortelle et moins vectrice de bioaccumulation que ses successeurs de la seconde génération.
Les écologistes savent depuis longtemps que des pesticides tels que le DDT peuvent s’accumuler, et parfois tuer les animaux qui chassent les espèces visées par le poison, mais jusqu’à récemment, les scientifiques n’avaient pas réalisé que ce phénomène était très étendu pour les anticoagulants de deuxième génération.
D’un point de vue règlementaire, les anticoagulants rodenticides de seconde génération sont persistants, bioaccumulables et toxiques
« Il semble que chaque fois que quelqu’un sort et voit des rapaces morts et regarde leur foie, il constate une incidence étonnamment élevée de ces composés » a déclaré John Elliott, un écotoxicologue pour Environment Canada à Delta.
Dans une étude impliquant plus de 130 rapaces retrouvés morts près de Vancouver, au Canada, près de « 100% » des chouettes et une grande proportion de faucons présentaient des résidus d’au moins un anticoagulant rodenticide de seconde génération dans leur foie, d’après ce qu’a indiqué John Elliott cette semaine lors du Sommet 2012 de la division nord-américaine de la Société de Toxicologie et Chimie Environnementales à Long Beach en Californie.
Des anticoagulants très toxiques
« D’un point de vue règlementaire, les anticoagulants rodenticides de seconde génération sont persistants, bioaccumulables et toxiques (PBT) », d’après lui.
Il est possible que ces rapaces mangent des rats empoisonnés. Mais d’autres oiseaux pourraient aussi être empoisonnés si les insectes mangent les capsules empoisonnées et que les oiseaux mangent ensuite ces insectes. Certains oiseaux pourraient même manger les appâts directement.
Les anticoagulants rodenticides fonctionnent en interférant avec la capacité du sang à coaguler. Mais il y a de nombreuses variations dans la façon dont un oiseau et un animal individuel est vulnérable au poison, d’après Maureen Murray, une vétérinaire spécialiste de la vie sauvage pour le Tufts Cummings School de Médecine Vétérinaire à North Grafton dans le Massachusetts, qui a travaillé avec des centaines de rapaces blessés, dont beaucoup souffraient d’empoisonnements aux anticoagulants rodenticides.
Des variations similaires sont enregistrées chez les humains qui prennent ce genre de médicaments. « C’est un médicament qui demande une surveillance intensive » a déclaré Maureen Murray à propos de la warfarine.
Les gouvernements cherchent à répondre à ce problème. Le 1er janvier, le Canada commencera à réduire la consommation par les ménages des anticoagulants rodenticides à l’extérieur au profit des composés de première génération, moins toxiques.
Et dans la plupart des situations, les appâts devront être placés dans des endroits inaccessibles pour les autres espèces de la faune et de la flore.
Une interdiction aux Etats-Unis ?
L’Agence américaine de Protection de l’Environnement (EPA) envisage également d’interdire les anticoagulants de seconde génération du marché. Il y a aussi une tentative pour augmenter l’utilisation d’une neurotoxine dangereuses appelée brométhaline, d’après Anne Fairbrother, directrice des éco-sciences pour Exponent, une entreprise de consulting en sciences et en ingénierie à Washington.
Cependant, elle pense que l’interdiction pour les ménages n’aura pas beaucoup d’effet, parce que la plupart des cas où les rodenticides sont utilisés en extérieur sont dans le cadre d’une intervention d’entreprises professionnelles de contrôle des vermines.
Une étude réalisée l’été dernier a prouvé que « beaucoup » d’exploitants mettaient leurs produits en extérieur et les laissaient pendant tout l’été. « Cela fera augmenter de manière significative l’exposition de la faune et de la flore » a déclaré Anne Fairbrother.
Bien qu’elle ne soit pas entièrement convaincue par l’idée de passer à la bromethaline, « il n’y a pas d’antidote » selon elle.
Source : http://www.actualites-news-environnement.com/29574-rats-anticoagulants-rapaces.html