De sudouest.frJamais observée en Dordogne, une corneille mantelée a récemment été piégée.La bague posée par l'agent de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage permettra de déterminer l'itinéraire de la corneille mantelée, si elle est à nouveau capturée. (Jean-Christophe Sounalet) Sur la commune de Saint-Léon-sur-l'Isle, en suivant un chemin de terre qui, au lieu dit Angunand, domine l'horizon, l'œil du promeneur sera peut-être attiré par une grande cage grillagée dans laquelle croassent des corbeaux pris au piège. C'est au milieu de ces corvidés que, samedi dernier, les agents de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) ont repéré lors d'une patrouille de contrôle un spécimen encore inconnu sous notre ciel : une corneille mantelée.
Et ce mardi après-midi, les agents avaient rendez-vous sur place pour étudier l'oiseau, avant de lui rendre sa liberté. Christian, agriculteur, a suivi les opérations avec attention. On comprend son intérêt pour les corvidés. Les gros oiseaux noirs, qui volent habituellement en bandes au-dessus de ses terres, ont saccagé ses récoltes de maïs. « D'avril à juin, ils viennent casser la croûte en faisant des dégâts monstres », se plaint-il. Le doigté de Christian Arretche, piégeur agréé, n'est donc pas de trop pour tenter d'endiguer le phénomène.
Inconnu en Périgord
Reste, donc, que la corneille mantelée s'est pris les pattes dans la corbotière et cherche depuis désespérément la sortie en se cognant ailes et bec contre le grillage. Précautionneusement, Jean-Pierre Baudet, agent technique de l'environnement au sein de l'ONCFS, sous le regard de Hubert Renier, chef de la zone nord de l'Office, se saisit du volatile pour le mesurer et le peser avec précision. « Je fais ce travail depuis 35 ans et je n'ai encore jamais observé cette espèce en Aquitaine, s'étonne le spécialiste. On peut imaginer que cet oiseau s'est égaré en Dordogne. »
La corneille mantelée se rencontre en effet bien plus couramment dans le nord, l'est et le sud de l'Europe, ainsi que dans certaines parties du Moyen-Orient. En France, elle est plutôt rare et en Périgord, c'est une inconnue.
Certes, pour le profane, l'oiseau n'a rien d'exotique. On est très loin du perroquet. Un coup d'œil rapide lui permettra d'observer qu'il ressemble même grandement à sa cousine, la corneille noire, mais qu'il s'en distingue par la teinte grise du dos et du dessous.
Quant à notre corvidé périgourdin, précisons simplement qu'il a de beaux yeux ronds (quoi que terrifiés par cet attroupement d'homo sapiens qui l'entourent et l'observent sous toutes les coutures), un joli bec noir de 44 millimètres qui ne demande qu'à mordre la main de l'agent de l'ONCFS, des ailes de 33 centimètres et un poids de 498 grammes. Des informations intéressantes, mais qui ne permettront pas aux spécialistes de déterminer avec certitude le sexe de l'oiseau.
Bagué puis relâché
Ces opérations terminées, le volatile peut bientôt être relâché. Auparavant, une bague du muséum d'histoire naturelle de Paris lui a été attachée à la patte. « Cette opération permet d'assurer le suivi de l'espèce, souligne Jean-Pierre Baudet. Lorsque les oiseaux bagués sont à nouveau capturés, nous pouvons déterminer leur itinéraire, leur longévité et l'état de santé du spécimen. »
Visiblement stressée, notre corneille mantelée périgourdine s'éloigne d'un vol lourd en direction d'un bosquet avant de se poser non loin de la cime d'un grand arbre. Elle s'y camoufle de longues minutes, comme surprise d'être enfin libérée. Va-t-elle filer à tire-d'aile sous d'autres cieux ? L'agent de l'ONCFS l'ignore, mais estime que l'oiseau peut rester dans les environs pendant tout l'hiver avant d'entamer sa migration. Elle n'est peut-être pas si mal en Périgord.
Source : http://www.sudouest.fr/2012/12/12/l-oiseau-rar-e-s-etait-egare-906469-2086.php