De observatoirealsace.free.frQuelques mesures de protection et la mise en place de mesures agri-environnementales permettraient de classer les rieds parmi les milieux naturels les plus préservés d’Alsace. En réalité les rieds tendent à se banaliser, et de nombreux oiseaux remarquables voient leurs populations diminuer, voire disparaître comme la Bécassine des marais, le Hibou des marais, le Râle des genêts…
Cette situation fait du Courlis cendré le dernier symbole de ce patrimoine menacé ; la protection et la gestion des rieds sont primordiales pour le maintien de cet oiseau.
Une espèce classée « vulnérable »
Cet oiseau est un limicole migrateur de grande taille (55 cm) au long bec arqué caractéristique. Il recherche, pour nicher, les grandes prairies humides gérées de manière extensive, comportant une végétation diversifiée et peu dense pour ses déplacements, sa recherche de nourriture et la surveillance de son territoire : il est à juste titre l’oiseau symbole des rieds alsaciens. Le nid fait d’herbes sèches est construit à même le sol dans un endroit sec de la prairie. Le Courlis cendré se nourrit d’insectes et de lombrics grâce à son long bec particulièrement adapté à leur capture.
Les principaux noyaux de populations de courlis cendrés dans les rieds ont fait l’objet de recensements réguliers ces dernières années, que ce soit dans le cadre de l’évaluation des opérations locales des mesures agri-environnementales destinées à la conservation des prairies, ou actuellement pour le programme du Suivi des Indicateurs de la Biodiversité en Alsace (SIBA).
Les comptages sont éloquents : la population alsacienne est passée de 300-350 couples en 1950-60, à 240 en 1984 pour être estimée à une cinquantaine de couple nicheurs en 2009.
L’intensification des pratiques agricoles a entraîné le retournement de nombreuses prairies. Un amendement accru des prairies subsistantes a conduit à des dates de fauche plus précoces détruisant les nichées. Ces facteurs sont responsables de l’effondrement des populations en Alsace : le courlis est ainsi classé « vulnérable » sur la liste rouge des oiseaux d’Alsace.
Enrayer son déclin
Les pratiques agricoles affectant les lieux de reproduction jouent un rôle déterminant dans le maintien de nos populations nicheuses. Pour empêcher le déclin progressif de l’espèce et sa disparition à moyen terme, des mesures incitatives ou réglementaires concernant les dates de travaux agricoles et la gestion des prairies avec un réel contrôle de leur application sont nécessaires. À plus long terme, la reconversion de champs de céréales en prés mériterait aussi d’être instaurée dans les zones les plus pauvres en herbages. En parallèle, la protection par mesures réglementaires (Arrêté Préfectoral de Protection de Biotopes, Réserve Naturelle Régionale par exemple) ou par la maîtrise foncière par le Conservatoire des Sites Alsaciens (CSA) des zones où se reproduit l’espèce est à envisager plus largement. Le mitage des zones de reproduction par l’urbanisation, ou par les créations ou extensions de gravières est aussi à proscrire.
Sensibiliser pour cohabiter
Un autre facteur défavorable a tendance à se développer : le dérangement. Les ensembles prairiaux encore préservées de certains rieds sont assidûment fréquentés par les promeneurs. Cette attirance croissante pour ces derniers coins de nature est légitime, et n’est pas un problème en soi. Il serait cependant souhaitable de réaliser des campagnes de sensibilisation dans les endroits les plus exposés afin d’inciter les promeneurs à adopter un comportement respectueux de l’environnement. Par ailleurs, la surdensité croissante des populations de sangliers porte préjudice à la préservation du courlis : suite à l’agrainage et à la culture de maïs d’affouragement, une trop forte densité de sangliers occupe les rieds et pose des problèmes pour la flore (retournement des prés) et sur les espèces d’oiseaux nicheurs au sol (augmentation du risque de prédation des nichées). Afin d’assurer une meilleure reproduction du courlis, des campagnes de sensibilisation auprès des agriculteurs, des chasseurs et des usagers des rieds sont donc à prévoir pour limiter les dérangements. Des outils interdisant certaines pratiques, comme l’agrainage, sont à mettre en oeuvre.
L’avenir de cet oiseau symbole des rieds est très préoccupant dans la plaine d’Alsace. L’instauration de mesures de conservation complémentaires est indispensable si l’on souhaite préserver cette espèce en diminution constante depuis maintenant plus de 40 ans.
Source : http://observatoirealsace.free.fr/ZH/index.php/rieds/biodiversite/les-oiseaux