De ouest-france.frÀ l'heure du déjeuner et du dîner, festival de sonates autour de la mangeoire familiale. « Ils savent qu'on ne leur donne pas tous à manger à la même heure. Du coup, ils s'invitent à toutes les tables ! », s'amusent Isabelle et Bruno, dans leur paradis pour oiseaux juché à Asnières-sur-Vègre, près de Sablé-sur-Sarthe.Une jeune grive chez les Clep.
Isabelle Clep L'histoire
Ils sont 14 000 en France mais, par rapport à la population (440 habitants), les Asniérois sont hors norme ! « A Paris ou Lyon, on dépasse trente jardins refuges, bien sûr, admet Roxane Burnel, responsable des refuges LPO France (lire ci-dessous). Mais je ne connais pas d'autres villages avec une telle concentration. »
En y réfléchissant bien, la responsable évoque « peut-être l'Isère... Nous y avons un adhérent extrêmement militant qui installe le premier kit chez tous les nouveaux propriétaires de refuge. Il en a fait 500. Mais dans tout le département... » Nantes, par exemple, ne comptabilise que onze jardins particuliers. « La LPO Sarthe a fait un gros travail sur ce sujet. À Asnières, il doit y avoir un adhérent très actif », pressent Roxane Burnel.
De fait, bienvenue chez les Clep ! À la porte d'entrée, l'oiseau sur le petit rectangle vert où on peut lire Refuge LPO remplace le Attention au chien plus courant. Bruno n'a pas eu de mal à transformer 2 000 m2 d'orties en petit paradis : il est paysagiste. Les différentes essences pour favoriser la biodiversité n'ont aucun secret pour lui.
Grands, petits, en haut, en bas, il y a des nichoirs pour toutes les espèces. Rouge-gorge, tarin, chardonneret, verdier des aulnes, troglodyte... chacun sa taille. « Le premier, c'était pour les mésanges. Regardez, là, une mésange à longue queue ! J'ai installé les autres au fur et à mesure des années », précise Bruno.
Sous-bois, arbres fruitiers, haies arbustives, chaque animal a son biotope. Ajoutez un potager en carré, du compost, bien sûr, beaucoup de fleurs pour les papillons et les insectes, des abris pour les abeilles sauvages, les hérissons et même les écureuils. Le tout agrémenté de deux bassins naturels de nage avec poissons, grenouilles, libellules et roseaux... Et vous obtenez un jardin extraordinaire où tous les ingrédients sont réunis. « Zéro pesticide », insiste Isabelle. Mais ça, on s'en doutait quand même un peu !
Rôdé et prêt à livrer ses conseils, Bruno a ensuite enfilé sa casquette de VRP vert. Il a frappé à la porte des voisins pour expliquer la démarche « trame verte » de jardins refuges qui s'additionnent. Et il en a déjà convaincu 29. « Chacun peut ainsi lutter facilement contre le déclin de la biodiversité sans beaucoup d'engagement. On avait envie de partager notre expérience, d'aller plus loin, de créer un réseau pour échanger, faire du lien entre les gens. Et ça marche », se félicite Isabelle.
Pour faire vivre le réseau et l'enrichir, la spécialiste internet de la maison a même créé un site (asnierestrameverte.viabloga.com). Facile : monter des réseaux collaboratifs sur le web, c'est son métier ! Résultat, aujourd'hui, les propriétaires de refuges déposent leurs photos, élaborent des fiches conseils, suivent la migration des oies, comptent les hirondelles...
Une démarche écocitoyenne qui commence à faire des émules dans les villages voisins. À Avessé, ils sont déjà neuf et, à Souvigné, des habitants vont aussi se lancer.
Murielle DESMOULINS.
Source : http://www.ouest-france.fr/region/paysdelaloire_detail_-Gite-et-couvert-pour-les-oiseaux-d-Asnieres-_8620-2170056_actu.Htm