De ladepeche.frÉtonnant martinet noir, capable de prouesses peu communes. Cela n'aura échappé à personne: les martinets sont de retour depuis une semaine dans le ciel des Hautes-Pyrénées. Cet oiseau familier cache quelques mystères.
Il est réglé comme un coucou suisse, ce piaf-là, et personne ne sait très bien pourquoi. Le martinet noir qui zèbre depuis une quinzaine le ciel des villes et villages Bigorre est, avec sa copine l'hirondelle avec laquelle il ne faut pas le confondre, un grand annonciateur du printemps et ses cris stridents font chaud au cœur, même si en ce moment la météo est complètement pourrie.
Le martinet est un oiseau migrateur, qui passe sa vie en été : 8 mois en Afrique, 4 mois chez nous. Il arrive généralement entre le 20 et le 25 avril et repart invariablement le 1er août, le 2 ou le 3 au plus tard. Personne peut expliquer ce départ soudain et parfaitement synchronisé de la plupart des individus : la migration est en effet dictée par une raréfaction de la nourriture, qui correspond en général à une baisse des températures.
Au début du mois d'août, l'explication ne tient plus et pourtant, ils partent de la même manière qu'ils arrivent, comme un seul homme… Le martinet est décidément un vrai phénomène : il ne se pose jamais, sauf pour nicher et les jeunes prennent leur envol tous seuls, d'un coup, après quelques exercices sommaires. Si d'aventure, un martinet chute au sol, c'est fini pour lui : ses pattes sont complètement atrophiées et il ne peut pas marcher.
Le soir, au crépuscule, tous les martinets disparaissent brusquement et on s'est demandé pendant des décennies où ils pouvaient bien aller, personne ne les voyant jamais perchés, et pour cause.
Il dort tout en haut...
C'est un pilote de ligne, ornithologue à ses heures, qui a découvert le secret il y a quelques années, après qu'un martinet s'est écrasé une nuit sur son cockpit, à plus de cinq mille mètres d'altitude. Tous les soirs, les martinets montent à la limite de la stratosphère et donc de l'oxygène. Là, ils dorment, du moins en partie, comme le font souvent les grands migrateurs : une moitié du cerveau reste en veille, l'autre est en sommeil profond. Ne se posant jamais, il se nourrit en vol, d'un «plancton» d'insectes, qu'il capture avec son très large bec grand ouvert.
C'est un voilier hors pair, capable de glisser en l'air à des vitesses vertigineuses : il est d'ailleurs l'un des oiseaux les plus rapides de la planète. Il paraît petit, vu du plancher des vaches, mais son envergure peut atteindre 48 cm. L'hirondelle quant à elle n'atteignant que 25 à 29 cm. De toute façon, les deux oiseaux n'appartiennent pas à la même famille.
Mais tous deux sont gravement menacés, par l'urbanisation galopante en particulier : pour le martinet, il devient de plus en plus difficile de nicher tranquillement. Ce que nous voyons dans notre ciel bigourdan est le martinet noir, mais il en existe d'autres variétés, en particulier en Espagne : le martinet pâle, le martinet isabelle, le martinet à ventre blanc. Contentons-nous du noir et des acrobaties graciles.
Hélène Dubarry
Source : http://www.ladepeche.fr/article/2013/05/11/1623861-l-enigme-du-martinet-noir.html