Les corbeaux de nos plaines

De courrier-picard.fr

Il n'y a pas de vrais « grands corbeaux » en région Picardie. Alors, qui sont au juste ces gros oiseaux que l'on voit dans la campagne ? Un mystère digne d'Hitchcock.

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Le corbeau freux ; notez la base du bec à la peau nue. (Photo FLORIAN WEBER)

Comme il n'y a pas de vrais « grands corbeaux » chez nous, qui sont-ils au juste, ces gros oiseaux noirs de nos champs picards ? La question mérite d'être posée car des corbeaux, en Picardie... ça n'existe pas. Eh oui, le corbeau, le vrai - grand corbeau, Corvux corax de son nom latin - vit bien en dessous de la Picardie. Vous le rencontrerez sans doute dans les montagnes du Massif Central, ou plus bas, mais pas chez nous. Alors, quels sont ces noirs oiseaux qui planent sur nos têtes ?

D'abord, il y a la corneille noire. De taille inférieure à son cousin corax, Corvus corone est un redoutable prédateur. Perchée sur un arbre, ou simplement vadrouillant au vol de-ci de-là, elle observe, en lâchant son cri rauque que nous connaissons tous. Elle est opportuniste, hardie, opiniâtre. Un levraut de quelques jours, qu'elle aura repéré, n'aura guère de chance d'échapper à son terrible coup de bec. D'autres proies lui conviendront parfaitement, de même que les charognes, lapins écrasés au bord des routes, etc. Mais là où elle est redoutable, c'est sur les nids. Une perdrix, une faisane, ou autre couveuse qui a le malheur d'être découverte, et d'abandonner son nid quelques minutes pour s'alimenter, le retrouve vide au retour. Ceci vaut d'ailleurs pour sa cousine la pie, qui sous ses allures sympathiques, pille tous les nids de passereaux qui tombent sous son bec. Les poussins, dans les jours suivants l'éclosion, seront des proies de choix pour la corneille, en particulier les canetons qui lui payent un très lourd tribut. Les chasseurs se focalisent souvent sur le renard mais la corneille fait aussi des coupes sombres dans les rangs de la petite faune.

Freux, choucas,

geai...

Ensuite, il y a le corbeau freux. À ne pas confondre. Vous l'observez en troupes nombreuses dans les champs, alors que la corneille vit en couple. Le régime alimentaire est également très différent : le freux est végétarien. Il ne nuit donc pas au gibier mais par contre, les agriculteurs ne l'aiment pas beaucoup car les champs ensemencés sont mis à mal par son appétit.

Si vous arrivez à les observer de près, ou avec des jumelles, inspectez la base du bec : celle de la corneille noire est garnie de petites plumes qui recouvrent le bec, alors que celle du corbeau freux est blanche, dépourvue de plumes, ce qui n'est pas des plus élégant. Et les « corbeaux » qui tournent autour des clochers, où que l'on voit passer tout croassant en automne, par bandes filant plein sud ? Ah ceux-là sont encore différents : ce sont les choucas des tours. D'ailleurs, ils ont un statut privilégié puisque ce sont des oiseaux protégés, alors que corneilles et freux sont classés nuisibles.

Tous font partie des corvidés, communément désignés « becs droits » comme le joyeux lutin de nos forêts, grand amateur de glands : le geai des chênes ! Plus sympathique que les oiseaux noirs de sa famille, il partage néanmoins le goût des œufs mais... faut bien vivre.

THIERRY DELEFOSSE

Source : http://www.courrier-picard.fr/loisirs-pratique/les-corbeaux-de-nos-plaines-ia234b0n78605

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