De nordinfo.com
La grande aigrette est une espèce relativement récente de l’avifaune québécoise. Ce grand oiseau blanc, élancé et majestueux, montre un long bec orange et des pattes noires. Au fil des ans, la grande aigrette a étendu sa zone de nidification dans le nord-est des États-Unis pour ensuite apparaître de manière sporadique au Québec, dans les années 1970 et au début des années 1980.
La première colonie s’est établie en 1984, dans le sud de la Montérégie. Les biologistes indiquent qu’il y a maintenant au moins trois colonies dans le sud du Québec. Une autre de ces communautés se trouve sur l’île aux Hérons, située dans le Parc des Rapides de Lachine. Cette île abrite une héronnière mixte utilisée par le grand héron, le bihoreau gris et la grande aigrette.
La population québécoise de grandes aigrettes oscille entre 300 et 400 oiseaux, selon des estimations scientifiques. Fait intéressant, l’oiseau se disperse après la saison de nidification et peut se manifester à plusieurs endroits, notamment sur les rives de la rivière des Mille Îles.
La grande aigrette fait partie du groupe des échassiers, caractérisés par de longues pattes, un cou élancé et de larges ailes. Ces oiseaux gracieux fréquentent les eaux peu profondes. Notre oiseau élégant séjourne dans le sud du Québec de la mi-avril à la fin octobre, pour ensuite migrer vers la côte est des États-Unis, au sud du New Jersey.
En vol, notre oiseau blanc renferme son cou et appuie sa tête contre ses épaules, repliant ses longues pattes vers l’arrière.
Son menu habituel consiste en de petits poissons, des grenouilles et autres batraciens, de gros insectes aquatiques, et, parfois, de petits mammifères comme la musaraigne.
Le terme échassiers peut regrouper diverses familles d’oiseaux. La grande aigrette fait partie de la famille des ardéidés, laquelle englobe les hérons, les butors et les bihoreaux. Dans l’eau, ils peuvent rester debout sans être repérés, les longues pattes ressemblant à la tige d'une plante pour un poisson ou une grenouille.
Exploitation à outrance
Au moment de la reproduction, le mâle et la femelle portent des aigrettes, un faisceau de plumes surmontant la tête. Ces attrayantes plumes blanches ont failli causer l’extinction de l’espèce, en raison de l’exploitation à outrance par l’industrie.
Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, l’oiseau faisait l’objet d’une poursuite à grande échelle pour ses longues aigrettes qui étaient utilisées en chapellerie. Le commerce des plumes d’aigrettes était florissant, le prix transigé atteignant même 80 $ l’once, une somme faramineuse pour l’époque.
Pour obtenir un kilogramme de plumes, il fallait capturer ou tuer plus de 50 oiseaux. Certaines manufactures de Londres, Paris et New York employaient plus de 1 000 personnes pour traiter les plumes et fabriquer des chapeaux.
La cruauté de cette mode n’est pas passée inaperçue chez des personnes très influentes. En 1906, la reine d’Angleterre a annoncé qu’elle ne porterait plus de plumes d’oiseaux sur son chapeau. De plus, la Société de conservation Audubon a fait plusieurs interventions auprès du public et des gouvernements.
En 1917, le Canada et les États-Unis ont signé la convention sur la Loi de protection des oiseaux migrateurs, stoppant ainsi en Amérique du Nord le déclin dramatique de cet oiseau racé.
Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est membre de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi animateur, guide et conférencier. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com.