De republicain-lorrain.fr
Nombre d’oiseaux ont déjà déserté leurs milieux dans nos campagnes et agglomérations pour hiverner dans les régions plus au Sud de l’Europe ou en Afrique. Héron cendré, grandes aigrettes et foulques macroules. Photo Jean-Louis CORSIN
Sur les étangs et lacs, le spectacle se renouvelle et s’intensifie au moment où commencent les migrations d’oiseaux. Par l‘abondance et la variété des espèces, cette attraction est sans équivalent en d’autres lieux. En plus des oiseaux sédentaires habituels comme les canards colverts et les hérons cendrés, une multitude de grèbes, canards, fuligules, oies, harles, limicoles et échassiers y font halte. Les uns pour reconstituer leurs réserves énergétiques indispensables à la poursuite de leur migration, les autres pour hiverner sur les lieux.
Le dernier des inventaires systématiques effectués sur les étangs du Domaine de Lindre a enregistré 41 espèces différentes, dont certaines par centaines : oies cendrées, grèbes huppés… et par milliers pour les fuligules milouins. Cependant, bien des espèces hivernantes habituelles ou occasionnelles ne sont pas encore arrivées : oies des moissons, harles bièvres et piettes, cygnes de Bewick, garrots à l’œil d’or, tadornes de Belon, etc.
Outre que la Lorraine est dotée d’un nombre exceptionnel – en comparaison avec bien d’autres régions – de surfaces d’eau de toutes tailles, elle est située sur le principal couloir migratoire qui conduit les oiseaux du Centre, du Nord, voire de l’Est de l’Europe, vers leurs zones d’hivernage méridionales ou atlantiques de notre continent ou vers l’Afrique.
Les passionnés d’oiseaux, frustrés de leurs observations de proximité, prennent donc davantage le chemin des étangs, vers la fin de l’été. Souvent propriétés privées de particuliers ou d’associations, beaucoup de ces plans d’eau restent néanmoins accessibles aux observations de tout un chacun, grâce aux routes et chemins qui les relient et les bordent en partie. La plupart comportent des digues qui offrent d’excellents points de vue, sans la moindre gêne ou nuisance touchant l’environnement et les intérêts piscicoles des propriétaires et exploitants.
Lorsqu’on souhaite identifier les individus qui animent les grands tableaux paysagers que constituent ces étangs, une paire de jumelles est indispensable, une longue-vue souhaitable. La majorité de ces oiseaux se méfient des humains, leurs pires prédateurs, et se tiennent donc à bonne distance de leur présence. Les oiseaux ont une très grande acuité visuelle, c’est bien connu.
C’est pour cela que les photographes animaliers se cachent derrière ou dans des affûts de camouflage. Pour la seule curiosité de chacun, un observatoire ouvert au public constitue la meilleure aubaine. Hélas, ces installations sont encore rares, car très coûteuses en raison des contraintes de sécurité.
Les amoureux de la nature peuvent donc se féliciter que le conseil général, propriétaire des étangs du Lindre, ait fait installer un observatoire digne de ce nom. Implanté à quelques pas à gauche des bâtiments administratifs du Domaine, à Lindre-Basse, il offre un abri confortable contre les intempéries en même temps qu’il assure avec toute la discrétion nécessaire, une vaste vue à travers des lucarnes disposées de façon panoramique et donnant sur un des espaces les plus attrayants du grand étang.
Dans sa catégorie, cet observatoire – qui doit être prochainement inauguré – mériterait trois étoiles, comme les meilleurs restaurants du Guide Michelin. Mais avec une particularité de taille : le régal y est gratuit !
Gilbert BLAISING