De charentelibre.fr
En période d'ouverture de la chasse, c'est l'effervescence au Maine-Porchet à Feuillade. Près de 5.000 oiseaux livrés en une seule journée!Les faisans batifolent sous le regard de leur maître dans des voilières boisées. Photos Majid Bouzzit
Alain Belair n'a jamais aussi peu chassé que depuis qu'il a repris la faisanderie du Maine-Porchet à Feuillade, fin 2009. Pas le temps. Son élevage, le plus important de la région, est chronophage. Plus encore en période d'ouverture de chasse où il lui faut sans cesse alimenter les sociétés de toute la région. Il a livré près de 5.000 oiseaux pour la seule journée de vendredi!
Et ce n'est pas tout, comme si les journées de quinze heures ne lui suffisaient pas, cet ancien industriel parisien de 58 ans vient de louer une chasse privée de 110 hectares à Mainzac. Objectif: «Trouver une activité parallèle, la chasse à la journée, qui rentabilise l'ensemble de l'entreprise.» (1).
En rachetant la société, il y a dix-neuf mois, il savait qu'il devait réajuster le tir pour la rentabiliser. Il a réduit la voilure. Il n'emploie que deux techniciens contre cinq auparavant, une secrétaire à mi-temps et deux ou trois saisonniers. Il est passé de 10.000 à 5.000 couples en dix-huit mois. Il produit 40.000 faisans et 30.000 perdrix - dont la fameuse royale (2) - par an et s'interroge encore sur la bonne jauge.
«J'essaie de rentabiliser, je ne cours pas après le chiffre d'affaires [de l'ordre de 700.000 euros aujourd'hui, NDLR]» avoue-t-il, toujours en quête du bon équilibre. «Je ne veux pas être le Carrefour du gibier, plutôt le Fauchon», ajoute-t-il en invitant à parcourir des volières boisées.
Des refuges spacieux, parcourus par 40 kilomètres de tuyaux d'arrosage et des mangeoires. Les gallinacés au plumage coloré y batifolent en toute sécurité jusqu'à l'âge de douze à vingt semaines. «On essaie de les mettre sur le marché plus tôt, à 12-14 semaines, pour qu'ils aient un comportement plus naturel, qu'ils apprennent à se défendre et se reproduisent plus facilement», explique ce passionné, qui espère déclencher un nouveau mouvement dans les sociétés communales. Une manière d'éviter les «carnages» de l'ouverture avec des animaux désarmés face à leurs prédateurs.
Un centre de formation en projet
Soucieux de porter la bonne parole chez les jeunes, il aimerait monter un centre de formation dans sa tour de garde du XIVe siècle. Demain. Quand il aura réussi à redimensionner son outil par rapport à la demande. Son parquet de ponte pourrait accueillir 10.000 couples de perdrix pour la reproduction. «Pour avoir les débouchés d'un tel élevage, il faudrait vendre les oeufs en Angleterre, Italie, Espagne.» Un virage qu'il n'est pas prêt de prendre. Il préfère se concentrer sur sa zone actuelle: les Charentes, les Landes, la Gironde, la Dordogne et le Gers. Une zone que ce Périgourdin d'origine connaît bien. «J'avais besoin et envie de rebondir dans le milieu de la chasse. C'est un retour aux sources», résume-t-il sans tirer de bilan. Pas le temps. L'exploitation de 85 hectares dont 20 hectares de volières n'attend pas.
(1) Il faut compter entre 130 et 230 € la journée avec un minimum d'oiseaux garantis (05.45.23.00.63).
(2) L'éleveur a participé à un programme d'introduction de la perdrix royale en Charente avec la Fédération de la chasse en relâchant 2.500 oiseaux en juillet sur une vingtaine de territoires.