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Le Milan royal (Milvus milvus) est un rapace diurne de grande taille. D’une longueur de 59 à 66 centimètres pour une envergure de 145 à 165 centimètres, il pèse entre 800 et 1 050 grammes pour les mâles et 950 à 1 300 grammes pour les femelles. Archives Le Pays
En Franche-Comté, comme au niveau national, le milan royal est victime d’empoisonnements illégaux qui mettent à mal les mesures prises en faveur de l’espèce, déplore la LPO, (Ligue de protection des oiseaux).
« Depuis le début de l’année 2011, 25 cadavres de milan royal ont été découverts sur le territoire national. Si ce chiffre peut paraître modeste, ce sont davantage les causes de mortalité observées qui attirent l’attention. Sur ces 25 cas recensés, 9 ont été victimes d’intoxication et 9 sont en attente d’une confirmation d’un empoisonnement fortement suspecté en raison des signes symptômes observés, soit 18 cas », s’insurge la LPO.
Si la bromadiolone (anticoagulant utilisé dans la lutte contre les rongeurs champêtres dans le Haut-Doubs mais aussi en Auvergne par exemple) est souvent montrée du doigt en raison des dommages collatéraux qu’elle induit sur la faune non-cible, d’autres molécules ou produits ne sont pas en reste : le carbofuran — insecticide utilisé contre les nématodes et insectes défoliateurs et fouisseurs dans les cultures de maïs, colza et tournesol — fait partie de ceux-ci.
L’association fait un bilan régional : « A l’échelle franc-comtoise, région qui peut encore se targuer de posséder une population de milan royal encore importante, deux oiseaux ont été victimes d’empoisonnement : le premier, un mâle adulte, provient de la commune de Bouclans, il était le partenaire d’un couple que nous suivions depuis plusieurs années — dans le cadre du plan d’actions régional financé par la DREAL Franche-Comté — et dont les jeunes étaient bagués et marqués depuis 2007. L’analyse toxicologique a permis de confirmer qu’il avait succombé suite à l’ingestion d’aldicarbe, un puissant pesticide utilisé comme insecticide, acaricide et nématocide. Compte tenu de la toxicité de ce composé, de faibles doses sont susceptibles de conduire à une mort brutale. Le second, un mâle lui aussi adulte, a été retrouvé sur la commune de Mandeure. Il est mort à la suite d’une intoxication au carbofuran. Des produits toxiques interdits ont été utilisés. Ces deux toxiques sont pourtant interdits à l’utilisation. Il est donc certain que ces empoisonnements correspondent à des actes volontaires dirigés contre la faune sauvage, et particulièrement contre ceux dénommés à tort comme « nuisibles » (renards, fouines, rapaces…)».
L’association met en cause, entre autres, le changement des pratiques agricoles et les empoisonnements dans le cadre de la lutte collective contre les rongeurs à l’aide de la bromadiolone. Un temps incertaine, sa ré-homologation a été prononcée pour dix ans en mars 2011. La LPO redoute par conséquent de nouveaux cas d’empoisonnements involontaires.
Elle déplore également les actes illégaux qui anéantissent ses efforts pour tenter de sauver cette espèce. « Les moyens humains et financiers, déployés dans le cadre du plan national de restauration piloté par le ministère en charge de l’Ecologie, sont ainsi réduits à néant. Cette situation n’est malheureusement pas spécifique à la France. L’empoisonnement volontaire a été identifié comme principale menace dans le Plan d’action européen pour le milan royal, commandé par la Commission européenne. Si l’on ajoute à cela les cas de mortalité par tir illégal (un dans le Doubs cette année à Nods,) ou par noyade accidentelle dans les abreuvoirs à bovins (deux cas recensés rien qu’en Franche-Comté cette année), on comprendra que dans ce contexte très sombre où la survie de l’espèce est menacée, la LPO réclame que la loi sur la protection de la nature soit appliquée et respectée ».
Le milan royal, comme tous les rapaces de France, est protégé depuis 1972.
ALERTER En cas de découverte d’un cadavre de milan royal (ou plus généralement de rapace nécrophage), prévenir la Mission Rapaces de la LPO (rapaces@lpo.fr) ou l’association locale LPO Franche-Comté. Tél. 06 84 12 84 16 — Standart LPO : 03 81 50 43 10