De ladepeche.pf
Les motu inhabités des atolls sont très prisés des oiseaux marins. Là, les couples peuvent en toute tranquillité, organiser leur nid, pondre et élever leurs petits jusqu’à ce que ces derniers puissent se débrouiller seuls.
Si le mois de juillet est associé au mois des vacances, c’est loin d’être le cas pour les oiseaux marins. En effet, même les oiseaux nichent et pondent toute l’année, les mois de juin et tout particulièrement juillet sont les plus intenses pour la reproduction des espèces.
Les oiseaux marins, nicheurs présents en Polynésie, et plus particulièrement sur l’atoll de Raroia ont besoin de séjourner sur terre pour pondre, couver et nourrir les oisillons. Chaque espèce a choisi avec soin son lieu de ponte, qui est souvent loin des humains, sur des motu éloignés du village.
Les espèces les plus actives ce mois-ci ont été les Frégates, la Gygis blanche, le Fou à pied rouge et le Phaéton à brin rouge. Après avoir débuté leur parade amoureuse, virevoltant dans le ciel, les oiseaux se sont choisis avec soin soit un arbre, les “tau”, les “gatae” soit un tronc, soit des arbustes comme les “miki-miki”, ou les “geogeo”, ou simplement le sol corallien pour y pondre et couver leur œuf.
Un oisillon Gygis, perché sur une branche de “geogeo”, en train de sortir de son œuf.
Oisillons en tenue de camouflage
La Gygis blanche, appelée “Kirahu”, a pris soin de déposer son petit œuf à même le creux d’une branche, d’un arbre ou d’un arbuste, souvent dans une intersection ce qui permettra d’une part à l’œuf de résister au vent, et d’autre part à l’oisillon de ne pas tomber de l’arbre à sa sortie de l’œuf. Une fois l’incubation terminée, la Gygis met au monde un petit oisillon, qui est de couleur grise et noire, qui est identique à celle de l’écorce des arbres, comme s’il était en tenue de camouflage. Dès sa sortie, il est nourri quotidiennement avec de petits poissons que l’un des parents lui dépose dans le bec. Les petits sont affamés et réclament leur nourriture en émettant de petits cris. Son plumage va se transformer en quelques semaines, passant du gris au blanc. Dès qu’il est assez robuste, et habile, il peut alors se nourrir seul.
La Frégate du Pacifique et la Frégate Ariel, appelées “Kotaha”, nichent dans des petits arbustes, les “miki-miki”. Elles confectionnent leur nid avec de brindilles, et tassent le dessus en forme de petit plateau pour y déposer leur œuf. Les deux parents incubent l’œuf, tour à tour. Le mâle est reconnaissable à son jabot rouge. Il n’est pas rare d’entendre l’œuf chanter, lorsque l’oisillon est prêt à sortir. Il lui faut au moins deux jours avant d’arriver à se détacher seul, de son œuf. À sa sortie, il naît sans aucune plume, tout rose et avec un long bec. Il est lui aussi nourri par ses parents qui lui rapportent sa nourriture. Au bout de quelques jours, son plumage est blanc, puis, peu à peu les couleurs apparaissent, les extrémités des ailes noircissent et le cou brunit. Ce n’est qu’une fois adulte que toutes leurs plumes seront uniformes, noires pour les mâles et le cou blanc pour les femelles.
Un petit œuf de Frégate percée laisse apparaître le petit oisillon.
Une peluche dans le nid
Le Phaéton à brin rouge, nommé “Tavake” (article dans la Dépêche parue le 14 mai 2011) quant à lui, niche à même le sol, tout comme le kaveka, sur le corail, et le plus souvent sous un miki-miki ou un geogno. Le couple niche jusqu’à ce que la femelle ponde son œuf. Lorsque son plumage passe du blanc à l’orangé, cela signifie qu’elle est prête à pondre. Une fois le petit oisillon sorti de sa coquille, il se réfugie immédiatement sous l’aile de sa mère qui prendra soin de lui jusqu’à sa maturité. Il sort entièrement recouvert d’un petit duvet blanc, son bec est gris et bien prononcé. Peu à peu, son plumage vire au gris, puis apparaissent des petites plumes grises sur les extrémités des ailes, de la tête. Ses yeux sont soulignés d’un épais trait noir. Ce n’est qu’au bout de plusieurs longues semaines, adulte qu’il obtiendra son beau plumage final, blanc, bec rouge et ses deux longues rectrices. Les femelles quittent le nid pour les nourrir, laissant seul le petit oisillon. IL arrive que ce soit aussi le mâle qui porte la nourriture composée de petits poissons, calamars. Dès qu’il est capable de voler, il quitte définitivement son nid.
Le fou à pied rouge, “Kariga” réalise son nid avec des brindilles dans les arbres ou les arbustes. Le petit oisillon qui sort de son œuf est entièrement recouvert d’un duvet blanc. On dirait une peluche. Il est comme tous les autres élevés par un des parents qui prennent soin de le nourrir, de le protéger durant quelques semaines. Peu à peu, son plumage se transforme. Ce sont les extrémités des plumes qui passent du blanc au gris foncé, puis le corps et la tête. Durant son adolescence, il sera gris, ce n’est là aussi qu’une fois adulte que ses pattes rouges et son bec bleuté paraîtront. Il reste dans son nid même une fois qu’il vole et peut se nourrir seul.
Cette reproduction est indispensable pour la pérennité des espèces. Reste à souhaiter que rien ni personne ne vienne perturber la tranquillité de ces oiseaux marins, comme cela s’est produit récemment sur l’atoll de Rangiroa.
Cette petite Frégate du Pacifique, bien déplumée, n’a que quelques jours.
Un bébé fou à pied rouge, tout de blanc vêtu.
Un petit Phaéton à brin rouge de quatre jours, seul dans son nid, attend le retour de sa mère.