De france24.com
Alors que le pays se prépare pour la finale de la Coupe du monde de rugby, les Néo-Zélandais n’ont pas tous le cœur à la fête. Le nord de l'archipel est en effet touché par une marée noire décrite par le ministre de l’Environnement comme la "pire catastrophe écologique maritime" du pays. Et sur les plages, les nettoyeurs bénévoles reprennent du service à chaque marée.
Le 5 octobre dernier, le cargo Le Rena s’est échoué sur un récif au large d'une des plus belles anses du pays, avec dans ses cuves plus de 1 600 tonnes de carburant. Environ 350 tonnes de fioul lourd se sont déjà échappées dans la baie de Plenty. Depuis lundi, le Service maritime néo-zélandais (MNZ) tente de pomper le carburant dans les cuves du navire pour le transférer sur une barge située à proximité.
Mais les mauvaises conditions météorologiques compliquent la tâche des équipes de secours, à tel point que les opérations de pompage ont dû être suspendues mardi. Pourtant, le temps presse, car la coque du Rena menace de se briser alors qu’il faudrait plusieurs jours pour vider les cuves et décharger les 2 000 conteneurs restant à bord du navire.
Les premières nappes de carburant ont déjà atteint les côtes, provoquant la mort de centaines d’oiseaux. Face à l’urgence de la situation, les locaux se mobilisent pour ramasser les boulettes de pétrole échouées sur les côtes. Mais la tâche est immense, car cette baie touristique compte des kilomètres de plages.
De loin ça a l’air propre, mais en fait le sable est imbibé de pétrole. C’est horrible !"
Tamsin Oliver vit dans la localité touristique de Mont Maunganui.
J’ai décidé de me porter volontaire pour le nettoyage de la plage située près de chez moi, car c’est celle où je passe tous mes étés. Je ne pouvais rester sans rien faire, je devais y aller. Mais je ne me suis pas précipitée, j’ai attendu d’en savoir davantage sur les précautions à prendre avant de commencer à ramasser du pétrole.
Une fois que j’ai lu tout ce que je pouvais trouver sur le sujet, j’ai décidé de participer, le week-end dernier, à l’une des sessions de ramassage organisées par la Marine néo-zélandaise. Sur place, un membre de la Marine nous a expliqué les différentes méthodes pour nettoyer le sable.
Pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude des marées noires, les plages semblent propres. Mais en fait, le sable est imbibé de pétrole. C’est horrible ! Une fois à genoux, on découvre très vite des résidus de pétrole enfouis quelques centimètres sous le sable. Il est donc vital de nettoyer aussi vite que possible. La tâche est immense. Après quatre heures passées à quatre pattes pour tamiser du sable, nous avons réalisé que nous avions parcouru à peine deux mètres !
Nous étions des centaines à arpenter les côtes, par groupes de dix, chaque groupe ayant à sa tête un superviseur. C’était vraiment touchant de voir autant de personnes mobilisées, même les commerçants ont distribué gratuitement de la nourriture.
C’est révoltant de voir à quel point l’écosystème de nos côtes va être bouleversé"
La plupart des plages sont fermées au public, seuls les volontaires ont le droit de s’y rendre. Et la baignade est interdite sur les rares plages ouvertes. Tout le monde sait que le pétrole est toxique, qu’il ne faut pas rester trop longtemps exposé à ce poison. Et les dissolvants utilisés pour le disperser au large peuvent être tout aussi dangereux pour la santé. Mais, surtout, je suis inquiète pour la préservation de notre environnement. On compte aujourd’hui plus d’un millier d’oiseaux morts. C’est révoltant de voir comment l’écosystème de nos côtes va être bouleversé.
Le coup dur pour la région est aussi économique. Depuis quelques mois, notre industrie-phare, la commercialisation du kiwi, connaît des difficultés. Certaines entreprises ont déjà mis la clé sous la porte. Avec cette nappe de fioul, les deux seules activités qui résistaient à la crise - la pêche et le tourisme - vont être fortement affectées. Il est désormais interdit de manger les produits issus de la mer. Certains risquent de devoir quitter la région.
"Tout ce temps passé à genoux, c’est du temps perdu mais c’est mieux que de ne rien faire"
La réaction des autorités a été très critiquée. Certains internautes ont dénoncé la lenteur des opérations. Mais je pense qu’ils ont fait du mieux qu’ils ont pu. Peut-être y a-t-il eu de mauvaises décisions, mais la situation est très difficile à gérer.
Avec le mauvais temps qui revient, et cette fuite continue de carburant, nous nous attendons à recevoir de nouveau du pétrole. Penser que tous nos efforts de ce week-end ont été inutiles, c’est vraiment déprimant. Il va falloir de nouveau nettoyer. Il y a de quoi être désespéré, mais je préfère garder à l’esprit la mobilisation de notre communauté. Je suis si fière d'en faire partie. Nous savons que tout ce temps passé à genoux, c’est du temps perdu... Mais c’est mieux que de ne rien faire !
Je veux continuer à nettoyer les plages aussi longtemps que nécessaire, car je sais déjà qu’il faudra des mois, voire des années, avant que la situation revienne à la normale