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De la nourriture, de l'eau et un abri. A Brugheas, Robert Andrieu applique cette recette simple et peu coûteuse pour aider les oiseaux à se défendre du froid en hiver.
Marlène Lestang marlene.lestang@centrefrance.com
Vendredi matin, Robert Andrieu est allé chercher les 50 kg de graines de tournesol bio qu'il commande chaque automne pour aider les oiseaux à passer l'hiver dans les meilleures conditions possibles. D'habitude, il commence à distribuer la nourriture autour du 15 novembre, mais rien ne presse cette année. Avec le temps très clément, les ressources restent encore à portée de bec de ses petits protégés.
Bénévole de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) et responsable de l'antenne locale de Vichy, ce passionné de nature renouvelle ces petites attentions depuis tant d'années qu'il a arrêté de compter. Sa recette pour donner un coup de pouce aux oiseaux, une fois le froid installé, est simple et peu coûteuse : « Une mangeoire et de l'eau suffisent, plus un abri si on en a la possibilité. »
« La graine de tournesol, très nutritive, convient à la plupart des oiseaux »
Chez lui, la mangeoire est suspendue au puits, dans la cour de la maison de Brugheas. Il ne la remplit pratiquement que de tournesol. « Sa graine, riche en huile, protéines, minéraux, etc., est très nutritive et convient à la plupart des oiseaux. Surtout, il faut éviter le sucré et le salé et ne jamais leur donner de pain, car ça gonfle dans leur estomac. À la limite, des restes de gâteaux secs. Mais juste un peu. Je laisse aussi, parfois, quelques fruits et légumes cuits pour les merles, qui aiment ça. »
De bons moments d'observation
En plus du « geste envers la vie en général », Robert Andrieu s'offre ainsi de bons moments d'observation. Il sait se faire discret, derrière sa fenêtre, pour voir les mésanges charbonnières, les chardonnerets et les pinsons des arbres se nourrir directement sur la mangeoire. Les merles, les moineaux, les rouges-gorges, les accenteurs mouchets et, plus rarement, les grosbec casse-noyaux, picorent plutôt ce qui tombe en dessous.
« J'ai remarqué que, dès le point du jour, ça arrive, ça arrive, ça arrive. Je mets quelques graines le matin, peu la journée, et je complète le bac à la tombée de la nuit. Ça marche comme le téléphone arabe. Quand je mets des graines, je passe d'une ou deux, à quatre, voire dix mésanges en une journée ! »
L'idéal reste de nettoyer régulièrement la mangeoire, « tous les quinze jours », estime Robert Andrieu, « pour éviter la transmission de maladies ». Pour lui, l'approvisionnement en eau n'est pas très compliqué, puisque les oiseaux peuvent faire leur toilette et boire dans le bassin derrière la maison, côté jardin. « Quand il est gelé, je leur verse de l'eau dans une soucoupe posée sur le puits, près de la mangeoire, et le tour est joué. »
Dans son terrain, l'homme a aussi installé quelques nichoirs, achetés ou fabriqués par ses soins avec du bois ou des pots en terre, selon les espèces auxquelles ils sont destinés. Des territoires perchés aux arbres ou accrochés au mur de la maison.
« De quoi subsister en grattant sous les feuilles »
À Brugheas, tout est en place pour affronter un hiver que les anciens annoncent sec et froid. « À cette saison, la nourriture est primordiale, la journée, pour les oiseaux. Par grand froid, une mésange peut par exemple perdre jusqu'à 10 % de son poids en une nuit. Elle a alors besoin de reprendre toutes ses forces pour résister aux basses températures de la nuit suivante. On n'est pas obligé de dépenser beaucoup pour lui donner un coup de pouce. »
Robert Andrieu conseille aussi de ne pas trop se casser la tête. Quand il doit s'absenter, il met quelques boules de graisse à disposition et laisse la nature faire le reste. « La mortalité des oiseaux est plus importante en hiver, mais il y a toujours quelques végétaux à baies, dans les jardins alentours, pour se nourrir et s'abriter. Même quand il neige, les omnivores arrivent à trouver quelques petites bêtes et de rares insectes, et les granivores de quoi subsister, en grattant la terre, sous les feuilles ».
Toujours attentif à ne pas voler aux oiseaux leur autonomie, Robert Andrieu cessera progressivement son rituel quotidien à l'approche du printemps. « Il ne faut pas trop les habituer à ça quand ils peuvent se débrouiller seuls »