Les oiseaux du Québec font leur nid au printemps ou en été afin de profiter de conditions climatiques idéales pour élever les oisillons. Exception à la règle, il y a des oiseaux avant-gardistes qui aménagent leur nid sous le froid et la neige.Photo Shudrburg_Wikimedia
Le grand-duc d’Amérique est probablement le nicheur le plus hâtif.
Le grand-duc d'Amérique est probablement le nicheur le plus hâtif, la femelle pouvant pondre dès le mois de février dans les forêts du sud de la province.
La cour du grand seigneur de la nuit débute dès décembre ou janvier. Le mâle présente de la nourriture à la femelle en guise de rituel amoureux. Lissage mutuel des plumes, petits coups de becs, sauts et autres mimiques agrémentent aussi le jeu nuptial. De plus, une série d'ululements, de sons et de claquements précèdent l'accouplement. L'union engendre trois œufs (en moyenne) couvés par la femelle. Celle-ci est nourrie par le mâle tout au long de la couvaison.
Au lieu de construire son propre nid, le grand-duc s'installe dans le nid abandonné d'une buse ou d'un autre oiseau de proie. Il peut aussi choisir un ancien nid de corneille ou d'écureuil.
Les œufs éclosent approximativement 30 jours après la ponte. Munis d'un bon duvet dès la naissance, les oisillons demeurent au nid durant six ou sept semaines. Puis, les jeunes effectuent leur premier envol tout en restant près du lieu de leur naissance. Ils apprennent les rudiments de la chasse tout en étant encore nourris par les adultes pendant quelques mois.
En fait, le cycle complet de la reproduction dure de six à sept mois, ce qui peut expliquer le début hâtif de la saison des amours.
Une étude scientifique menée en Alberta mentionne également l'abondance de la nourriture (lièvres, campagnols et autres proies) au printemps comme facteur explicatif pour nicher si tôt dans l'année.
Trois noctambules
Le grand-duc d'Amérique appartient à la famille des strigidés, laquelle dénombre quelque 10 espèces de hiboux et de chouettes au Québec. Parmi ce groupe, trois noctambules nichent dès le mois de mars: le petit-duc maculé, la chouette rayée et la petite nyctale.
Le petit-duc maculé ressemble un peu au grand-duc d'Amérique, mais en mode miniature. Son nid est logé dans la cavité d'un arbre.
La chouette rayée présente un plumage aux tons bruns et gris. Elle peut utiliser une cavité naturelle ou un ancien nid de corneille pour aménager son nid. À l'occasion, elle peut même opter pour un nichoir artificiel, dans la mesure où cette cabane d'oiseau dispose d'une ouverture d'environ 20 cm afin de faciliter le passage de la chouette.
La petite nyctale se caractérise par sa très petite taille, équivalente à celle de l'étourneau. Elle niche habituellement dans une ancienne cavité creusée par le pic flamboyant ou le grand pic.
Bec-croisé et plumage rosé
Oiseau de la forêt boréale, le bec-croisé bifascié se démarque par son bec particulier et son plumage rosé. Il peut faire son nid en toute saison, même en plein hiver.
Il fréquente les forêts de résineux regorgeant de cônes. Riches en apport calorifique, ces cônes sont essentiels pour la production d'œufs et l'alimentation des jeunes.
Le bec-croisé des sapins, cousin de notre bec-croisé bifascié, arbore un plumage rouge et peut fonder une famille dès janvier ou février.
De son côté, le mésangeai du Canada niche souvent dès le début du printemps dans les épinettes couvertes de neige de la forêt boréale.
Le foyer de cet oiseau blanc aux tons de gris renferme trois ou quatre œufs couvés par la femelle afin d'irradier un peu de chaleur sur la future progéniture.
Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l'apprentissage de l'ornithologie, Bernard Cloutier est membre de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi animateur, guide et conférencier. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com.