De lunion.presse.fr
CHARLEVILLE-MÉZIÈRES (Ardennes). Nouveau coup de gueule des bénévoles du Centre d'assistance et d'information sur les oiseaux : ils se sentent bien seuls pour s'occuper des cygnes blessés.Celui-ci avait avalé ce flotteur de ligne de pêche et ne pouvait plus s'alimenter.
«ON voit des cygnes sur toutes les cartes postales qui montrent les bords de Meuse. Ces beaux grands oiseaux font partie de l'image du département, du moins de la vallée de la Meuse, mais dès qu'il faut s'occuper d'eux, tout le monde s'en fout ! »
Bernard Ulrich, infatigable militant de la protection des oiseaux (LPO, CAIO), pousse encore un coup de gueule en constatant que les cygnes de la Meuse sont souvent victimes d'accidents stupides ou de la cruauté humaine… et que lorsqu'il s'agit de les soigner, les bénévoles du Centre d'assistance et d'information sur les oiseaux se retrouvent seuls, sans subventions, appelés par des particuliers ou des mairies pour intervenir à hue et à dia presque d'un bout à l'autre du département (en tout cas très souvent entre Charleville-Mézières et Givet…), sans la moindre subvention, et parfois avec toutes les peines du monde pour trouver des vétérinaires qui acceptent de soigner les cygnes.
Ce serait d'ailleurs une réaction observée chez un bon nombre de praticiens dès qu'il s'agit de faune sauvage. « Je sais que ça va faire grincer des dents mais tant pis ! », poursuit Bernard Ulrich. « Ils nous disent : on ne s'occupe pas de ça, c'est de la faune protégée. Il m'est arrivé d'aller chercher un oiseau blessé chez un véto où l'animal avait été déposé : j'ai trouvé le carton dans le couloir et personne n'avait regardé dedans ! C'est aussi arrivé que je trouve la bestiole morte dans le carton ! Moi, je pense qu'il y va de leur déontologie. Quand on leur apporte un oiseau, ils devraient au moins donner les premiers soins. Il n'y en a que deux qui veulent bien travailler avec nous ».
Mauvaise volonté des vétérinaires
Y aurait-il aussi dans l'apparente mauvaise volonté de la majorité des vétérinaires l'inquiétude de savoir qui va les payer ? (Puisque, par définition, ce ne sont pas des animaux domestiques et ils n'ont pas de maîtres susceptibles d'acquitter la facture des soins…)
Les militants du CAIO ne le disent pas officiellement mais ce pourrait bien être une partie de l'explication du malaise.
« C'est nous qui payons ! Les cotisations des membres du CAIO ne suffisent pas. En moyenne, pour une intervention sur un oiseau, on compte 150 euros. Les mairies de Nouzonville, Bogny, Monthermé, Fumay, Haybes, Givet… nous appellent. Pourquoi ne pourraient-elles pas envisager de verser au CAIO une petite contribution annuelle afin que les bénévoles n'en soient pas systématiquement de leur poche ? »
Il serait même possible que les bénévoles organisent à la demande des communes des séances d'initiation au nourrissage et aux premiers soins. « Nous sommes prêts à passer des conventions avec le conseil général, les municipalités, les centres de secours ou les intercommunalités ». Autre problème, les militants de la protection des oiseaux cherchent toujours à recruter de nouvelles bonnes volontés (ne serait-ce parfois que pour transporter un cygne blessé en voiture), et ce n'est pas le plus facile. Il y a encore du chemin à faire…
Patrick FLASCHGO
Contact avec trois correspondants du CAIO : Bernard Ulrich (Lucquy) 03.24.72.09.92. Jean-François Parizelle (La Grandville) 03.24.37.77.70. Jean-Marie Peyrot des Gaschons (Poix-Terron) 03.24.35.62.66.