De republicain-lorrain.fr
Petit, peu bruyant, filant jusqu’au sommet des arbres pour aller glaner sa nourriture, le pic mar est bien difficile à repérer !On reconnaît l’oiseau à sa calotte rouge et ses flancs striés de noir. Photo Didier COLLIN
Le pic mar est très discret par rapport aux autres espèces de pics visibles et audibles dans notre région : noir, vert, cendré, épeiche. C’est ainsi qu’il ne tambourine guère, alors que ses cousins mâles ont l’habitude de marteler de façon bien sonore et spécifique les troncs et branches d’arbres, à la fois pour attirer les femelles et pour repousser les concurrents pendant la période nuptiale. Leur tambourinage fait office de chant propre aux autres passereaux et c’est ainsi que les pics en général, sauf le mar, se font remarquer à la fin de l’hiver et au début du printemps.
L’absence de ce type de manifestation sonore explique en partie le fait que le pic mar soit peu connu. De plus, de taille inférieure à ses cousins, hormis le pic épeichette, il se déplace rapidement au sommet des arbres où il évolue jusqu’aux extrémités des branches. Enfin, il est bien plus sporadique que le fréquent pic épeiche observable un peu partout y compris à proximité de nos habitations.
Si on a l’occasion d’apercevoir le pic mar, on risque fort de le prendre d’abord pour un pic épeiche qui lui ressemble beaucoup. Outre sa taille un peu plus petite, mais difficile à apprécier à distance, le pic mar a pour principales différences les flancs très marqués de stries noires et une calotte rouge au lieu de la calotte noire des pics épeiches adultes. Pour distinguer ces deux oiseaux grimpeurs, il convient donc de se focaliser en tout premier lieu sur la calotte et les flancs. Bien entendu, d’autres détails les différencient, mais ils sont plus subtils ou nuancés, donc plus difficiles à noter d’emblée sans hésitation, comme la couleur du bas-ventre, rouge foncé chez l’épeiche et rose clair chez le mar.
En principe, le pic mar est un oiseau forestier. Il est inféodé aux peuplements de vieux arbres feuillus d’essences mélangées. Les chênes âgés à l’écorce crevassée ont sa préférence. Au contraire aussi de l’épeiche, le mar prélève la plus grande partie de sa nourriture à la surface des troncs et des branches sans en percer l’écorce ou le bois. Il agit donc comme les grimpereaux des bois qui prospectent et glanent, mais ne forent pas.
Son régime alimentaire de base est composé d’insectes, de larves, de chenilles et de fourmis. En hiver surtout, il consomme aussi des semences, des baies et des fruits : glands, faines, noisettes et graines de lierre.
Pour nicher, le couple creuse une cavité parfois à grande hauteur et de préférence dans des troncs ou des branches en voie de dépérissement, dont le bois nécessite moins d’efforts pour être troué. La cavité est garnie des copeaux obtenus et recevra les 5 à 7 œufs de la ponte qui a lieu en avril.
Cette espèce est sédentaire en Lorraine, mais très irrégulièrement répartie. Dans son milieu propice, à savoir les anciennes forêts de feuillus, elle est rare ici et là presque aussi abondante que les pics épeiches. Il a d’ailleurs été observé que ces deux espèces sont susceptibles de voisiner sans se concurrencer, les niches écologiques exploitées respectivement n’étant pas identiques.
Gilbert BLAISING