De lalsace.frUn nouvel espace dédié à la faune australienne a ouvert hier au zoo de Mulhouse. Y cohabitent quatre wallabies des rochers et trois kangourous roux qui seront bientôt rejoints par des oies semi-palmées et un œdicnème bridé. Allez donc faire un saut au zoo…
D’une surface de 3000 m ², le nouvel enclos a été entièrement réalisé par l’équipe technique du zoo. D’une zone fortement minéralisée jusqu’à un espace plus humide, il recrée des milieux différents pour le bien-être des animaux. Photos Darek Szuster Pourquoi un espace australien au zoo de Mulhouse ? Tout est parti d’un constat : l’enclos des wallabies de Bennett devait impérativement être rénové. S’est posé le choix « de garder cette espèce, [seul marsupial alors abrité par le zoo] ou bien de faire mieux… », résume Brice Lefaux, le directeur du zoo. En effet, s’il permet de bien comprendre le mode de reproduction très particulier des marsupiaux, ces ancêtres des mammifères actuels – et est donc intéressant du point de vue pédagogique – le wallaby de Bennett l’est nettement moins en ce qui concerne la conservation des espèces. « C’est mignon, mais c’est très répandu en Australie, comme le lapin, explique Brice Lefaux. On a donc décidé de le remplacer par une espèce plus rare, qui a vraiment besoin d’être protégée. »
D’où le choix du wallaby des rochers, petit marsupial emblématique, dont il reste actuellement moins de 10 000 individus à l’état sauvage et sur lequel le gouvernement australien veille avec attention… jusque dans les zoos. « En Europe, ils sont présents dans seulement trois parcs, à Berlin, Madrid et Besançon, et lorsqu’un nouveau zoo veut en accueillir, il doit obtenir l’accord des autorités australiennes », souligne ainsi le directeur.
Après avoir reçu l’été dernier le coordonnateur du programme international d’élevage de l’espèce, venu de Los Angeles, le zoo de Mulhouse a été jugé « apte », bien sûr !
Montrer l’interaction entre les espèces
De là, « nous avons décidé de faire un enclos plus grand que celui des wallabies de Bennett et d’y montrer l’interaction entre différentes espèces australiennes », poursuit Brice Lefaux. Trois autres espèces endémiques de ce continent ont alors été choisies pour venir tenir compagnie aux wallabies : des kangourous roux, le plus grand macropode, célèbre pour ses longs sauts et ses « directs » (c’est un habile boxeur), mais non menacé dans la nature, et deux espèces d’oiseaux, des œdicnèmes bridés, un petit échassier des prairies classé « quasi menacé », et des oies semi-palmées, espèce emblématique « moitié canard-moitié oie », qui vit dans la partie la plus tropicale d’Australie, tout au nord.
Pour que tout ce petit monde, qui fréquente dans la nature des milieux bien différents, se sente à l’aise, il a fallu aménager un enclos paysager diversifié.
C‘est l’équipe technique du zoo, sous la coordination de Dominique Vogel, agent de maîtrise, qui s’en est entièrement chargé sur une surface de 3000 m² – soit le double de celle qu’occupaient les wallabies de Bennett.
300 tonnes de grès des Vosges
Les wallabies des rochers aimant, comme leur nom l’indique, crapahuter dans la rocaille, 300 tonnes de grès des Vosges ont été acheminées au zoo pour constituer un bel éboulis dans un dégradé d’ocre-rouge très évocateur du bush australien. Les kangourous roux et les œdicnèmes peuvent eux s’ébattre dans un espace aride et herbeux, et les oies semi-palmées ont droit à un grand bassin avec des bambous. « On part d’une zone fortement minéralisée pour aller vers une zone plus humide. Ce qui dans la nature se fait sur des milliers de kilomètres », explique Dominique Vogel. Un bâtiment, isolé et chauffé par aérothermie pour abriter les animaux la nuit et par grands frimas, a également été construit. L’ensemble des travaux a été financé par M2A (Mulhouse Alsace agglomération) pour un total de 130 000 € (coût des matériaux).
Un petit wallaby dans la poche
Les wallabies de Bennett ont été confiés à d’autres zoos et tous les nouveaux hôtes sont arrivés cette semaine. Les kangourous roux sont trois frères, âgés de 1 an pour l’un, 1 an et demi pour les deux autres, nés au zoo de Heidelberg et prénommés Uluru, Noongar et Narawantapu. Ils vont encore grandir, mais ils resteront entre mâles, le but du zoo n’étant pas de se lancer dans la reproduction de cette espèce. Le groupe de wallabies des rochers est arrivé du zoo voisin de Besançon : il s’agit d’un jeune mâle, non reproducteur (il est destiné à partir dans un autre zoo à l’âge adulte, tandis qu’un mâle reproducteur devrait arriver) et de trois femelles, dont une garnie d’un petit dans la poche.
Les marsupiaux bondissants ont découvert leur nouvel enclos hier. Qu’on se rassure, leur cohabitation est tout à fait pacifique… L’œdicnème (un jeune mâle abrité pour l’instant dans la Maison de l’éclosion) et le couple d’oies semi-palmées (encore en quarantaine) devraient les rejoindre la semaine prochaine. Et pour fêter ces nouveaux hôtes, le zoo organise ce mois-ci toute une série d’animations (lire en cadre) destinées à faire découvrir différentes facettes de la culture aborigène tout en plongeant le parc dans l’ambiance de l’île continent.
le 10/06/2012 à 05:00 par Hélène Poizat
Sources : http://www.lalsace.fr/haut-rhin/2012/06/10/un-petit-morceau-d-australie-peuple-de-quatre-especes-a-decouvrir