De ornithomedia.com
Image thermographique d'un bruant américain (probablement du genre Ammodramus) montrant le rôle de "puit de chaleur" de son bec. Les températures de l'échelle sont en degrés Fahrenheit/
Source : Russell Greenberg
Les oiseaux ne transpirent pas et quand ils risquent la surchauffe, ils peuvent essayer de se mettre à l'ombre ou haleter : toutefois cette dernière méthode a un effet limité chez eux, et elle induit une perte en eau.
Des études récentes ont montré que les bec constituaient des "puits" importants de chaleur et jouaient ainsi un rôle thermorégulateur en permettant son évacuation. Par exemple, le tissu interne du bec des toucans est richement vascularisé et ces oiseaux peuvent augmenter ou restreindre le flux sanguin qui y circule.
Les plus grands becs, dont la surface est naturellement plus importante que ceux de dimensions moindres, pourraient ainsi constituer des outils de thermorégulation efficaces sous les climats chauds, à la manière des grandes oreilles des mammifères du désert comme le Lièvre des hauts-plateaux éthiopiennes (Lepus tibetanus) ou le Fennec (Vulpes zerda). Les caroncules du dindon joueraient aussi un rôle similaire.
Cette fonction devrait être logiquement plus importante dans les habitats ouverts avec peu d'ombre et soumises à de forts vents convectifs. Et en permettant de diminuer la température corporelle sans perte d'eau, les becs pourraient jouer un rôle essentiel dans les régions venteuses où la disponibilité en eau douce est limitée.
C'est par exemple le cas des marais côtiers d'Amérique du nord (et d'ailleurs). Des chercheurs américains ont mesuré les dimensions des becs de différentes espèces et sous-espèces de bruants (des genres Ammodramus et Melospiza en particulier) fréquentant ces marais en fonction des températures minimales hivernales et des maximales estivales. Ils ont constaté que la taille de leur bec augmentait avec la température estivale, ce facteur expliquant de 82 à 89% (selon le sexe) de la variance de la taille. La latitude et les températures hivernales semblent être moins déterminantes.
La dimension du bec des bruants des marais côtiers semble ainsi refléter son rôle thermorégulateur. Ce nouvel exemple de la règle d'Allen réaffirme l'importance des contraintes physiologiques sur l'évolution de la morphologie des vertébrés, y compris le bec des oiseaux.
La règle d'Allen est une règle biologique empirique posée par Joel Asaph Allen en 1877 stipulant que les organismes à température interne constante des climats froids ont habituellement des membres et des appendices plus courts que les animaux équivalents sous des climats plus chauds.
Sources :
- Greenberg, R., Danner, R., Olsen, B. et Luther, D. (2012), High summer temperature explains bill size variation in salt marsh sparrows. Ecography, 35: 146–152. http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/
- Amy Enchelmeyer (2011). Hot Birds Have Large...Beaks. Discovery news. Date : 28/07. http://news.discovery.com/animals/bird-beaks-cooling-110728.html
Sources : http://www.ornithomedia.com/infos/breves/breves_art1_314.htm