De lnc.nc
Toujours vulnérables, les perruches d’Ouvéa sont aujourd’hui 3 000, contre 600 il y a vingt ans. Des scientifiques internationaux sont de passage sur l’île pour confirmer l’absence d’un virus qui ravage les populations de ce type d’oiseaux dans le monde. Auprès des scientifiques internationaux, les membres de l’association d’Ouvéa ont pu apprendre des techniques qui leur seront utiles pour mieux protéger les perruches.
Plus nombreuses, mais toujours menacéesEn 1993, les coutumiers et les administrations ont créé l’Association de sauvegarde de la perruche d’Ouvéa (Aspo) pour éviter l’extinction de cette espèce endémique d’Iaai (Eunymphicus uveaensis), classée comme « en danger » sur la liste rouge de l’Union mondiale pour la nature (UICN). La population était alors estimée à 600 individus à peine. « Dès les années 60, des habitants ont vendu à prix d’or les perruches auprès d’une clientèle de collectionneurs. Mais dès que nous avons vu les effets sur la population d’oiseaux, nous avons arrêté ces pratiques », explique Aizick Wéa, un vieux de Gossanah. C’est dans le nord de l’île, là où il y a des arbres fruitiers (letchis, pommes cannelles, papayes…), que se situe la grande majorité des perruches.
Suite à l’arrêt des prélèvements dans les nids, la population n’a cessé de grimper pour atteindre les 3 000 individus aujourd’hui. « Du coup, on rencontre un nouveau problème. Après le passage des perruches dans les jardins, il ne reste plus de fruits aux habitants, témoigne Aubane Beujeu, président du district nord. Certains sont contents de vivre avec les perruches, mais d’autres râlent. Il faut trouver des solutions. » L’Aspo envisage la pose de filets.
En dépit de leur renaissance, les oiseaux qui font la fierté d’Iaai restent vulnérables : les couples sont fidèles à vie et à leur nid, que les abeilles sauvages concurrencent et la déforestation limite leur espace de vie. « Il faut surtout empêcher à tout prix l’arrivée du rat noir à Ouvéa, souligne Antoine Barnaud, vétérinaire de la province. Pour cela, l’équipe de l’association pose des pièges au wharf et démarre une campagne de sensibilisation dans les écoles. Le rat noir est également responsable de la leptospirose et serait un vrai problème pour l’île, où l’eau est stockée dans des citernes. » L’Aspo fera le point le 15 mai lors de son assemblée générale.
La perruche d’Ouvéa est inscrite en annexe 1 de la convention internationale sur le commerce des espèces menacées (CITES). L’achat et la vente sont interdits et passibles de lourdes amendes. A l’échelle de la biodiversité mondiale, sa présence sur la seule île d’Ouvéa justifie une surveillance toute particulière
Depuis dimanche dernier, l’Association pour la sauvegarde de la perruche d’Ouvéa (Aspo) accueille une équipe de scientifiques menée par Bethany Jackson, vétérinaire au NZCCM (New Zealand Center for Conservation Medecine) du zoo d’Auckland. C’est la première étape d’une tournée de dix jours en Calédonie, avant le parc forestier, le parc des Grandes Fougères et des sites du Nord.
Pilotée localement par Almudena Lorenzo, la directrice du parc forestier, et les responsables des provinces, l’étude vise à rechercher la présence éventuelle du virus de la maladie du bec et des plumes (BFPV), qui décime certaines populations de perruches et de perroquets dans le monde. Ils font également des prélèvements et des mesures pour recueillir le maximum d’informations sur l’espèce et la présence potentielle d’autres maladies. « Nous faisons tous les échantillons en double, nous souhaitons partir avec le nôtre et laisser l’autre aux équipes locales pour leurs propres recherches », précise Bethany Jackson, accompagnée de professionnels australiens, américain et canadien.
Captures. Antoine Barnaud, vétérinaire de la province des Îles, et Anna Baouma, coordinatrice de l’Aspo, accompagnés des guides Benoit Tangopi, Jean-François Chaouri et Jean-Baptiste Dao, ont préparé leur venue et choisi les sites les plus propices aux captures. « La perruche d’Ouvéa est intelligente, explique Benoît. On a installé des filets pour protéger les fruits, elles sont passées par-dessous. Pendant ces trois jours, je vais voir les techniques de capture, de baguage et de prélèvement de spécialistes de la perruche. Leur expérience acquise sur le terrain en Nouvelle-Zélande va nous être très utile. »
Analyses. Les premiers éléments semblent plutôt rassurants : « La dizaine d’oiseaux que nous avons capturée en deux jours est en excellente condition, indique la vétérinaire kiwie. Mais il faut avoir le résultat des analyses pour donner un avis sur la situation et permettre à l’Aspo d’ajuster sa politique de protection. Il aurait fallu capturer une trentaine de spécimens pour que notre étude soit plus sûre. »
Un précédent passage des Néo-Zélandais avait déjà démontré la présence de la maladie sur des loriquets de la Grande Terre. Il est donc important dès aujourd’hui d’éviter toute introduction d’un tel oiseau à Ouvéa. Le virus BFPV implique la mort des oisillons et des juvéniles, ainsi qu’un affaiblissement des adultes. Les pluies abondantes de mercredi et jeudi ont stoppé les captures : les perruches sortent moins et les scientifiques limitent les prises de risques afin de ne pas blesser ni stresser les animaux. L’équipe internationale aura beaucoup appris auprès des guides et des vieux d’Iaai, sur les habitudes et le comportement des perruches.
Sources : http://www.lnc.nc/article/ouvea/un-oeil-sur-la-perruche-d%E2%80%99ouvea