De sudouest.frL'association Alca Torda a relâché un milan royal et une bondrée apivore, hier .
Pour ce milan royal et cette bondrée apivore, le chemin de la liberté sera peut-être semé d'embûches. Il leur faudra quelques jours pour se réacclimater à la pleine nature. (Photo Pascal Bats)
Ce sont quelques secondes où l'émotion domine : ce moment où l'on voit le rapace prendre son envol et laisser derrière lui les longs mois d'hospitalisation dans les volières du centre Alca Torda, à Pouydesseaux. Hier, les bénévoles et le responsable de la structure gérée par la Fédération des chasseurs landais et cofinancée par le Conseil général, ont redonné leur liberté à un milan royal et une bondrée apivore, dans les prairies de la réserve naturelle d'Arjuzanx, aux côtés des gardes naturalistes.
« Pour nous, c'est toujours un moment un peu idyllique, observe Jérôme Pensu, ornithologue et responsable du centre Alca Torda. Mais pour eux, le retour à la nature est une épreuve : les choses sérieuses vont commencer. Ils vont avoir deux ou trois jours un peu compliqués. Au final, c'est la nature qui va décider si oui ou non, ils vont s'en sortir. »
390 oiseaux recueillis par an
L'histoire de ces deux rapaces est évidemment douloureuse. Tous deux étaient considérés comme condamnés, à leur arrivée au centre. Le milan royal a été pris en charge à l'automne dernier. Il doit certainement la vie à un chercheur de champignons gersois, qui a trouvé le rapace par terre, présentant une fracture de la main droite. « Quand ils sont blessés, ils se tapissent au sol, s'ils pouvaient s'encastrer, ils le feraient, reprend Jérôme Pensu. Quand il est arrivé au centre, il était maigre, mourant. » Mais grâce aux soins prodigués à Pouydesseaux, le rapace a repris du poil de la bête et a pu s'envoler hier, vers sa nouvelle vie. « Le souci, c'est cette aile droite. Mais plus on le garde en volière, plus il risque de s'abîmer les autres plumes. Il dépense une énergie considérable pour voler. Mais il a une bonne musculature. »
La bondrée apivore, elle, revient d'encore plus loin. Voilà presque deux ans qu'elle était hospitalisée à Pouydesseaux. Son sort semblait funestement scellé. L'oiseau présentait de multiples fractures. « Il était condamné, se souvient Jérôme Pensu. Mais on tente toujours. » Et là encore, le protocole de soins a payé. Hier, tous l'ont regardée s'éloigner sous le ciel arjuzanais, émus d'observer ce vol un peu lourd.
« On leur a donné un coup de pouce, résume Jérôme Pensu. Ils sont au mieux de ce qu'ils peuvent être. Si l'on avait continué le traitement, ils auraient décliné : la captivité les stresse. »
Pour ces deux rapaces, l'histoire continue à s'écrire en pleine nature. Mais les 390 oiseaux recueillis chaque année au centre Alca Torda n'ont pas tous la même chance : la moitié environ retrouvent un jour la liberté. La plupart du temps, il s'agit de grands accidentés, victimes de chocs routiers ou contre des baies vitrées. Un infime pourcentage concerne des dénichages, des empoisonnements, piégeages ou encore plombages. Certains arrivent beaucoup trop tard à Alca Torda, et décèdent dans les vingt-quatre heures.
« Les soins varient selon le problème et l'espèce. Quand ils sont jeunes, on les nourrit, on les aide, et quand ils sont émancipés, on les relâche. Ceux qui sont blessés sont pris en charge par le vétérinaire. Quand ils sont mazoutés, ils sont lavés, rétanchéifiés, et relâchés. Le protocole est différent, selon les cas. » Reste que dans la nature, le taux de mortalité est considérable. « Il peut atteindre 60 % la première année », conclut le responsable.
Sources : http://www.sudouest.fr/2012/05/05/retour-a-la-nature-706162-3452.php