De cyberpresse.ca
(Québec) Sur sa route, il y a cependant eu un arrière-grand-père et une arrière-grand-mère, Gustave Langelier et Bernadette Hudon-Langelier, deux autorités méconnues dans le monde ornithologique au Québec, mais reconnues mondialement. Si vous consultez la dernière livraison de la revue QuébecOiseaux, vous y trouverez d'ailleurs un long reportage signé par Michel Gosselin et par Bernard Jolicoeur sur ces deux personnages marquants de l'histoire naturelle du Québec.Bernard Jolicoeur est un amant de la nature. Ornithologie, chasse et pêche font partie de ses passions.
Photo fournie par Bernard Jolicoeur
À Fermont, dans le Nord-du-Québec, quand on observe un oiseau rare qu'on ne peut identifier ou un mammifère inconnu, c'est au dentiste qu'on s'adresse pour élucider le mystère.
Étonnant? Non! Ce dentiste, Bernard Jolicoeur, avant de faire sa médecine dentaire, a été durant de longues années biologiste et il a toujours été un grand passionné de la nature. Ornithologie, chasse, pêche, raquette, ski de fond : tout ce qui se passe à l'extérieur l'attire.
Enfant, né dans la grande ville, Montréal, il n'avait à peu près jamais vu autre chose que des moineaux, et son père, citadin jusqu'au bout des ongles, n'aimait pas beaucoup la nature.
Des arrière-grands-parents inspirants
Dans une longue conversation téléphonique, le volubile dentiste du Nord parle de ses arrière-grands-parents, qui échangeaient des spécimens d'oiseaux à des gens du Costa Rica, de l'Angleterre, des États-Unis et partout dans le monde. «Ils échangeaient les oiseaux comme on échange des cartes de hockey», dit-il.
À cette époque, on capturait les oiseaux et on conservait les spécimens à des fins scientifiques. On ne peut pas parler de naturalisation des oiseaux, puisque dans le monde scientifique, quand on traite un oiseau pour aller dans une collection, il n'est jamais représenté comme un ornement décoratif. L'oiseau est placé dans un tiroir, couché sur le dos, les ailes refermées. Il n'a pas du tout l'allure d'un oiseau vivant.
Gustave et Bernadette avaient une collection de parulines impressionnante qu'ils conservaient dans des tiroirs de quatre pieds sur quatre et de quatre pouces de hauteur.
Quand la famille de Bernard Jolicoeur a déménagé à Québec, l'adolescent a été mis en contact avec un monde fascinant. Gustave Langelier était conservateur de la Collection des oiseaux du Musée du Québec, et c'est Bernadette Hudon qui le secondait. Après la mort de Gustave, elle a pris la relève au Musée jusqu'en 1960.
Baigné dans ce monde de nature, Bernard Jolicoeur était maintenant habité par une immense passion. Le petit gars qui s'amusait à capturer des fourmis, des guêpes ou des bourdons et à les conserver dans des pots à couvercles troués a ajouté à son monde les oiseaux.
À vélo trois vitesses, comme il le raconte, il allait au domaine de Maizerets, sur les battures de Beauport, dans la région de Saint-Augustin et même jusqu'au cap Tourmente, des endroits où fourmillaient les oiseaux.
Logiquement, la biologie
Le cheminement logique devenait donc la biologie, mais il y avait des déceptions. Bernard Jolicoeur trouvait qu'il y avait beaucoup de mathématiques et pas beaucoup d'intérêt pour les oiseaux et les sorties sur le terrain. Néanmoins, il fit son bac.
À la fin de ses études, il a travaillé pour Parcs Canada et pour le Service canadien de la faune. Il a passé de belles années à Cap-Tourmente, d'abord comme étudiant et par la suite comme permanent.
En 1980, il ne trouvait plus de défi dans ce qu'il faisait. Il s'est alors inscrit en médecine dentaire. Là, il a trouvé une profession faite sur mesure pour lui. Il avait la possibilité de visiter les régions les plus éloignées du Québec.
Pendant ses études, il a proposé un stage d'une semaine à Kuujjuaq et, arrivé là-bas, il est littéralement tombé sous le charme. «Là, tout est différent. C'est dépaysant», affirme-t-il.
Plus tard, il y a séjourné deux ans, et deux ou trois fois par année, il faisait la tournée de la baie d'Ungava pour offrir des soins dentaires.
Après son séjour, c'est le retour à Québec, pour pratiquer en clinique privée et comme clinicien à la faculté de médecine dentaire. Ça ne va pas; pour lui, ç'a été une année misérable.
C'est à nouveau un départ vers le Nord, cette fois à la baie d'Hudson, où il travaillera un an. Pour Bernard Jolicoeur, ce fut une année de rêve près des Inuits, un peuple près de ses traditions et habitant la toundra, «un décor lunaire», précise-t-il. Ça se passait en 1988, et là, il a eu un bain de nature incroyable. Il a été initié à l'art du GPS par un ami professeur d'éducation physique et ses jours de congé se passaient sur le terrain.
En 1989, on lui propose un poste de dentiste à Fermont. Il y voit une belle occasion de se retrouver dans un endroit idéal pour élever ses enfants. «Fermont, c'est une ville minière dynamique et là, on n'est jamais à plus de 300 mètres les uns des autres», ajoute-t-il.
À Fermont, c'est aussi la pleine nature. «C'est aussi sauvage à 10 km qu'à 100 km de la ville», dit-il.
Après avoir construit un premier camp près de la ville, il en a érigé un autre à environ 65 km. Il pousse également des pointes vers la ville fermée de Gagnon et vers le lac Barbel.
La compagne de Bernard Jolicoeur, Mireille Croteau, a un cheminement semblable à celui de son mari. Elle qui avait une formation en sciences naturelles est devenue par la suite hygiéniste dentaire. C'est à Cap-Tourmente qu'ils se sont connus. Ils ont quatre enfants.
Voilà l'histoire d'un homme passionné qui repousse continuellement la limite de ses rêves. Aujourd'hui, près de la retraite, il sait qu'il devra quitter Fermont : la maison qu'il occupe est en location et réservée à ceux qui sont là pour travailler. Autrement, il y a peu de maisons à vendre, et souvent celles qui le sont sont hors de prix.