De ornithomedia.comPigeon migrateur (Ectopistes migratorius) naturalisé, galerie des oiseaux, Muséum royal de l'Ontario (Canada).
Photographie : Keith Schengili-Roberts / Wikipedia Les spécimens détenus dans les musées constituent un important gisement d'informations génétiques. Des échantillons d'ossements, de morceaux de peau ou d'autres éléments permettent aujourd'hui de réaliser des analyses génétiques riches en enseignements.
Les doigts des pattes sont particulièrement intéressants car leur peau est épaisse et peut être facilement prélevée à l'aide d'un scalpel stérile. Un seul doigt est suffisant pour l'analyse, ce qui permet de limiter les destructions. Toutefois les spécimens ont souvent fait l'objet de traitements chimiques pour permettre leur conservation, ce qui complique l'extraction de leur ADN.
Le Pigeon migrateur (Ectopistes migratorius) était autrefois l'un des oiseaux les plus abondants d'Amérique du Nord, avec une population estimée à plusieurs milliards d'individus. Toutefois, l'installation d'immigrants européens a entraîné sa disparition entre le 17ème et le début du 20ème siècle, à cause après d'un véritable massacre et de la destruction de son habitat. Le dernier oiseau est mort en captivité en 1914, en dépit de la mise en place de mesures de protection tardives et peu respectées.
En dépit de sa notoriété, on connaît peu de choses sur cette espèce et sur sa taxonomie. Sa morphologie le rapproche des tourterelles du genre Zenaida, tandis que l'analyse de son ADN mitochondrial (ADNmt) suggère une plus grande proximité avec les pigeons et les tourterelles typiques. Une récente étude de son ADNmt soulignerait sa proximité avec les espèces du genre Patagioenas.
Des chercheurs ont utilisé avec succès, en les modifiant quelque peu, une méthode d'extraction commerciale (Qiagen DNeasy Tissue Kit) et une technique de séparation sur colonne de silice pour collecter de l'ADN nucléaire à partir de doigts desséchés d'un spécimen détenu dans le musée de Liverpool (Grande-Bretagne). Sept introns (fragments) du gène FGB (Fibrinogen Beta Chain) ont été sélectionnés afin de réaliser un séquençage.
Une amplification de courts segments d'ADN (d'une longueur maximum de 170 paires de bases) a ensuite pu être menée, ce qui a permis de reconstituer pour la première fois une séquence d'ADN nucléaire. Des portions d'ADN d'autres espèces de Colombidés ont été utilisées comme références afin de reconstituer les parties non identifiables.
Les analyses d'ADN d'oiseaux disparus détenus dans les musées et les collections constituent de précieuses sources d'informations : des scientifiques ont par exemple reconstitué les couleurs de quatre espèces de moas, de gigantesques oiseaux aptères éteints, à partir de plumes trouvées dans des cavernes et sous des rochers en Nouvelle-Zélande (lire Reconstitution du plumage d'un moa).
Source :
Tara L. Fulton, Stephen M. Wagner et Beth Shapiro (2012). Case Study: Recovery of Ancient Nuclear DNA from Toe Pads of the Extinct Passenger Pigeon. Ancient DNA Methods in Molecular Biology. Volume 840, 29-35. http://www.springerlink.com
Sources : http://www.ornithomedia.com/infos/breves/breves_art1_322.htm