De ornithomedia.comLe Garrot à œil d'or (Bucephala clangula) est un canard plongeur nichant dans les forêts boréales, souvent à proximité de plans d'eau et de rivières, du nord de l'Eurasie (de la Pologne à la Scandinavie jusqu'à la Sibérie) au nord de l'Amérique du Nord. C'est une espèce cavicole qui pond ses oeufs dans les trous d'arbres (par exemple d'anciennes cavités de Pic noir), mais aussi dans des nichoirs mis à leur disposition.
En Europe, la très grande majorité des oiseaux niche en Scandinavie, mais de petites populations se sont établies plus au sud (en Allemagne et en Autriche par exemple). Des cas de nidification isolés ont été constatés dans d'autres pays d'Europe, dont la Suisse et la France. Dans l'hexagone, le garrot s'est reproduit à en Lorraine en 1999 et en 2001 au moins, et en Ile-de-France en 2009.
En juin 2012, Pierre Cheveau a fait des observation intéressantes : il a vu de trois à quatre immatures sur le plan d'eau d'une sablière à Vimpelles, en Seine-et-Marne : l'espèce a-t-elle donc niché en Ile-de-France cette année ?
Le Garrot à oeil d'or (Bucephala clangula)Couple de Garrots à oeil d'or (Bucephala clangula).
Photographie : Calibas / Wikipedia Longueur : de 38 à 43 cm.
Le Garrot à oeil d'or est un canard plongeur de taille moyenne.. Il est trapu avec une grosse tête triangulaire et un petit bec.
Le mâle en plumage nuptial a la tête noire avec des reflets vert métalliques et une tache ronde et blanche entre le bec et l'œil. Le dos et l'arrière sont noirs et le reste du corps est blanc. La femelle a une tête brun chocolat, un collier et la poitrine blanchâtre. Le reste du corps est gris-brun. La pointe de son bec devient généralement jaune, mais chez certains oiseaux il devient presque entièrement jaune..
En éclipse (après la saison de reproduction), le plumage du mâle est semblable à celui de la femelle, mais avec plus de blanc à l'avant de l'aile.
Les adultes ont l'iris jaune, d'où le nom de l'espèce.
Le juvénile ressemble à la femelle mais sa tête est plus terne et l'iris est sombre. Son bec est entièrement sombre.
Cette espèce niche dans les forêts boréales bordant des lacs et des étangs aux eaux claires du nord-est de l'Europe jusqu'au nord de l'Amérique du Nord en passant par la Sibérie et l'Asie centrale. De petites populations isolées sont présentes dans le centre de l'Europe.
La femelle pond ses œufs dans des grands trous (diamètre supérieur à 20 cm) d'arbres mâtures, souvent creusés par le Pic noir (Dryocopus martius) (en Eurasie). Elle accepte aussi volontiers les nichoirs de taille suffisante (orifice d'accès de 10 à 25 cm de diamètre) : il existe d'ailleurs des programmes de pose en Europe du Nord et en Amérique du Nord pour favoriser l'installation de ce canard. Au Québec par exemple, c'est un vrai succès, avec un taux d'occupation des nichoirs de 82 à 90 %.
La ponte (de 7 à 10 œufs en moyenne) a généralement lieu en avril-mai. L'incubation est assurée par la femelle pendant 30 jours environ. Les jeunes sont volants à l'âge de 57-66 et sont indépendants à 50 jours.
Le Garrot à oeil d'or hiverne sur de grands plans d'eau et sur les côtes.
Le Garrot à oeil d'or en France : hivernage et nidificationL'un des Garrots à oeil d'or (Bucephala clangula) juvéniles observés sur un plan d'eau d'une sablière de Vimpelles, en Seine-et-Marne (77) le 16 juin 2012 : notez la tête brun-marron, l'iris sombre et le bec noir.
Photographie : Pierre Cheveau Le Garrot à œil d'or est une espèce plutôt nordique, et la France est située à la limite méridionale de son aire d'hivernage normale. Quelques centaines d'oiseaux y passent l'hiver, tandis que des des milliers d'individus hivernent en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, en Allemagne ou au Danemark.
Mais le garrot est en expansion en Europe depuis les années 1990. Il a ainsi niché pour la seconde fois en 1997 en Suisse. En France, le premier cas de reproduction a été découvert sur l'étang de Gondrexange (Moselle, Lorraine) en 1999 : le 3 juin, une femelle accompagnée de quatre jeunes âgés de 25 jours ont été observés. En 2001, l'espèce a niché sur le lac de Madine (Meuse).
En 2009, une femelle et deux jeunes ont été notés sur une gravière dans la vallée de la Seine, dans le département de Seine-et-Marne (Île-de-France) : des nichoirs avaient été placés dans le secteur pour favoriser l'installation de cette espèce après plusieurs observations estivales depuis 2000.
L'observation de Pierre CheveauTrois Garrots à oeil d'or (Bucephala clangula) juvéniles observé sur un paln d'eau d'une sablière de Vimpelles en Seine-et-Marne (77) le 16 juin 2012.
Photographie : Pierre Cheveau La première observation a eu lieu le 16 juin 2012 sur la commune de Vimpelles en Seine-et-Marne (77) sur un grand plan d'eau pauvre en végétation d'une sablière. D'autres plans d'eau (certains en exploitation, d'autres en cours de réhabilitation) s'étendaient à proximité. Le secteur était couvert de cultures et de boisements (plantations de peupliers principalement).
Pierre Cheveau a découvert trois garrots à œil d'or immatures (juvéniles) se reposant : ils avaient l'iris sombre (les adultes ont généralement l'iris clair) et le bec noir (le bout du bec des femelles devient progressivement jaune durant le premier hiver). Aucun collier clair, typique de la femelle adulte, n'a été vu.
De même, aucune tache claire dans la région lorale (entre l'oeil et le bec), typique des mâles, n'a été détectée (elle apparaît généralement à la fin de l'automne).
L'un des Garrots à oeil d'or (Bucephala clangula) juvéniles observés sur un plan d'eau d'une sablière de Vimpelles en Seine-et-Marne (77) le 16 juin 2012 : notez la tête brun-marron, l'iris sombre, le bec noir et le ventre blanc
Photographie : Pierre Cheveau La seconde observation a été faite au même endroit deux semaines plus tard (le 30 juin), et impliquait cette fois quatre juvéniles s’alimentant (le quatrième était peut être déjà présent la première fois mais était resté inaperçu). ils étaient mêlés à d’autres canards plongeurs : Nette rousse (Netta rufina), Fuligule morillon (Aythya fuligula) et Fuligule milouin (Aythya ferina). Ils n'étaient pas particulièrement soudés et s’éloignaient parfois d'une centaine de mètres quand ils se nourrissaient. Ce n’est que lors de la deuxième observation que Pierre Cheveau a pu constater que les jeunes étaient volants et particulièrement craintifs, sans doute davantage encore que les autres Anatidés présents sur le plan d’eau. Cette constatation permet probablement d’écarter l’hypothèse d’oiseaux échappés de captivité.
L'un des Garrots à oeil d'or (Bucephala clangula) juvéniles observés sur un plan d'eau d'une sablière de Vimpelles en Seine-et-Marne (77) le 16 juin 2012 : notez la tête brun-marron, l'iris sombre et le bec noir.
Photographie : Pierre Cheveau Pierre habite à plus de 200 km de la commune de Vimpelles, et il ne s’attendait pas à retrouver les oiseaux au même endroit le 30 juin : il précise qu'une plus grande disponibilité de sa part lui aurait peut-être permis d’observer un adulte à proximité, ce qui aurait sans doute pu davantage confirmer l’origine de ces jeunes : toutefois, le cantonnement de quatre immatures sur un site de reproduction potentiellement favorable et à cette période de l’année laisse tout de même présager un cas de reproduction à proximité.
Le Pic noir niche à proximité du site, ce qui laisse supposer l'existence de cavités favorables. De même, des nichoirs avaient été placés dans la région et avaient certainement contribué à la nidification de l'espèce en 2009.
Discussion Il est difficile de conclure définitivement à un cas de nidification : il aurait fallu voir les jeunes plus tôt, accompagnés de leur mère. D'après la taille, le plumage, et le niveau d'émancipation de ces immatures, leur âge était sûrement déjà avancé, approchant certainement les 50 jours, ce qui laisse supposer une ponte vers le 26 avril, une date normale pour l'espèce.
Comme en Lorraine en 1999, le plan d'eau choisi par les adultes pour leurs jeunes est récent. Le secteur est plutôt calme.
Cette observation s'inscrit enfin dans le cadre de l'expansion de l'espèce en Europe.
ContactPierre Cheveau : pierrecheveau@yahoo.fr
Sources Flamant Nicolas, Siblet Jean-Philippe, Martin Eric. Première reproduction du Garrot à oeil d'or (Bucephala clangula) en Ile-de-France. INIST-CNRS. http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=22566915
- Migraction.net. Garrot à oeil d'or (Bucephala clangula). http://www.migraction.net/index.php?m_id=1517&bs=89
- Tony Leukering (2012). Goldeneye Bill Coloration. Colorado Birds. Avril. Vol. 46 No. 2. 2http://cfobirds.org/downloads/journal/Goldeneye%20Bill%20Coloration.pdf
- Damien Combrisson (1999). Premier cas de reproduction du Garrot à oeil d'or Bucephala clangula en France. Ornithos. Volume 6 numéro 3.
Source : http://www.ornithomedia.com/magazine/mag_art589_1.htm