De lorientlejour.comLes oiseaux qui passent par le Liban auront traversé en moyenne 45 pays. Photo compphys.uottawa.ca La chasse telle qu’elle se pratique le plus souvent au Liban, c’est-à-dire de manière tout à fait incontrôlée, provoque des dégâts considérables au niveau des populations d’oiseaux. C’est ce qui ressort de la conférence donnée jeudi soir à l’école des sœurs lazaristes à Achrafieh par l’expert Marwan Owaygen, auteur d’un futur livre sur la migration des oiseaux dans le Sinaï.
Cette présentation était riche en magnifiques photos qui se divisaient en deux catégories : des clichés pris par le conférencier sur des populations d’oiseaux migrateurs, principalement en Égypte où il réside, et des photos de chasseurs, glanées sur Internet, montrant l’étendue des dégâts (des capots de voiture recouverts d’oiseaux morts...). Le constat du conférencier peut se résumer ainsi : « Ces oiseaux naissent dans une trentaine de pays européens, ils traversent dans leur migration une quinzaine de pays africains, ils passent donc en moyenne dans 45 pays. Mais ils ne sont tués qu’au Liban. »
« Il faut savoir que 90 % des oiseaux chassés au Liban sont d’espèces protégées par des lois et des investissements en Europe, a poursuivi M. Owaygen. Même les oiseaux qu’il est permis de chasser le sont en bien plus grand nombre qu’il est autorisé de le faire. Certains en ont fait un véritable business, revendant le produit de leur chasse aux restaurants. »
Il souligne enfin que cette chasse incontrôlée, qui atteint des espèces en danger et protégées ailleurs, va à l’encontre de textes internationaux tels que la directive 2009/147/EC du Parlement européen sur la protection des oiseaux, et la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (1991), que le Liban a signée mais qu’il transgresse tous les jours, selon lui. Il fait remarquer enfin, à l’intention de ceux qui invoquent l’argument économique, que l’observation des oiseaux a rapporté 36 milliards de dollars aux États-Unis en 2004, à titre d’exemple.
Cette conférence a été une occasion de présenter une nouvelle association, fondée par plusieurs personnes, notamment l’initiatrice du projet Julie Lebnen Awaïda, appelée les « Amis des oiseaux du Liban ». Elle est appuyée par le « Lebanon Eco Movement » (rassemblement d’une cinquantaine d’ONG).
Ce sont principalement les problèmes de la chasse sauvage, du manque d’informations sur la biodiversité et sur l’importance des oiseaux dans l’équilibre écologique, ainsi que l’absence de volonté politique et le non-respect des accords internationaux sur la protection des espèces qui ont motivé la création de cette ONG. Celle-ci se propose, selon Maya Nakhel, membre fondateur de l’ONG, de « rassembler les amis des oiseaux au Liban, disséminer l’information sur l’importance des oiseaux auprès des grands et des petits, mener des études sur le sujet, organiser des conférences, faire du lobbying pour l’adoption de lois de protection des espèces, fonder des refuges pour oiseaux blessés, organiser des activités d’observation des oiseaux ».
Enfin, signalons que la conférence a été placée sous le signe de l’hommage à l’écologiste pionnier Ricardo Habr, aujourd’hui disparu, un hommage présenté par sa femme Mirna Semaan Haber.
Source : http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/773160/%3C%3C+Quelque_90+_des_oiseaux_chasses_au_Liban_sont_proteges_en_Europe+%3E%3E,_selon_un_expert.html