De lamontagne.frLa visite de la ferme des Clautres fait le bonheur des touristes en famille. Jean-Baptiste de Saint-Vaury y transmet sa passion pour les oiseaux et les poules.Jean-Baptiste élève des poules de couleurs et tailles très variées.? - photo jérémie fulleringer Des poules, Jean-Baptiste de Saint-Vaury en a environ quarante espèces dans son poulailler. Ce jeune éleveur n'est pourtant pas installé en exploitation avicole, mais bovine. En mai dernier, il s'est installé en GAEC (*) avec son père. En parallèle, il tient un parc d'animaux rares, avec un attachement particulier pour les oiseaux et les poules. Pour rentabiliser cet élevage et partager sa passion, cette arche de Noé est ouverte à la visite chaque été et toute l'année aux écoliers.
Une passion d'enfance
Bigarré, son poulailler héberge des gallinacées de couleurs, têtes et tailles différentes. Les plus grandes, la cochin et brahma, mesurent 60 cm. La nagasaki est six fois plus petite. Jean-Baptiste est capable de retracer toute l'épopée des coqs sauvages et leur évolution au cours des siècles, de leur domestication en Asie à l'élevage du XXI e siècle.
Sans cesse à la recherche d'espèces rares, c'est une vocation zoologique qui l'anime. « Par exemple, j'ai des volailles barbezieux, qui ont frôlé l'extinction. Pour les réintroduire, l'Inra a été obligé d'amener du sang neuf de coq espagnol ».
Fasciné par les animaux à plumes depuis son plus jeune âge, « il a tout appris seul, dans les livres, les revues et les émissions TV, explique sa mère Élisabeth. À quatre ans, il était dans une classe avec des oiseaux. Comme il était mauvais élève, il ne pouvait pas avoir le couple de colombes diamant, réservées aux trois premiers. Le trimestre suivant, il est arrivé premier ! »
« Les mentalités
changent »
À 23 ans aujourd'hui, son amour pour les gallinacées l'amène à de sévères critiques contre l'élevage avicole. « Sur le marché, on trouve trois types d'animaux, qui ne sont même pas des races mais des hybrides. C'est ce qu'on appelle des "poules kleenex" : elles produisent beaucoup pendant un an, puis développent des kystes et meurent à trois ans. Résultat : les éleveurs sont obligés d'en racheter plus souvent ».
Au contraire, « les vieilles races sont très nerveuses et trouvent bien mieux leur nourriture. En plus, elles vivent sept ou huit ans et pondent pendant six ans au lieu d'un ». Pourquoi l'industrie ne s'y intéresse plus ? « Elles ne supporteraient pas de vivre dans une cage format A4 ! »
Pourtant, des passionnés comme lui, aviculteurs ou amateurs, cherchent à relancer d'anciennes races. Dernier exemple en date, la poule noire du Berry. « Je suis en contact permanent avec le public, je me rends bien compte que la demande a complètement changé. » Optimiste, l'exploitant sent aussi un intérêt croissant chez les jeunes éleveurs, « qui n'ont plus la mentalité d'avant, où on se débarrassait des vieilles races ».
Jean-Baptiste transmet cet intérêt pour la biodiversité à la Ferme des Clautres, l'élevage bovin. Spécialisée en veaux de lait, son exploitation compte pas moins de quatorze espèces de vaches.
(*) Groupement agricole d'exploitations en commun.
Anaïs Gerbaud
gueret@centrefrance.com
Source : http://www.lamontagne.fr/limousin/actualite/departement/creuse/2012/08/19/la-ferme-des-clautres-heberge-une-centaine-despeces-animales-dont-certaines-rares-1246491.html