De aisnenouvelle.frSAINT-QUENTIN - Le début de l’année signifie la venue des oiseaux migrateurs du nord de l’Europe au marais d’Isle. Cette fois, ils sont bien moins nombreux que d’habitude…Une pelote de réjection renseigne beaucoup sur la faune (G.H.). Le mois de janvier annonce normalement l'arrivée des oiseaux migrateurs qui font escale au marais d'Isle, véritable dortoir de transition pour les volatiles de passage. Néanmoins, ils sont bien moins nombreux que les saisons précédentes.
Une quinzaine de personnes est venue dimanche matin pour faire l'inventaire des oiseaux arrivés du nord et de l'Est de l'Europe, qui a lieu toutes les deux semaines en hiver. « C'est un refuge pour les oiseaux qui viennent de Scandinavie, de Pologne, de Russie… Ce sont des aquatiques, alors quand tout est gelé chez eux et qu'ils ne peuvent plus se nourrir, ils descendent », explique Jean-Pierre Lenfant, vice-président de l'Institut des sciences de l'environnement (ISE) et membre du comité de pilotage de la ligue de protection des oiseaux (LPO).
Des espèces visibles seulement l'hiver
Pendant cette promenade matinale, on découvre la richesse du biotope du marais et la variété de ses résidents. « Tiens, une corneille », relève le passionné en marchant et levant la tête. Quand un des promeneurs lui présente une pelote de réjection, Jean-Pierre l'examine, extrayant des os de la boule recrachée une nuit auparavant.
« Cela doit venir d'un rapace nocturne… Vous avez vu la taille de ces vertèbres ? », demande-t-il à l'assistance réunie. Une souris, un écureuil peut-être. Les animaux diurnes et nocturnes digèrent différemment, ne laissant pas les os dans le même état. « ça permet de faire aussi l'inventaire des insectivores et des rongeurs du coup. »
Le réchauffement climatique dissuade
« Regardez, il y a un chipeau là-bas », indique-t-il. « On va pouvoir se faire un barbecue », lui répond une dame. En plus des canards à col vert, des cygnes, des foulques et des poules d'eau, on croise des sarcelles, un héron et des canards chipeaux, « ça a un intérêt pédagogique, on ne les voit pas pendant l'été », souligne-t-il.
Cette fois, il n'y a pas grand monde, « avant on pouvait voir 25-30 canards chipeaux, jusqu'à 70 sarcelles. Aujourd'hui, quand on en a 4-5 on est contents », déplore Jean-Pierre Lenfant qui réitère l'inventaire avec les autres passionnés depuis quinze ans. Ce dernier met ça sur le compte du réchauffement climatique, « il ne doit pas y avoir de conditions très rigoureuses chez eux, donc ils restent là-bas ».
Le dortoir à hiboux a également été boycotté cette année, contrairement aux précédentes. « On ne voit plus de morillons ni de milouins », le rejoint dans ce constat Michel Faure, président de l'ISE, lors du comptage qui fait notamment état de quatre hérons, deux cormorans, deux mouettes - en plus de celles que compte l'étang -, de 80 canards à col vert, d'une aigrette, etc...
« Il y a plus de poules d'eau que de foulques, jusqu'à présent c'était l'inverse », note Michel Faure. « On reste un peu sur notre faim », conclut Jean-Pierre Lenfant, déçu, « ce n'était pas une journée très faste ». Les premières neiges attendues prochainement par les prévisions météo amèneront peut-être des visiteurs dans les prochaines semaines. Prochain inventaire prévu le 27 janvier.
Alexandre SAMARY
Source : http://www.aisnenouvelle.fr/article/autre-actu/les-oiseaux-boycottent-les-marais