De futura-sciences.comOn le sait : chez l’Homme, faire l’amour est souvent considéré comme un moment de plaisir. Dans le monde animal aussi. Sinon, pourquoi eux et nous aurions-nous envie de le pratiquer… et de recommencer ?
La sexualité, qu’elle soit animale ou humaine, est ambivalente. Si on l’associe inéluctablement à la reproduction (puisque c’est la seule façon naturelle de produire des descendants dans un certain nombre d’espèces), son rôle ne se limite pas à cela. Elle est en réalité issue d’un conflit entre individus de genres différents désireux d’apprivoiser l’autre et se décline en toute une gamme de pratiques non vouées à la perpétuation de l’espèce.
Si nous disposons de mots pour faire part du plaisir ressenti lors de l’expérience, aucun animal n’a encore pris le temps de s’exprimer clairement dans un micro pour nous faire part du bonheur vécu. Alors, nos amies les bêtes prennent-elles leur pied durant l’acte ?
« Il existe très peu de publications sur l’orgasme et le plaisir dans le monde animal », précise à Futura-Sciences Thierry Lodé, expert ès sexualité aux universités de Rennes 1 et d’Angers. « Non pas parce qu’on ne dispose pas des moyens pour enquêter, mais plutôt parce qu’on s’y est peu intéressé. »
L’orgasme de l’escargot… et des autres !
On peut tout à fait concevoir le fait que le rapport en lui-même n’a pas pour but de conduire à la jouissance. Cependant, « pour que l’acte sexuel se maintienne dans le courant évolutif, il a fallu que quelque chose vienne s’ajouter. Le plaisir y contribue parfaitement », poursuit le scientifique.
Ainsi, bien que difficiles à mesurer, la plupart des espèces à reproduction sexuée, de l’escargot à la grenouille, ressentent des éléments qui, au moins, ressemblent à du plaisir. L’orgasme est un phénomène courant chez les vertébrés supérieurs. Alors qu’on le trouve par exemple chez le canari, le porc a la réputation de profiter pleinement pendant une trentaine de minutes.
« On observe parfois des comportements en lien avec la sexualité chez des espèces saisonnières en dehors de leur période de reproduction, enchérit l’éthologue. Quant à certains oiseaux communs, comme les mésanges ou les merles, ils repassent à l’acte alors même que les œufs sont déjà pondus. » Si le sexe représentait une corvée pour eux, pourquoi le pratiqueraient-ils en dehors des périodes prévues pour cela ?
L’ovulation silencieuse, clé de la fréquence des rapports
L’Homme, comme d’autres espèces, a la capacité de se reproduire à toute période de l’année. « Chez nous comme chez d’autres, l’ovulation est dite silencieuse, reprend Thierry Lodé. Cela signifie que les femmes ne présentent pas de caractéristiques qui montrent quand elles sont réceptives sexuellement. Cela oblige donc leurs partenaires à copuler souvent pour tomber au moment de la fertilité. »
L’éthologue est catégorique : « je pense que la totalité des espèces ne pratiquent pas le sexe dans le but de se reproduire. Le principal objectif, c’est reconnaître l’autre. Toutes les activités qui le précèdent servent à obtenir un consentement mutuel. Il existe en réalité un tas de phénomènes liés à la sexualité dont l’objectif est d’apprivoiser l’autre, apprendre à le connaître afin d’accepter ce moment où chacun deviendra l’objet de l’autre. »
Comme nous l’avons déjà évoqué sur Futura-Sciences, quand cet accord est signé, les animaux font preuve de diversité dans les pratiques, démontrant d’une part que la perpétuation de l’espèce n’est pas le but qui les anime, et donc que ce moment d’échange privilégié relève aussi du plaisir.
Source : http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/biologie-3/d/chez-les-animaux-aussi-quand-il-y-a-du-sexe-il-y-a-du-plaisir_44025/#xtor=EPR-17-[QUOTIDIENNE]-20130227-[ACTU-chez_les_animaux_aussi__quand_il_y_a_du_sexe__il_y_a_du_plaisir__]