De ornithomedia.comQuand il fait froid et qu’il n’y a rien à manger, un moyen de survivre est d’entrer dans un état de torpeur.Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) dans une phase de repos diurne en hiver.
Photographie : Katalin Karácson / Sa galerie sur Flickr Les oiseaux ont une température corporelle généralement plus élevée (de 40 à 42 °C) que celle des mammifères, et ils doivent donc consacrer une partie importante de leur métabolisme à la maintenir élevée, en particulier lorsqu'il fait froid. Leur ratio "surface corporelle/volume interne" est élevé (ce qui augmente leur surface relative exposée aux pertes de chaleur) et leurs réserves énergétiques sont relativement faibles (chez les petits oiseaux, elles ne suffisent généralement qu'à couvrir les besoins nocturnes quand il fait froid), ce qui augmente encore les défis qu'ils doivent surmonter pendant les périodes de pénurie ou d’absence de nourriture.
Leur capacité à accumuler des dépôts adipeux augmente de façon isométrique avec la masse. D’autre part, quand la température diminue, leur métabolisme augmente de façon importante. Donc, en hiver, un petit oiseau meurt plus vite de faim qu'un gros.
Les espèces qui subissent des périodes régulières de disette ont la capacité d’accumuler des dépôts adipeux. Certains oiseaux peuvent même jeûner de façon volontaire : c'est par exemple le cas des femelles qui couvent ou des mâles qui paradent plusieurs jours de suite (on appelle cela l'anorexie volontaire).
Les plumes constituent un bon isolant, mais les pertes de chaleur ne disparaissent jamais totalement. Lorsqu'ils n'ont rien à manger, les oiseaux peuvent économiser de l'énergie en réduisant leurs besoins en régulation thermique, en réduisant la température de leur corps de manière contrôlée, en améliorant l'isolation thermique (en entretenant leur plumage et/ou en trouvant un abri dans une cavité ou sous la neige), ou en combinant ces deux méthodes.
L'hypothermie durant la phase de repos et la torpeur par intermittence entraînent une diminution de la température corporelle pouvant aller de 1 à 10 ° C, les oiseaux restant toutefois réactifs aux stimuli externes, alors que la torpeur profonde se caractérise par une diminution plus importante de la température corporelle, qui peut alors se rapprocher de la température ambiante.
Colibri dans un état de torpeur.
Source : image extraite d'une vidéo postée par Chip Curley L'absence prolongée de nourriture peut provoquer une entrée en torpeur profonde chez plusieurs groupes d'oiseaux, notamment les colibris et les martinets, mais des études récentes ont montré que de très nombreuses espèces (appartenant à au moins 29 familles) pouvaient économiser de l'énergie en période de disette en entrant en torpeur profonde durant leur phase de repos. Les colibris et les Fauvettes à tête noire (Sylvia atricapilla) profitent ainsi de leur torpeur nocturne pour économiser de l'énergie durant la phase d'accumulation de réserves pré-migratoire. Les Bernaches nonnettes (Branta leucopsis) peuvent même rentrer dans un état d’hypothermie contrôlée durant leur vol migratoire.
La torpeur profonde existe chez plusieurs familles d'oiseaux, comme les colibris, les martinets, les engoulevents et les colious, mais aussi chez un passereau, l'Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum). Chez les colibris, la température peut baisser de 6,5 °C, et chez les engoulevents, de 4,3°C.
L'Engoulevent de Nuttall (Phalaenoptilus nuttallii) est la seule espèce qui soit capable d'hiberner (= état de torpeur profonde et prolongée). Il est aussi capable d'entrer en torpeur intermittente durant la journée.
Les colibris et les colious peuvent même entrer dans un état de torpeur profonde sans période de disette préalable (les colibris sont en effet si petits qu'ils ont besoin de ce mécanisme pour rester vivants durant toute la nuit dans les environnements froids).
Quand elles l'ont rien à manger, de nombreuses espèces sont capables d'entrer en état de torpeur intermittente, au cours de laquelle leur température corporelle diminue également.
On a découvert chez des Mésanges boréales (Poecile montanus) passant la nuit dans des nichoirs équipés de capteurs que leur hypothermie augmentait quand la masse totale des oiseaux groupés diminuait. Le Sizerin flammé (Carduelis flammae) et la Mésange charbonnière (Parus major) entrent aussi dans un état de torpeur nocturne après une période de disette modérée.
La Buse à queue rousse (Buteo jamaicensis) et le Grand-Duc de Virginie (Bubo virginianus) voient leur température interne diminuer légèrement après des phases de disette de deux à quatre jours, entraînant une perte de leur masse de 5 %.
La torpeur constitue ainsi une adaptation physiologique importante à l'absence prolongée de nourriture, et les économies d'énergie réalisées sont même plus importantes que prévues.
Source : http://www.ornithomedia.com/breves/chez-oiseaux-aussi-qui-dort-dine-00668.html