De lasemainedespyrenees.frUn taxidermiste a comparu devant le tribunal correctionnel de Tarbes. L'affaire a été mise en délibérée.www.arcizac-adour.fr Jean-Paul L, 44 ans, est taxidermiste. À son compte depuis 1999, il est arrêté par les douanes près d’Agen en septembre 2011. Dans son véhicule, ce sont 90 oiseaux congelés qui sont retrouvés. Pour un taxidermiste, cela peut paraître normal. Le problème, c’est que bon nombre de ces oiseaux sont des espèces protégées. L’homme est placé en garde à vue, les perquisitions commencent, ainsi que le micmac…
« Si des spécialistes et des juristes ne s’y retrouvent pas, comment le pourrais-je ? »
Après quatre gardes à vue et deux perquisitions, Jean-Paul L. se retrouvait finalement devant la présidente Élisabeth Gadoulet. 692 oiseaux sont retrouvés dans sept congélateurs chez l’accusé. Après les vérifications des experts et des certificats, ce sont 204 oiseaux qui posent problème, car il s’agit d’espèces protégées par la convention de Washington. Jean-Paul L et son avocat tentent de faire comprendre à la cour que dans ce dossier, tout est compliqué. « Je vous confirme que je ne m’y retrouve pas non plus. J’ai tenté en vain de m’imprégner de ce dossier… », confirme la présidente.
Tout est soumis à interprétation dans cette affaire. De l’avis de l’expert qui devait identifier les espèces, en passant par le nombre même d’oiseaux, jusqu’à la législation, qui diffère selon les douanes, l’État ou la convention de Washington. S’en suivent près de deux heures de débats infructueux, où l’accusé semble perdu et perplexe : « Dans ce dossier, personne ne connaît réellement la législation. Tous ceux qui m’ont interrogé tenaient un discours et une interprétation de la loi différents. Si des spécialistes et des juristes ne s’y retrouvent pas, comment le pourrais-je ? ».
Sur l’identification des espèces, le travail du spécialiste, « une sommité mondiale », selon les douanes, a été largement remis en question par la défense : « Les noms des espèces ne sont même pas en latin. Or, pour désigner avec précision ces oiseaux, le nom savant est une obligation. Ce soi-disant expert s’est trompé sur bon nombre d’espèces et à même confondu un Dogue allemand avec une hyène ! » tente d’expliquer l’avocat de la défense à la cour.
Autre complication dans ce dossier, la possession d’une chouette hulotte vivante, espèce protégée là aussi. L’accusé s’en explique : « Elle était blessée, au bord de la route, elle était mal en point. On me reproche de posséder une chouette vivante parce qu’elle est protégée, mais elle m’a été confisquée après les perquisitions et les autorités l’ont euthanasiée… ».
Dans cette drôle d’affaire, la Ligue de Protection des Oiseaux s’est portée partie civile. Alors que l’avocat de la défense réclame la nullité de la citation à comparaître, la LPO explique : « Ce dossier est imposant et compliqué certes, mais les faits sont établis et reconnus. Jean-Paul L doit être condamné et doit verser des dommages et intérêt par rapport au préjudice que notre association a subi. Nous œuvrons au quotidien et nos actions ont été bafouées par de telles activités ».
« Mon client a subi 4 gardes à vue et deux perquisitions… Je demande la relaxe »
Pour conclure, l’avocat de la défense mettra en avant les erreurs du dossier, les problèmes de chiffres, de noms, de photos, et demande donc la relaxe : « Mon client n’est pas un travailleur de l’ombre. Depuis 2002, il travaille pour le Parc National ou encore le Musée de Bayonne. Il a subi 4 gardes à vue et deux perquisitions, dont une où il n’était même pas présent. Le dossier est rempli d’erreurs en tous genres, je demande la relaxe ».
Le procureur commence en expliquant que « désormais tout est clair » et enchaîne : « Jean-Paul L a été formé chez le meilleur taxidermiste du département, il ne pouvait ignorer la loi. Depuis des années, il entasse dans ses congélateurs les oiseaux morts pour sa propre collection. Je réclame une amende de 6 700 euros pour les douanes et une peine de 3 mois de prison avec sursis, ainsi que la publication de la condamnation aux frais du condamné ».
Décision le 16 avril…
Source : http://www.lasemainedespyrenees.fr/article/02/04/2013/arcizac-adour---le-taxidermiste-arrete-avec-90-oiseaux-morts-congeles/5328